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Cameroun: Au coeur de la fabrication des "Macocottes" en aluminium recyclé

La rédaction
17:59 - 1/03/2024 Cuma
MAJ: 18:37 - 1/03/2024 Cuma
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Péraise Mballa / Nouvelle Aube
A Yaoundé, au milieu d'un dédale d'ateliers et de décharges à ciel ouvert, naissent de cendres d'aluminium usagées des marmites appelées "macocotte" dans l’argot camerounais.

Dans la ville de Yaoundé au Cameroun, c'est ici au milieu d'un dédale d'ateliers et de décharges à ciel ouvert, que naissent de cendres d'aluminium usagées des marmites appelées « macocotte » dans l’argot camerounais, ainsi que des poêles ou des louches, symbole d'une ingéniosité née de la nécessité.

Tsinga Elobi, Yaoundé - Une chaleur accablante étreint des fondeurs d’aluminium qui s'activent dans les bas-fonds de ce quartier cosmopolite. Des odeurs âcres de métal en fusion et de fumée flottent dans l'air, accompagnant le vacarme incessant des marteaux et des soudeurs.


C'est ici, au milieu d'un dédale d'ateliers et de décharges à ciel ouvert, que naissent de cendres d'aluminium usagées des marmites appelées "macocotte" dans l’argot camerounais, ainsi que des poêles ou des louches, symbole d'une ingéniosité née de la nécessité.

L'aluminium, tout comme le verre et le plastique, possède la particularité de se recycler à l'infini. Sa présence omniprésente à Yaoundé, sous forme de canettes, de vieux ustensiles ou de pièces détachées, en fait une matière première idéale pour une activité à la fois lucrative et respectueuse à "certains égards" doit-on préciser, de l'environnement.


Un cycle difficile de fabrication artisanale


Dans un ballet incessant, les fondeurs d'aluminium, ces artisans trient, tordent et fondent des morceaux de métal récupérés. Vieilles tôles, vieux cadres de fenêtres en alu-vitré, carcasses de réfrigérateurs, pièces de moteur ou marmites usagées, constituent la matière première de ces créations.


Généralement, cette matière première provient des ordures issues des décharges des différents points de la ville collectées tantôt par des adultes, tantôt par des enfants vivants dans ou aux alentours de ce quartier plutôt défavorisé, ceci contre un franc symbolique. Ces déchets sont entassés dans de gros sacs qu’il faut encore trier. Ce tri est nécessaire, car ne disposant pas du matériel capable de supporter la fonte du fer. Après la sélection, le fer est transféré vers d’autres ateliers.

Protégés par de simples gants rudimentaires ou parfois à mains nues, les jeunes de cet atelier bravent la chaleur infernale des fours et l'air pollué par les fumées. La sueur ruisselle sur leurs fronts, leurs muscles saillent à chaque effort. Cependant cela n’enlève rien à la bonne humeur qui caractérise ces travailleurs d’un autre genre, dont fait partie Zachée qui nous présente le cycle de fabrication des macocottes.
"Je suis fondeur d'aluminium depuis 10 ans parce que je n’ai rien à faire de mieux"
, nous répond-il quand nous lui demandons depuis combien d’années il exerce ce métier et les raisons qui l’ont poussé à apprendre celui-ci.

A l’observation, la fabrication d'une macocotte est un processus long et laborieux d’environ quatre heures. L’aluminium issu du triage est fondu dans une espèce de gros chaudron alimenté par un four artisanal à charbon dont la température avoisine les 700 degrés. Le métal liquide est ensuite nettoyé des déchets qui flottent au-dessus de celui-ci puis versé dans un moule en sable, où il prend la forme d'une marmite. Après refroidissement, la marmite est envoyée vers un atelier de polissage et est prête à être vendue. Le même processus est utilisé pour la fabrication des poêles ou des louches.


Un prix accessible pour tous


Le prix de ces ustensiles varie entre 2 000 et 15 000 francs CFA (environ 3 et 25 dollars), les rendant accessibles aux populations locales. Elles constituent une alternative économique aux marmites industrielles souvent plus chères.


Un métier à la fois lucratif et dangereux


Si ce métier offre une source de revenus non négligeable aux fondeurs d'aluminium, il n'en demeure pas moins dangereux. L'absence d'équipements de protection adéquats expose les travailleurs à de graves risques pour leur santé, notamment des maladies respiratoires et des brûlures graves.


Malgré les défis et les dangers, l'artisanat de l’aluminium recyclé à Yaoundé continue de prospérer. Il représente une source de revenus et d'espoir pour une population marginalisée. Cependant, il est crucial d'améliorer les conditions de travail et de sensibiliser les artisans aux risques encourus.

Fabrication d’ustensiles en aluminium recyclé: un cercle vertueux pour l’environnement et l’économie circulaire ?


La fabrication d’ustensiles de cuisine en aluminium recyclé à Yaoundé est un exemple concret de l’économie circulaire, réduisant le gaspillage et maximisant la valeur des ressources. Les artisans contribuent ainsi à préserver les ressources naturelles et à réduire l’impact environnemental de l’industrie métallurgique.


Cette activité offre également des opportunités économiques locales, créant des emplois et des revenus pour les populations marginalisées. Il est donc nécessaire d’encourager et de soutenir cet artisanat durable et inclusif, car à terme, il favorisera le développement socioéconomique de la communauté tout en préservant l’environnement, si bien sûr il est bien encadré.


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