Les dissidents de la défunte guérilla colombienne des Farc, toujours en armes, ont un nouvel "otage": la forêt amazonienne dont ils déterminent le rythme de la déforestation pour faire pression dans les négociations de paix avec le gouvernement.
Forte de quelque 3.500 membres selon les renseignements militaires, l'EMC utilise la jungle comme outil de chantage, a récemment dénoncé la ministre de l'Environnement Susana Muhamad, mettant en garde contre un "pic historique" de déforestation au moment où les négociations de paix traversent leur pire moment depuis leur début en novembre 2023.
Le parc national de Chiribiquete (sud-est), inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2018 et où ont été recensées des peintures rupestres exceptionnelles datant de plusieurs milliers d'années, doit en partie sa conservation à des décennies de domination des Farc.
Exploitation forestière
Après l'accord de paix de 2016, l'EMC a entamé la reconquête de l'Amazonie colombienne, où elle constitue aujourd'hui l'État de facto.
Le 16 avril, le gouvernement a annoncé que l'EMC s'était scindée en deux factions et qu'il ne reconnaissait plus comme principal interlocuteur "Andrey", commandant notamment du front Jorge Suarez. On ne sait pas encore si cette scission aura un effet sur la déforestation, par ailleurs très rentable pour l'EMC, selon Bram Ebus.
Elu en 2022 premier président de gauche de l'histoire de la Colombie, Gustavo Petro tente de mettre fin aux violences qui déchirent son pays depuis plus d'un demi-siècle. Des discussions sont en cours avec l'EMC mais aussi l'ELN guévariste, une autre faction de la dissidence des FARC, des paramilitaires, des narcotrafiquants et des groupes criminels.