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En Ouzbékistan: une présidentielle sur-mesure pour le dirigeant Mirzioïev

L'Ouzbékistan, pays le plus peuplé d'Asie centrale, élit dimanche son président lors d'un scrutin anticipé promis au sortant Chavkat Mirzioïev qui, tout en consolidant son pouvoir, assure vouloir guider son pays sur la voie du développement et de l'ouverture internationale.

19:02 - 7/07/2023 vendredi
MAJ: 19:08 - 7/07/2023 vendredi
AFP
Crédit photo: VYACHESLAV OSELEDKO / AFP
Crédit photo: VYACHESLAV OSELEDKO / AFP

Près de 20 millions d'Ouzbeks seront appelés aux urnes de 03H00 à 15H00 GMT dans cette ex-république soviétique riche en gaz et à la position stratégique, étant le seul pays frontalier de tous les autres Etats de la région, dont l'Afghanistan.


Large vainqueur en 2016 puis réélu aisément en 2021 dans un pays sans opposition réelle, M. Mirzioïev a convoqué cette présidentielle dans la foulée du référendum constitutionnel du 30 avril, adopté à plus de 90%, qui valide le passage du quinquennat au septennat et l'autorise à se représenter pour deux mandats supplémentaires.


Des mesures ouvrant la voie au maintien théorique au pouvoir jusqu'en 2037 du dirigeant, qui se présente comme un réformateur à même de consacrer l'ère du
"Nouvel Ouzbékistan"
, où
"l'être humain est la valeur suprême"
, un mantra affiché partout à travers le pays.


Internet et eau potable


Dans les rues de Tachkent, la capitale et la plus grande ville d'Asie centrale, les programmes et photos des quatre candidats sont bien présents de façon équitable, mais la victoire du dirigeant sortant ne fait que peu de doute.


"Il n'y a rien de nouveau à attendre de ces élections. Mirzioïev est le seul à être actif et les autres candidats n'osent pas le critiquer"
, estime Roustam Ousmonov, programmiste rencontré dans le métro de Tachkent.

Tous les votants interrogés par l'AFP ont assuré que leur bulletin irait au président sortant. A l'image de Matkourban Iadgarov, fermier à la retraite qui va
"évidemment voter pour Mirzioïev"
.

"La situation est bien meilleure avec lui que sous l'ancien président, il a mis fin au travail forcé dans les champs de coton"
, l'un des symboles, avec la libération des prisonniers politiques, de l'ère Mirzioïev.

Mais les difficultés économiques persistent. M. Mirzioïev s'est notamment donné pour objectif de doubler le PIB, pour atteindre les 160 milliards de dollars et s'est engagé à soutenir les familles des centaines de milliers de migrants ouzbeks, travaillant pour l'immense majorité en Russie et dont les envois de fonds représentaient d'après la Banque mondiale 11,6% du PIB en 2021.


Cet homme de 65 ans s'est aussi mis en scène avec des enfants, dans un pays à la population jeune. Ce qui a convaincu Lola Oumirova, professeure de 28 ans mère de deux enfants, qui attend que le président
"améliore le système éducatif"
.

Ingénieur agronome de formation, Chavkat Mirzioïev a également promis l'accès à Internet et à l'eau potable pour tous les Ouzbeks, dont la moitié vit à la campagne. Car ce pays doublement enclavé, en grande partie recouvert par les sables, est en première ligne face au réchauffement climatique.


"Victoire évidente"


A l'international, M. Mirzioïev entend poursuivre sa politique d'ouverture pour rompre avec l'isolement de l'Ouzbékistan pendant la présidence d'Islam Karimov, dont il était le Premier ministre, afin d'attirer investissements étrangers et touristes.


Mais la libéralisation du système politique reste timide, malgré les cinq partis politiques autorisés en Ouzbékistan.


L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a noté une
"campagne discrète, reflétant l'absence d'opposition au président sortant"
.

Car après un quart de siècle passé sous Karimov, difficile pour des alternatives politiques d'émerger en Ouzbékistan.

"La victoire du président sortant est évidente"
, estime pour l'AFP le politologue ouzbek Farkhod Talipov.

"Tous les autres candidats sont totalement inconnus et impopulaires auprès de la population, leur candidature n'est qu'un moyen artificiel de montrer une lutte politique, qui est en réalité inexistante".

Et le bilan du dirigeant est terni par les troubles de juillet 2022, quand la répression de rares manifestations contre un amendement constitutionnel dans le nord du pays avait fait 21 morts, selon le bilan officiel.


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