Aux Etats-Unis, des milliers d'Ukrainiens redoutent d'être expulsés par Trump

13:0226/03/2025, mercredi
AFP
Des personnes agitent des drapeaux américains et ukrainiens lors d'un rassemblement de soutien à l'Ukraine avant le discours du président américain Donald Trump devant une session conjointe du Congrès à Washington, DC, le 4 mars 2025.
Crédit Photo : Allison ROBBERT / AFP
Des personnes agitent des drapeaux américains et ukrainiens lors d'un rassemblement de soutien à l'Ukraine avant le discours du président américain Donald Trump devant une session conjointe du Congrès à Washington, DC, le 4 mars 2025.

Face à l'invasion de leur Kharkiv natale par les troupes russes, Nikita et Alina ont fui l'Ukraine en février 2023 avec leur fille de cinq ans, pour se réfugier en Californie.

Mais depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir, ils craignent de ne plus être les bienvenus. Car son administration a suspendu le programme humanitaire qui a permis à plus de 200.000 Ukrainiens en détresse d'être accueillis aux Etats-Unis depuis trois ans.


"Si le nouveau gouvernement l'annule, nous perdrons tout, une fois de plus, et nous repartirons à zéro"
, souffle Nikita Demidov, installé à San Diego, où il a fondé une entreprise de maisons préfabriquées.

Le couple a
"des papiers, un numéro de sécurité sociale, un permis de travail"
, insiste cet homme de 39 ans auprès de l'AFP.

Mais cette sécurité apparente, offerte par l'ex-président Joe Biden aux Ukrainiens déplacés par la guerre, est menacée par la vaste offensive anti-immigration promise de longue date par Donald Trump.


Le milliardaire républicain a ordonné l'annulation des programmes offerts par son prédécesseur aux migrants du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, considérés comme des régimes autoritaires.

Et avec la suspension de celui grâce auquel les Ukrainiens sont accueillis, ils craignent également que leur protection légale ne vole en éclats.


"Tout quitter"


"Ce programme donnait aux Ukrainiens une chance de stabilité"
, estime Ester Miroshnychenko, une adolescente de 18 ans qui a immigré avec ses parents et ses huit frères et soeurs.

"Si je dois tout quitter, ce sera vraiment difficile pour moi. Ce sera comme si tout ce que j'ai accompli allait être détruit"
, craint la lycéenne, qui a appris l'anglais depuis son arrivée aux Etats-Unis.

La jeune femme aimerait que le gouvernement pense
"aux gens qui ont travaillé dur, qui ont tout laissé derrière eux et qui trouvent toujours la motivation de continuer, même après la guerre".

"Leur retirer ces opportunités (...), pour quoi ?",
s'interroge-t-elle.

Pour beaucoup, la soudaine intolérance de Washington est en total décalage avec leur quotidien aux Etats-Unis.

"On ne le sent pas de la part des gens ordinaires"
, reprend M. Demydov.
"Le peuple américain est heureux de nous avoir ici. Mais au plus haut niveau, je ne comprends pas très bien ce qui se passe. (...) Ca me fait peur."

"Les gens sont très inquiets"
, confirme Vlad Fedoryshyn, un volontaire chargé d'aider les Ukrainiens arrivés dans le cadre du programme humanitaire.

Il reçoit actuellement entre 20 et 30 appels par jour d'immigrés préoccupés. A cause de la suspension du programme, nombre d'entre eux n'arrivent pas à renouveler leur autorisation de travail ou voient leurs autres procédures migratoires paralysées.

"En danger"


"Lorsque le gouvernement vous dit qu'il n'y aura plus de programme pour vous, qu'est-ce que ça signifie ? (...) Dois-je retourner en Ukraine ?"
, s'alarme M. Fedoryshyn, lui-même arrivé en 2020 aux Etats-Unis.

Ses compatriotes, pour qui
"il a été très difficile de louer un appartement, de trouver un emploi, de s'installer ici (...), commencent à se sentir en danger"
, témoigne le jeune homme de 26 ans.

Pour lui, l'administration Trump ne comprend pas la réalité du terrain en Ukraine, où les civils meurent fréquemment sous les bombardements russes.


Il est bouleversé par le revirement soudain des Etats-Unis, symbolisé par la violente altercation entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février.

"Nous sommes un petit pays"
, soupire M. Fedoryshyn, qui a appris dans les manuels d'Histoire que l'Amérique était un allié et un protecteur de l'Ukraine.
"Nous comptions toujours sur cette protection. Et là, quand Trump parlait au président comme ça, (...) J'ai failli pleurer."

Le jeune homme a du mal à croire que les autres pays qui ont ouvert leurs portes aux Ukrainiens au début de la guerre soient prêts à accueillir de nouveaux migrants. Et ne veut pas entendre parler de rapatriement.


"Qui va vouloir retourner en Ukraine, où la guerre continue, où des missiles peuvent tomber, ou bien un drone peut frapper votre maison à tout moment ?"
, lâche-t-il.
"Nous voulons simplement être en sécurité"
.

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