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Kim Jong Un était "très honnête" dans son offre de dénucléarisation, selon l'ex-président sud-coréen

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un était "très honnête" et sincère quand il a offert, lors de pourparlers passés, de renoncer à l'arme nucléaire en échange de garanties de survie pour son régime, estime l'ancien président sud-coréen Moon Jae-in dans ses mémoires.

13:22 - 21/05/2024 mardi
MAJ: 13:22 - 21/05/2024 mardi
AFP
L'ancien président sud-coréen sortant Moon Jae-in.
Crédit Photo : Jung Yeon-je / AFP
L'ancien président sud-coréen sortant Moon Jae-in.

Le mandat de M. Moon à la tête de la Corée du Sud, de 2017 à 2022, a été marqué par un rapprochement entre les deux Corées et par deux sommets historiques entre Kim Jong Un et le président américain de l'époque, Donald Trump.


Dans son autobiographie intitulée
"De la périphérie au centre"
, parue vendredi en Corée du Sud, l'ex-chef de l'Etat fournit de nombreux détails sur ses échanges avec Kim Jong Un pendant cette période, et sur les négociations visant à obtenir une dénucléarisation de la Corée du Nord en échange d'une levée des sanctions qui frappent ce pays.

"Kim disait qu'il renoncerait aux armes nucléaires s'il y avait une garantie de survie du régime"
, écrit M. Moon, ajoutant qu'il trouvait le dirigeant nord-coréen
"très honnête"
. Selon lui, le raisonnement de Kim était le suivant:
"j'ai une fille et je ne souhaite pas que sa génération vive avec des armes nucléaires (...) Pourquoi continuerions-nous à vivre dans la difficulté, sous les sanctions, avec des armes nucléaires si notre sécurité peut être garantie?"

Kim était toutefois
"bien conscient de la méfiance de la communauté internationale et du fait que les Etats-Unis étaient convaincus que le Nord mentait"
, ajoute l'ancien président.

M. Moon raconte que le dirigeant nord-coréen lui avait spécifiquement demandé comment
"faire en sorte que Washington croit en notre sincérité"
.

Trump "voulait accepter"


Cette embellie a tourné court après l'échec du deuxième sommet Trump-Kim à Hanoï en 2019. Depuis, la Corée du Nord a déclaré
"irréversible"
son statut de puissance nucléaire, qualifié de
"principal ennemi"
la Corée du Sud, avec qui toute réunification était impossible, et a multiplié les essais de missiles et menaces de guerre.

Pyongyang s'est aussi rapproché de Moscou, vraisemblablement pour fournir à des armes aux forces russes pour leur guerre en Ukraine en échange de technologies spatiales russes, en violation des sanctions imposées par les Nations Unies.

Malgré la tournure des événements, M. Moon écrit dans ses mémoires qu'il croyait toujours Kim sincère dans ses projets de dénucléarisation, mais que cela dépendait fortement des contreparties qu'offriraient les Etats-Unis.


MM. Kim et Trump ont échoué à conclure un accord parce que Washington a exigé une dénucléarisation complète avant même d'envisager un allègement des sanctions, rappelle M. Moon.

"Rétrospectivement, je regrette que (la Corée du Sud) n'ait pas joué un rôle de médiateur plus efficace en écoutant les demandes du Nord et en les transmettant à Washington si nous les jugions raisonnables"
, confie l'ancien président.

Selon lui, Donald Trump était déçu que le sommet de Hanoï ait capoté car il
"voulait accepter"
les propositions nord-coréennes
"mais celui qui était alors son conseiller à la sécurité John Bolton s'y est vigoureusement opposé
".

Le président américain a demandé un second avis à son secrétaire d'Etat Mike Pompeo mais celui-ci était sur la même ligne que M. Bolton, ne lui laissant d'autre choix que de quitter la table des négociations, poursuit Moon Jae-in.

De nombreux experts, ainsi que d'anciens responsables nord-coréens ayant fait défection au Sud, estiment que Kim n'a jamais eu l'intention de renoncer à l'arme nucléaire, qu'il considère comme le principal pilier de la survie de son régime.


Pour Hong Min, analyste principal à l'Institut coréen pour l'unification nationale à Séoul, il est impossible, cinq ans plus tard, de prendre les paroles de Kim Jong Un pour argent comptant.
"Il est possible qu'il ait été sincère, mais aussi qu'il ait essayé de manipuler"
M. Moon, estime cet expert, qui reconnaît toutefois que
"ce qui est clair, c'est que Kim a essayé de changer le statu-quo en exprimant son intention de dénucléariser"
.

En 2022, Moon Jae-in a été remplacé à la présidence par Yoon Suk-yeol, un conservateur partisan de la fermeté à l'égard du Nord.


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