Toutes les élections, qu'elles soient générales ou locales, influencent l'ampleur de ce qu'un pays dit au reste du monde. Le coefficient des élections locales est inférieur d'un ou deux clics, mais il est plus décisif dans le cas de la Türkiye. Parce qu'il y a beaucoup de "gens qui attendent" à l'extérieur...
L'exemple le plus clair est la déclaration du ministre israélien des affaires étrangères : "Nous félicitons Ekrem İmamoğlu à Istanbul et Mansur Yavaş à Ankara. C'est un message clair à Erdogan que l'incitation contre Israël ne fonctionne plus"...
La position honorable d'Ankara sur Gaza est clairement à l'origine de l'indignation de Tel-Aviv, mais dans le calendrier diplomatique à venir, vos interlocuteurs garderont à l'esprit les résultats des élections, que vous le vouliez ou non...
Heureusement, la position de la Türkiye dépend de l'État, et non des figures locales de l'opposition...
La visite du président porte sur des questions plus urgentes que d'habitude avec les États-Unis. Bien sûr, la première priorité est l'opération dans le nord de l'Irak. Les YPG/PKK, Gaza, la question des F-16, l'OTAN et les relations économiques, l'Ukraine-Russie, l'Iran, Israël et même les élections présidentielles américaines....
En ce moment, les sondages aux États-Unis ne mettent plus autant en avant les quelques points de pourcentage en faveur de Trump. Au contraire, quelques-uns d'entre eux sont désormais au coude à coude, et c'est un autre calcul qu'Ankara doit prendre en compte lorsqu'elle traite avec la Maison Blanche....
Le fait que les dirigeants pakistanais aient été accueillis à Washington peu avant la visite d'Erdoğan et le nouveau format de relations exprimé ici sont importants. De même, l'approche américaine à l'égard de l'Azerbaïdjan au milieu de tant de chaos, y compris les relations Bakou-Erivan et le processus de paix, doit également être notée...
Lorsque l'on analyse la situation de l’AK Parti lors des élections locales, l'un des facteurs qui aurait influencé le résultat est que la réaction à l'égard d'Israël n'a pas été suffisante...
Si l'on trace une ligne verticale sur une page et que l'on dresse une liste à droite avec l'intitulé "la réaction est suffisante" et à gauche avec l'intitulé "la réaction est insuffisante", on peut écrire à droite, comme premier élément, "nous les avons blessés" en regardant la haine déversée par le ministre israélien des affaires étrangères cité plus haut...
Ou nous pouvons regarder la distance entre la Türkiye et les pays qui s'opposent à Israël et dire qu'Ankara a "réagi de manière appropriée envers Israël"...
Cependant !
Quand on se souvient de l'étape symbolisée par la "One Minute" turque, dans laquelle la Türkiye a stigmatisé Israël aux yeux de l'opinion publique mondiale, il devient clair que la sensibilité de l'opinion publique à l'égard de cet héritage n'a pas été suffisamment pesée, et quand elle l'est, il est trop tard pour réagir...
L'une d'entre elles, à tort ou à raison, concernait les relations commerciales avec Israël. On a également demandé un embargo contre Israël. Une intervention militaire contre Israël a même été évoquée. On se souvient du message de Hakan Fidan à une occasion : "Tant que les porte-avions américains seront là..."...
Lorsque les conditions mondiales changent, il faut désormais considérer cette partie de la carte comme un "trou noir" et l'"effacer", tout en organisant ses relations avec ceux qui ne changent pas. Au risque d'en payer le prix. Et la conjoncture actuelle montre que ce prix ne sera pas aussi élevé qu'avant...