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Nigeria: L'armée nie toute implication dans le massacre d'Okuama

L'armée nigériane a affirmé lundi n'avoir entrepris aucune action à Okuama après que des témoins eurent allégué que des individus avaient incendié un village en réponse à la mort de 16 militaires.

11:36 - 19/03/2024 mardi
MAJ: 11:51 - 19/03/2024 mardi
AFP
Les troupes de l'opération Hadin Kai Maimalari sur la base aérienne de Maiduguri, au Nigéria, le 11 décembre 2023.
Crédit Photo : Audu MARTE / AFP
Les troupes de l'opération Hadin Kai Maimalari sur la base aérienne de Maiduguri, au Nigéria, le 11 décembre 2023.
"L'armée réfute catégoriquement toutes les allégations concernant son implication dans des attaques de représailles à Okuama suite à l'incident. La communauté était désertée avant l'arrivée des troupes"
, a déclaré dans un communiqué lundi le major-général Edward Buba, porte-parole de l'armée nigériane.

Des images de maisons en flammes, prétendument à Okuama, un village de l'État du Delta le long de la rivière Forcados, ont circulé sur les réseaux sociaux depuis dimanche, bien que leur véracité n'ait pas pu être confirmée.


Ceux qui diffusent ces images accusent l'armée d'avoir incendié le village en représailles à l'assassinat, le 14 mars dernier, de 16 soldats.

Un habitant de la localité voisine de Bomadi a accusé l'armée d'être responsable de l'incendie.
"Les soldats sont toujours présents et continuent de détruire les habitations à Okuama. Ils ne semblent pas vouloir partir"
, a-t-il déclaré lundi à l'AFP sous couvert d'anonymat.

Dans son communiqué, le général Buba a assuré que la réponse de l'armée serait mesurée et qu'elle se conformerait à l'état de droit plutôt qu'à des impulsions émotionnelles.


Samedi, l'armée nigériane avait annoncé la mort de 16 militaires, survenue le 14 mars alors qu'ils étaient déployés dans le cadre d'une mission de conciliation entre les communautés des villages voisins d'Okuama, peuplé d'Urhobos, et d'Okoloba, d'ethnie Ijaw.

Le lendemain, le président Bola Ahmed Tinubu a déclaré avoir conféré à l'armée
"tous les pouvoirs nécessaires pour traduire en justice toute personne tenue pour responsable de ce crime inadmissible contre le peuple nigérian".

Le Sénat a également promis dimanche de ne ménager
"aucun effort pour soutenir les enquêtes et les procédures judiciaires afin que les auteurs de ce crime en subissent les conséquences",
selon un communiqué.

"Quelques arrestations ont été effectuées"
, a précisé l'armée samedi.

"Un civil a également été tué"
, a ajouté le président dans son communiqué dominical.

La presse locale a rapporté ces dernières semaines des affrontements entre ces deux communautés, chacune revendiquant la propriété de terres et les droits de pêche, ayant entraîné plusieurs décès.

Peu de détails sont actuellement disponibles sur les circonstances exactes de l'attaque contre les militaires, les versions divergeant, chaque communauté rejetant la responsabilité de l'incident sur l'autre.


Sane Peter Ekanakeranye Darah, ancien secrétaire national de l'organisation communautaire Urhobo Progress Union, a exprimé auprès de l'AFP ses craintes que cette crise ne s'étende à d'autres communautés Ijaw et Urhobo.


"Il pourrait y avoir d'autres affrontements dans le gouvernement local d'Ughelli Sud, dans le Delta"
, a-t-il expliqué, ajoutant que les tensions entre les communautés de Gbekebor (Ijaw) et d'Ophorigbala (Urhobo) s'intensifiaient depuis
"plus de deux mois".

Les représailles de l'armée en réponse à l'assassinat de soldats ont été entachées de précédents tragiques: l'armée avait réagi à la mort de plusieurs de ses membres en tuant des centaines de personnes lors des massacres d'Odi, dans l'État de Bayesla (sud) en 1999, et de Zaki Biam, dans l'État de Benue (est) en 2001.


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