Cagnotte pour la réalisation d'une émission télévisée française animée par des musulmans

L’avocat, essayiste et cofondateur de la plateforme "Islamophobia", Rafik Chekkat.

"Tout le monde en France s’autorise à parler avec autorité d’Islam, sans jamais que des musulmans n’aient voix au chapitre"

affirme-t-il lors d’un entretien avec Nouvelle Aube.

Excédé face à la parole médiatique sur l’Islam et la communauté musulmane, Chekkat exprime son état de sidération suite au visionnage de l’émission de C ce soir du 24 mai 2023 consacrée à l’immigration:

"Je n’ai vu que les dernières secondes, qui se terminait sur les mots 'Il y a un problème de l’islamisme politique dans certains quartiers'. La facilité avec laquelle une telle assertion était lancée, l’absence de réaction sur le plateau, le caractère presque naturel de la proposition, tout cela m’a sidéré."

Il ajoute: "

Combien de fois il m’est arrivé (et ça arrive chaque jour à d’autres), de simplement atterrir sur une chaine d’info et d’entendre au bout de quelques secondes des propos complètement farfelus (et dangereux) sur l’islam et les musulmans"

Les amis, on se fait piétiner à la télé, matin, midi et soir. C'est pas possible de supporter ça.

Y a quasiment aucune émission faite par des musulmanes et musulmans, qui leur donne la parole, longuement, pour dire autre chose que "vive la République" ou "je condamne les…
— Rafik Chekkat (@r_chekkat) May 25, 2023

Publication Twitter de Rafik Chekkat.

L'essayiste annonce que son initiative de collecte à l’intention de la communauté musulmane a pour but de participer au débat autour de questions variées qu’il définira avec sa communauté.

Pour ce faire, il décide de louer un studio à Paris dans lequel il envisage d’installer un matériel de montage. Suite à l’estimation des différents frais, il comptabilise une somme de 500 euros pour subvenir aux nécessités d’une émission qui sera diffusée sur YouTube.

Ce sera donc une émission hébergée par la chaine Islamophobia. Il y aura quatre invités, et j’en serai l’animateur.

En permettant la visibilité médiatique aux musulmans en tant qu’individu à part entière et de

"refléter ce qui existe dans la communauté"

, Chekkat s’engage à inverser la parole publique en France, longtemps réservée à une certaine élite.

"L’émission sera diffusée sur YouTube. Mais comme beaucoup de programmes sur le net, elle reprendra les codes de la télé. C’est d’ailleurs intéressant de voir que beaucoup de personnes pensent innover sur le net, alors qu’en réalité leurs émissions ne diffèrent en rien de ce qui se faisait à la télé. Seule la plateforme de diffusion change"

, stipule-t-il.

L’initiative de Chekkat est à l’origine de nombreuses controverse au sein des réseaux sociaux mais nombreux sont les communautés y compris d’autres confessions, qui le soutiennent et l’encouragent dans cette action. Par ailleurs, l'avocat souligne:

Des choses parfois anecdotiques peuvent être révélatrices de tendances lourdes.

Le Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE), association de défense des droits humains contre les discriminations visant les personnes et institutions du fait de leur appartenance réelle ou supposée à l’Islam, relève l’importance et la responsabilité des médias quant à leurs méthodes employés dans la projection de l’image de l’Islam et des communautés musulmanes et les invitant à donner la parole aux premiers concernés.

Les chiffres indiqués dans le rapport annuel de l’islamophobie en Europe publié par le collectif, énoncent que la majorité des signalements sont en provenance de la France, ainsi

"pour l’année 2022, sur 527 signalements réalisés, 501 renvoient à une situation survenue en France"

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