Gaza, silence ciblé: “Les journalistes palestiniens sont nos yeux, on cherche à les éteindre”

La rédaction avec
18:3117/04/2025, Perşembe
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Pour Laribi, ces assassinats ne sont ni anodins ni accidentels: ils sont hautement symboliques.
Pour Laribi, ces assassinats ne sont ni anodins ni accidentels: ils sont hautement symboliques.

Mercredi soir, sur les marches de l’Opéra Bastille, les paroles de la journaliste indépendante Meriem Laribi ont résonné avec force.

Autrice de “Ci-gît l’humanité”, un ouvrage consacré aux mécanismes de déshumanisation dans les récits de guerre, elle s’est exprimée devant les caméras d’Anadolu pour manifester son soutien aux journalistes palestiniens, et sa colère face au silence qui entoure leur élimination systématique.


“Depuis 18 mois, nous voyons nos confrères tomber les uns après les autres, à Gaza, au Liban, avec leurs familles. Ils sont assassinés, ciblés, menacés”
, déclare-t-elle d’un ton déterminé. Selon elle, l’armée israélienne va jusqu’à publier les noms des journalistes qu’elle entend éliminer, dans une stratégie assumée de neutralisation de l’information. Même morts, ces reporters sont
“salement diffamés, accusés d’être des terroristes. Du jamais vu”
, déplore-t-elle.

Pour Laribi, ces assassinats ne sont ni anodins ni accidentels: ils sont hautement symboliques.
“Ce sont des journalistes que nous avons vus à l’œuvre chaque jour, filmer l’horreur, rapporter la vérité, documenter l’apocalypse.”

À Gaza, précise-t-elle, ces professionnels de l’information vivent comme les civils qu’ils couvrent: déplacés, exposés aux bombardements, souvent avec leurs enfants, jusqu’à être tués, parfois de manière aléatoire, souvent de façon ciblée.


Ce qui la révolte, c’est aussi l’absence de réaction.
“En tant que journaliste, je suis outrée du silence médiatique et diplomatique de la France”
, dit-elle, regrettant l’absence de toute solidarité institutionnelle. Pourtant, ce soir-là à Bastille, elle a senti poindre une solidarité professionnelle réelle, au-delà des clivages éditoriaux, “
même dans des médias qui, d’habitude, peinent à humaniser les Palestiniens”.

Le cœur de son intervention touche à l’essentiel: le rôle des journalistes dans la guerre de l’information. À ses yeux, les journalistes palestiniens sont les derniers témoins encore présents sur le terrain.
“Nous ne pouvons pas aller à Gaza. Ils sont nos yeux, nos oreilles. Et il y a une volonté claire de faire taire ces voix, d’éteindre ce regard sur une population que l’on massacre en silence.”

Interrogée sur la nécessité de briser ce silence médiatique, elle répond sans détour:
“Évidemment que ça suffit. On ne peut plus continuer comme ça.”
Elle rappelle que
“250 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza, un chiffre jamais atteint dans aucun autre conflit. Ce n’est plus une guerre, c’est une extermination. Un génocide.”

En mettant en lumière le courage de ces journalistes qui risquent leur vie pour rapporter la vérité, Laribi insiste sur la portée de leur mission.
“Les journalistes ont un rôle éminemment symbolique: ce sont eux qui transmettent l’information au monde. Et c’est précisément cette fonction que l’on tente de faire taire.”

Son discours sonne comme un appel. Un appel à voir, à écouter, à relayer. Un appel, surtout, à ne pas détourner le regard.


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