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Vague de désinformation en Afrique du Sud avant des élections très disputées

Une vague de désinformation surfant sur les discours xénophobes et l'indignation envers des infrastructures défaillantes frappe l'Afrique du Sud avant les législatives prévues mercredi, les plus disputées depuis 30 ans.

17:18 - 24/05/2024 Cuma
AFP
Des partisans du nouveau parti uMkhonto weSizwe (MK), dirigé par l'ancien président sud-africain Jacob Zuma (absent de la photo), chantent lors du lancement du mandat du peuple au stade Orlando de Soweto, le 18 mai 2024.
Crédit Photo : Phill Magakoe / AFP
Des partisans du nouveau parti uMkhonto weSizwe (MK), dirigé par l'ancien président sud-africain Jacob Zuma (absent de la photo), chantent lors du lancement du mandat du peuple au stade Orlando de Soweto, le 18 mai 2024.

Le Congrès national africain (ANC) pourrait perdre pour la première fois la majorité absolue dans un contexte lourd marqué par un chômage galopant, une xénophobie en hausse, des coupures d'électricité incessantes et des accusations de corruption endémique.


Les réseaux sociaux sont submergés de fausses informations sur les enjeux de ce scrutin crucial qui aboutira à l'élection du président de la deuxième économie la plus puissante du continent africain, selon l'AFP Factuel.


Étrangers visés


"Le discours xénophobe s'est intensifié au cours des derniers mois, à mesure que les élections se rapprochaient, c'est très préoccupant",
souligne Dale McKinley, de l'organisation Kopanang Africa Against Xenophobia (KAAX).

Les étrangers sont particulièrement visés par cette vague de désinformation. Ils sont accusés de voler les emplois des locaux, de mettre sous tension les systèmes de santé et d'être à l'origine d'une criminalité record.


Le chômage touche un tiers de la population active, un des taux les plus élevés au monde. Et cette situation alimente un fort ressentiment à l'égard des 2,4 millions d'étrangers, principalement africains, recensés dans le pays. Des violences xénophobes ont éclaté ces dernières années.

Certains candidats
"ont fait des étrangers des boucs émissaires et les ont diabolisés, risquant d'attiser la violence xénophobe",
a averti Human Rights Watch début mai.

De petits partis comme ActionSA ont à plusieurs reprises avancé des chiffres erronés, et largement exagérés, sur les immigrés clandestins en Afrique du Sud, dans le but d'affaiblir le gouvernement dirigé par l'ANC.

Des partisans du groupe xénophobe Operation Dudula ont de leur côté affirmé que le parti d'opposition des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) avait créé de faux papiers d'identité pour les sans-papiers afin d'obtenir davantage d'électeurs.


Mais les images utilisées comme preuves provenaient d'une descente de police sans rapport avec l'affaire.


Ce type de messages
"peut alimenter l'animosité et potentiellement conduire à des disputes sur les résultats des élections",
a insisté Cayley Clifford, rédacteur en chef adjoint de l'organisation de vérification Africa Check.

L'AFP Factuel a constaté de nombreux contenus xénophobes, notamment via un compte sur X appelé "Put South Africa First" (l'Afrique du Sud d'abord) dont le fil d'actualité est truffé de messages hostiles aux Zimbabwéens.


Élection "numérique"


La défaillance des services publics en Afrique du Sud, notamment dans le transport et l'énergie, constitue un autre sujet brûlant pour les 27,6 millions d'électeurs, confrontés à d'incessantes coupures d'électricité et d'eau.


Cette situation sur fond de scandales de corruption à répétition a érodé la popularité de l'ANC au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994, qui a mis fin au régime de l'apartheid et à la domination de la minorité blanche.

Et alimente la désinformation, en
"induisant le public en erreur et en créant une fausse perception des réalisations d'un homme politique ou d'un parti",
a souligné M. Clifford d'Africa Check.

L'AFP Factuel a ainsi démenti un post Facebook partagé des milliers de fois accusant faussement l'ANC de ne pas avoir achevé un projet de toilettes publiques.


Une autre photo circulant sur les plateformes prétendait montrer de gros nids-de-poule au Cap, ville gouvernée par l'Alliance démocratique (DA), principal parti d'opposition. Mais l'image a été créée à l'aide d'intelligence artificielle.

Pour l'analyste politique William Gumede, l'élection mercredi sera la plus
"numérique"
à ce jour.
"Il y avait autrefois des forums et des débats où l'on discutait des programmes mais ce n'est plus le cas, sauf à la marge. Ils sont maintenant remplacés par la sphère numérique",
a-t-il déclaré à l'AFP.

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