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Argentine: l'inflation décélère mais la récession s'installe

L'inflation s'est établie à 11% en Argentine en mars, confirmant une décélération en quatre mois de présidence ultralibérale de Javier Milei, mais reste démesurée en glissement annuel (+287,9%), sur fond d'activité économique de plus en plus anémiée par l'austérité.

13:23 - 13/04/2024 Cumartesi
MAJ: 12:05 - 13/04/2024 Cumartesi
AFP
Le leader social argentin Juan Grabois donne une conférence ouverte sur les marches de la faculté de droit de l'Université de Buenos Aires (UBA) pour protester contre les récentes mesures économiques introduites par le gouvernement du président Javier Milei à Buenos Aires le 12 avril 2024.
Crédit Photo : Emiliano Lasalvia / AFP
Le leader social argentin Juan Grabois donne une conférence ouverte sur les marches de la faculté de droit de l'Université de Buenos Aires (UBA) pour protester contre les récentes mesures économiques introduites par le gouvernement du président Javier Milei à Buenos Aires le 12 avril 2024.

L'indice des prix de mars, publié mardi par l'Institut national de la statistique (Indec), confirme une tendance baissière: il atteignait +25,5% en décembre, puis +20,6% en janvier et +13,2% en février.


Mais en données corrigées, le taux d'inflation de la troisième économie d'Amérique latine atteint 51,6% sur le premier trimestre 2024, et 287,9% sur douze mois, parmi les plus élevées au monde. 

L'inflation de mars est tirée vers le haut par les secteurs de l'éducation (+52%), un bond annuel cyclique en période de rentrée scolaire, mais aussi par les transports, l'eau et l'électricité, conséquence de subventions peu à peu taries par le gouvernement.


L'
"anarcho-capitaliste"
Javier Milei, président depuis décembre, assène à l'économie un choc d'austérité qu'il décrit lui même comme
"plus grand ajustement budgétaire de l'histoire de l'Argentine, de l'humanité"
, avec un objectif
"non négociable"
de
"déficit zéro"
à fin 2024.

Mais une dévaluation de plus de 50%, des coupes budgétaires dans la sphère publique, la fin du contrôle des prix, des subventions (transports, énergie) rongent le pouvoir d'achat, dans un pays où la pauvreté, en hausse continue depuis deux ans, touchait 41,7% d'Argentins à fin 2023, avant même l'impact de ces mesures.

Des mobilisations, grèves, pour l'instant encore sectorielles, attestent d'une température sociale qui s'élève: la fonction publique, puis l'enseignement, puis les organismes d'aide sociale, puis les transports publics, pour ne citer que les deux dernières semaines.


Faute d'injection dans l'économie d'une masse monétaire jugulée, la consommation et l'activité s'anémient. L'industrie manufacturière s'est contractée de 22% sur les mois de janvier et février, selon la Confédération des moyennes entreprises.


Cette
"stagflation"
(inflation + stagnation) est un dommage collatéral prédit par Milei, avant un redémarrage de l'activité. Et une inflation ramenée à un seul chiffre dès avril, croit fermement le gouvernement.

L'économie argentine s'est contractée en 2023 de 1,6%, et devrait poursuivre en récession en 2024, à -2,8% selon les  projections du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, avant une reprise en 2025.

Les deux institutions ont salué l'effort de stabilisation et d'assainissement du gouvernement Milei, mais à l'instar du chef du département Hémisphère occidental du Fonds, Rodrigo Valdes, lui ont demandé de s'assurer que le
"poids de l'ajustement ne tombe pas de manière disproportionnée sur les plus vulnérables".

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