
Les usines de Pohang crachent d'épais panaches gris, symbole d'un avenir qui pourrait bien l'être tout autant pour le secteur de l'acier sud-coréen, sous la menace des nouveaux droits de douane de son partenaire américain.
La quatrième économie d'Asie était aussi le quatrième exportateur de cet alliage vers les Etats-Unis en 2024, pesant près de 13% des importations de son allié.
Mais le secteur pâtit de plus en plus de la concurrence internationale et, à Pohang, on redoute les conséquences dévastatrices que pourraient avoir les nouveaux droits de douane sur l'acier imposés par le président américain Donald Trump: 25% à partir du 12 mars.
"Pilier du développement"
Le sidérurgiste, leader national et poids lourd à l'international, a été l'une des locomotives de l'industrialisation de la Corée du Sud et figure parmi les moteurs de son commerce extérieur, aux côtés de Hyundai Steel et Dongkuk Steel notamment.
"POSCO nourrit Pohang"
L'acier sud-coréen fait face ces dernières années à des défis de plus en plus grands, entre les surcapacités de certains concurrents, en particulier la Chine, et une baisse de la demande mondiale, qui tirent les prix vers le bas.
Les droits de douane américains risquent de compliquer encore l'équation: en cas de disparition des débouchés aux Etats-Unis, de l'acier chinois bon marché pourrait inonder l'Europe et l'Asie du Sud-Est, menaçant encore plus les parts des entreprises sud-coréennes, selon les analystes.
Certains experts estiment néanmoins que la guerre des taxes lancée par Donald Trump peut ouvrir d'autres portes aux firmes de Corée du Sud et faire émerger de nouveaux clients.
A Pohang, l'heure n'est cependant pas aux paris sur d'éventuelles retombées positives: les travailleurs du métal ont peur de perdre leur emploi, alors que plusieurs fabriques se sont déjà éteintes.
Des pancartes syndicales affichaient des messages contre la direction exigeant ses excuses, ont constaté ces reporters, voyant à l'intérieur ce qui semblait être des tas de débris.
Lee Woo-man, salarié d'un sous-traitant de POSCO pendant deux décennies, déclare pour sa part à l'AFP que 20 collègues ont perdu leur emploi l'an passé.
Mais la ville a perdu sa vitalité d'antan et la vue des cheminées le rend aujourd'hui plus anxieux qu'autre chose.