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Allemagne: les agriculteurs en colère se mobilisent contre le gouvernement Scholz

Des agriculteurs allemands en colère contre des réductions d'avantages fiscaux pour leur profession, ont bloqué lundi de nombreuses routes à travers le pays, donnant le coup d'envoi d'une série de grèves et mobilisations redoutées par le gouvernement d'Olaf Scholz.

18:45 - 8/01/2024 lundi
MAJ: 19:17 - 8/01/2024 lundi
AFP
Des manifestants brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire "De véritables concepts au lieu d'un actionnisme aveugle" et "Quand l'agriculteur meurt, le pays meurt" lors d'une manifestation contre les plans d'austérité du gouvernement fédéral à Halle an der Saale, dans l'est de l'Allemagne, le 8 janvier 2024.
Crédit Photo : JENS SCHLUETER / AFP
Des manifestants brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire "De véritables concepts au lieu d'un actionnisme aveugle" et "Quand l'agriculteur meurt, le pays meurt" lors d'une manifestation contre les plans d'austérité du gouvernement fédéral à Halle an der Saale, dans l'est de l'Allemagne, le 8 janvier 2024.

Les actions à l'appel de l'Union des agriculteurs allemands (DBV), sont généralisées dans et autour des grandes villes allemandes où le trafic a été fortement perturbé, au premier jour d'un mouvement social qui doit se poursuivre jusqu'à lundi prochain. 


Un manifestant a été grièvement blessé à Thülsfelde, en Basse-Saxe, lorsque le conducteur d'une voiture a forcé un barrage, a annoncé la police locale.

Des embouteillages de camions ont également été observés à la frontière entre l'Allemagne, la Pologne, la République tchèque et la France. 


De bruyants convois de tracteurs sont notamment entrés dans les métropoles de Munich au sud, Hambourg, Brème, au nord, ou Cologne à l'ouest, paralysant en partie le trafic.


À Berlin, quelque 700 engins agricoles ont pris position au cœur de la capitale, près de la porte de Brandebourg, selon la police.

Si les agriculteurs meurent, le pays meurt.

"Sans nous, les assiettes restent vides",
"le gouvernement doit partir"
, pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.

"Nous ne gagnons tout simplement pas assez d'argent avec nos produits et nous travaillons 365 jours par an",
témoigne Jenny Zerbin à l'AFP, productrice de produits laitiers de 34 ans dans la région voisine de Berlin.

"Colère pure"


L'ire des agriculteurs s'était enflammée en décembre, à la suite de la décision du gouvernement de réduire des subventions au secteur en raison d'un rappel à l'ordre des juges constitutionnels portant sur les strictes règles budgétaires de l'Allemagne.


Sebastian Schumann, 33 ans, a dit avoir ressenti
"une colère pure": "Il faut bien voir un peu plus loin que le bout de son nez. Quelles sont les conséquences? Les prix des aliments augmentent, tout devient plus cher"
, a affirmé ce travailleur agricole de l'ouest.

Dans une Allemagne menacée par la récession en raison des difficultés du secteur industriel, plombé par les coûts de l'énergie, les mesures d'économie auxquelles est contraint le gouvernement passent mal.


Aux perturbations causées par les agriculteurs vont s'ajouter mercredi trois jours de grève nationale des transports ferroviaires à l'appel d'un syndicat de cheminots qui juge insuffisantes les propositions de l'opérateur public Deutsche Bahn sur les salaires et les horaires de travail.

Confronté à une impopularité record, le gouvernement, qui réunit les sociaux-démocrates de Scholz, les Verts et les libéraux, a adouci la semaine dernière ses projets pour le secteur agricole, annonçant notamment que l'avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées serait supprimé progressivement jusqu'en 2026 et non d'un coup.


Mais le compromis est jugé insuffisant par la profession, dont l'action est soutenue par l'opposition conservatrice.


Infiltration par des extrémistes


La réduction des subventions signifie
"une augmentation d'impôt d'un milliard d'euros pour le secteur"
, et fragilise l'avenir des agriculteurs tout en mettant en danger la sécurité de l'approvisionnement en nourriture, a jugé lundi Joachim Rukwied, président de la DBV. 

Le ministre des Finances Christian Lindner avait lui jugé
"disproportionnées"
les protestations d'un secteur qu'il juge déjà
"hautement subventionné".

Mais c'est surtout l'infiltration du mouvement par des extrémistes de droite qui inquiète les autorités. À Berlin, des journalistes de l'AFP ont observé des drapeaux de l'AfD, parti de la droite radicale, et d'autres symboles d'extrême droite dans le cortège. À Dresde, dans l'est, des drapeaux utilisés par les "Citoyens du Reich", complotistes hostiles à l'ordre démocratique, ont aussi été repérés.


"Nous ne devons pas admettre que des extrémistes s'emparent de l'insécurité"
des agriculteurs, a déclaré le ministre de l'Économie Robert Habeck dans une vidéo, mettant en garde contre
"les fantasmes de ceux qui veulent renverser notre État démocratique". 

Jeudi soir, une trentaine d'agriculteurs échauffés s'en étaient pris à ce ministre écologiste, empêchant le ferry où il se trouvait d'accoster alors qu'il revenait de congés sur Hallig Hooge, une île en mer du Nord. L'incident avait choqué une grande partie de la classe politique et avait été condamné aussi par l'Union des agriculteurs.


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