La coulisse de la signature à Damas: Trump est pressé

11:0814/03/2025, vendredi
MAJ: 14/03/2025, vendredi
Yahya Bostan

Il y a un dicton en anglais: "Too good to be true". C'est-à-dire "Trop beau pour être vrai". Le Kandil a annoncé qu'il répondrait à l'appel d'İmralı. Les FDS se sont assises à la table avec Damas. Regardez ce tableau ! Si nous n'avions pas un passé de quarante ans derrière nous, nous accueillerions cela avec joie. Mais nous avons appris, à nos dépens, que les enthousiasmes précoces peuvent nous coûter cher. C'est pourquoi nous restons prudents. L'accord signé par le président syrien al-Sharaa avec

Il y a un dicton en anglais: "Too good to be true". C'est-à-dire "Trop beau pour être vrai". Le Kandil a annoncé qu'il répondrait à l'appel d'İmralı. Les FDS se sont assises à la table avec Damas. Regardez ce tableau ! Si nous n'avions pas un passé de quarante ans derrière nous, nous accueillerions cela avec joie. Mais nous avons appris, à nos dépens, que les enthousiasmes précoces peuvent nous coûter cher. C'est pourquoi nous restons prudents.


L'accord signé par le président syrien al-Sharaa avec Abdi Şahin des FDS a des contours très larges. Ceux qui affirment qu'une
"fédération sera créée en Syrie"
et ceux qui déclarent que
"les FDS se sont rendues"
se réfèrent au même texte. Alors, que disent les sources ? Je vais y répondre, mais avant cela, il est nécessaire de clarifier ce que Damas et les FDS veulent et ce qu'ils ont signé.

LES SENSIBILITÉS D’ANKARA


Cinq jours après la chute d'Assad, le ministre Fidan a fait une déclaration.
"Les cadres du PKK doivent quitter le pays. Les cadres restants doivent déposer les armes. L'élimination des YPG est notre objectif stratégique"
, a-t-il déclaré. Le même jour, une autre sensibilité a été exprimée par Fidan:
"Il ne faut pas que les Kurdes là-bas soient blessés pendant l'élimination des YPG".

Alors, qui et comment allait faire cela ? Ankara, en partie à la demande de Damas, a souligné que la principale responsabilité incombe au gouvernement de Damas. Lors de la rencontre entre le président Erdoğan et le ministre syrien des Affaires étrangères, Chibani, il a été dit à la partie syrienne:
"La lutte contre le terrorisme en Syrie relève désormais de la responsabilité de la nouvelle administration. Quant à nous, nous sommes prêts à apporter notre soutien"
. Et le ministre Fidan a déclaré:
"(Les FDS) soit évolueront vers une autre dimension, soit disparaîtront. Nous ne sommes pas favorables à l'usage de la violence juste pour qu'il y en ait"
(10 janvier).

Autrement dit, il a donné une chance à la diplomatie. L'objectif a été défini comme étant d'éliminer le PKK sans tirer un seul coup de feu. Suite à cette approche, des pressions ont été exercées sur l'organisation terroriste autour de Tishrin, tandis que des négociations ont commencé entre Damas et les FDS. La déclaration de Sharaa disant
"Nous menons des négociations"
date du 29 décembre.

QUE VOULAIENT LES FDS EN SYRIE ?


Les FDS sont la branche syrienne de l'organisation terroriste PKK. Leur objectif était de créer un corridor terroriste en Syrie. Lorsque la conjoncture régionale a changé, ils ont essayé, l'année dernière, de se précipiter pour échapper à la situation et de se déclarer un État par le biais de soi-disant élections. Ce projet a été bloqué. Puis le régime a été renversé. Ils ont compris qu'ils devaient résoudre la question à l'intérieur de la Syrie.


Les États-Unis ont réuni les groupes kurdes pour renforcer la position des FDS dans les négociations. Des rencontres ont eu lieu d'abord en Syrie, puis dans le nord de l'Irak. L'objectif était de rassembler ces groupes en un bloc afin de les placer face au nouveau gouvernement de Damas. Ils ont eu un certain succès dans cette démarche.


