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Report de l'élection au Sénégal: intense débat à l'Assemblée, l'internet coupé

L'assemblée nationale sénégalaise examine ce lundi, un projet de loi visant à étendre le mandat du Président Macky Sall qui a pris la décision de reporter l'élection présidentielle du 25 février 2024. Une décision impopulaire qui a mis le pays sous tension couronné par la décision ministérielle de suspendre l'accès à l'internet.

La rédaction
15:59 - 5/02/2024 Pazartesi
AFP
Un manifestant fait des gestes à la police devant l'Assemblée générale à Plateau, Dakar le 5 février 2024.
Crédit Photo : JOHN WESSELS / AFP
Un manifestant fait des gestes à la police devant l'Assemblée générale à Plateau, Dakar le 5 février 2024.

L'accès aux données mobiles internet était coupé lundi matin à Dakar sur fond de crise politique déclenchée par le report annoncé de la présidentielle du 25 février, ont constaté des journalistes.


De nombreux usagers à Dakar se sont également plaints de ne plus avoir accès aux données mobiles sur leur téléphone portable depuis la matinée. L'Assemblée nationale doit commencer à débattre lundi d'une proposition de loi constitutionnelle pour reporter la présidentielle de six mois.


La décision annoncée samedi par le président Macky Sall de reporter la présidentielle, une première depuis l'indépendance, a provoqué une levée de boucliers et de premières manifestations réprimées dimanche.

Le Syndicat des travailleurs de Sonatel, le grand opérateur de téléphonie du Sénégal, avait anticipé une possible coupure dimanche en disant dans un communiqué
"désapprouver toute idée de l'Etat du Sénégal qui (irait) dans le sens de couper ou de restreindre internet".


Le gouvernement avait suspendu l'internet des données mobiles en juin 2023 dans un contexte de vives tensions.

Le débat à l'Assemblée nationale s'annonce houleux sur ce texte, qui reporterait le scrutin de six mois et dont l'approbation, qui nécessite une majorité des trois cinquièmes des 165 députés, n'est pas acquise. Le vote est prévu en fin de matinée.

L'ajournement du scrutin a été annoncé sur fond de conflit entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé en janvier vingt candidatures, un record, mais en a rejeté plusieurs dizaines d'autres.


Deux ténors de l'opposition ont été exclus: Ousmane Sonko, en prison depuis juillet, et Karim Wade, ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).


M. Wade a remis en cause l'intégrité de deux juges constitutionnels et réclamé le report de l'élection.

A son initiative, l'Assemblée a approuvé la semaine dernière la création d'une commission d'enquête sur les conditions de validation des candidatures. Et contre toute attente, des députés du camp présidentiel ont soutenu la démarche.


Ce soutien a aussi nourri le soupçon d'un plan du pouvoir pour ajourner la présidentielle et éviter une défaite. Le candidat du camp présidentiel, le Premier ministre Amadou Bâ, est contesté dans ses propres rangs et fait face à des dissidents.


Au contraire, l'antisystème Bassirou Diomaye Faye, dont la candidature a été validée par le Conseil constitutionnel bien qu'il soit emprisonné depuis 2023, s'est imposé ces dernières semaines comme un postulant crédible à la victoire, un scénario cauchemar pour le camp présidentiel.


Les gendarmes sénégalais ont dispersé dans la journée à l'aide de gaz lacrymogène un rassemblement de protestation devant l'Assemblée nationale à Dakar avant l'ouverture d'un débat critique et explosif sur un report de la présidentielle.

L'opposition a appelé à manifester devant l'Assemblée nationale, placée sous la haute protection de dizaines de gendarmes et policiers appuyés par des véhicules lourds.


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