Peu après, les FDS ont commencé à énumérer ses demandes à l'administration de Damas. Ils voulaient une structure décentralisée et fédérale. Dans ce cadre, ils ont demandé une garantie internationale (une zone démilitarisée sous la protection des États-Unis, la sécurité de la frontière Türkiye-Syrie contrôlée par des soldats français ou américains, etc.). Ils se sont opposés à ce que les camps de Daech soient remis à Damas. Ils ont exigé une part des ressources énergétiques. Ils ont posé la condition d'une intégration dans l'armée syrienne en bloc. Ils ont demandé un délai de deux ans pour l'intégration.


POURQUOI LES FDS ONT-T-ELLES ACCEPTÉ DE S'ASSEOIR À LA TABLE DES NÉGOCIATIONS ?


D'après les déclarations faites, il semble que Damas et les FDS ne s'accordent pas sur deux points essentiels. Le premier est que les FDS souhaitaient gérer les territoires qu'elle contrôle. Le deuxième point était qu'elles ne voulaient pas déposer les armes et s'intégrer dans l'armée syrienne.


Cependant, alors que les FDS avaient résisté jusqu’alors, elle a soudainement décidé de s’asseoir à la table des négociations. Les raisons de ce changement peuvent être énumérées comme suit:


Les États-Unis envoient de forts signaux concernant un retrait de Syrie. Ils exercent des pressions sur les FDS pour qu'elles acceptent de s’assoir sur la table. L'armée américaine a commencé à récupérer une partie des armes qu'elle avait précédemment fournies au PKK. Les FDS, qui comptaient sur le soutien de l'UE et de la France, ont vu ces dernières faire des déclarations soutenant Damas. Certaines sanctions ont été suspendues. Les pays du Golfe ont décidé de soutenir financièrement Damas. Grâce à l'initiative de la Türkiye, les pays voisins de la Syrie (Türkiye, Jordanie, Irak, Syrie, Liban) ont exprimé leur soutien au régime de Damas et ont établi un centre d'opérations communes contre Daech. Imrali a appelé à
"dépôser les armes".

RÉSULTATS DE L'ACCORD


Le président Erdoğan a déclaré:
"Une mise en œuvre complète de l’accord conclu contribuera à la sécurité et à la paix en Syrie"
. Eh bien, que dit-on d’autre ? Comment l’accord est-il analysé ? Je vais vous le résumer:

Un. Dans un premier temps, il a été assuré que les FDS acceptent l'intégrité territoriale de la Syrie. Le corridor terroriste est terminé. Alors que la conjoncture évolue rapidement en faveur de Damas, ils ne pourront pas revenir en arrière dans le processus à venir.


Deux. La Türkiye se concentrera sur la mise en œuvre. Un délai de 9 mois a été accordé pour que cet accord aboutisse (c’est-à-dire que la question de l’intégration des FDS à la Syrie a été reportée à la fin de l’année. Les FDS voulaient deux ans. Y.B.). L’organisation devra, pendant cette période, déposer les armes et s’intégrer. Nous pouvons appeler cela une intégration progressive.


Trois. Avec cet accord, les FDS ne peuvent plus utiliser leurs armes contre nous. À partir de maintenant, la moindre attaque rompra l’accord.


Quatre. Trump est pressé. Les États-Unis veulent quitter rapidement la Syrie. L'accord a permis de faire mûrir les conditions.


Cinq. Si les FDS ne s’intègrent pas à l’armée syrienne d’ici la fin de l’année, elles se retrouveront alors face à une véritable crise.


APRÈS L’AÏD SULEIMAN CHAH


Après l'accord, il n'y a pas de changement concernant la présence des Forces armées turques en Syrie. Les soldats turcs (Mehmetcik) continueront d'être déployés sur place. Les opérations se poursuivront tant que les membres des FDS porteront des armes. Dans les jours à venir, des visites militaires réciproques entre Ankara et Damas devraient se multiplier. Des formations militaires pour le développement des capacités de l'armée syrienne seront également à l'ordre du jour. Après l'aïd, en avril, il pourrait y avoir des développements concernant le tombeau de Suleiman Chah.


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