Présidentielle en République dominicaine: le sortant grand favori, Haïti en toile de fond

12:0719/05/2024, dimanche
MAJ: 19/05/2024, dimanche
AFP
Le président de la République dominicaine et candidat à la présidence du Parti révolutionnaire moderne (PRM), Luis Abinader (C-gauche), participant à une réunion avec des délégations d'observateurs électoraux internationaux à l'hôtel Catalonia à Saint-Domingue, le 18 mai 2024, à la veille des élections présidentielles.
Crédit Photo : Federico Parra / AFP
Le président de la République dominicaine et candidat à la présidence du Parti révolutionnaire moderne (PRM), Luis Abinader (C-gauche), participant à une réunion avec des délégations d'observateurs électoraux internationaux à l'hôtel Catalonia à Saint-Domingue, le 18 mai 2024, à la veille des élections présidentielles.

Environ huit des 11 millions de Dominicains sont appelés à voter dimanche pour des élections présidentielle et législatives dont le grand favori est le sortant Luis Abinader, qui entend tirer profit de son bilan économique et surtout de sa politique de fermeté à l'égard d'Haïti.

A en croire les sondages, M. Abinader se dirige vers une réélection pour 4 ans dès le premier tour. Il devrait recueillir environ 60% des voix devant l'ancien président Leonel Fernández (1996-2000, 2004-2012), crédité de 25% des suffrages, tandis que les six autres candidats se contenteraient de miettes.


La formation politique de M. Abinader, le Parti révolutionnaire moderne (PMR) qui avait déjà remporté 120 des 150 municipalités en février, devrait aussi obtenir la majorité des sièges des 190 députés et 32 sénateurs en jeu.

Les 16.726 bureaux de vote doivent ouvrir à 7 heures locales (11H00 GMT) et fermer à 17 heures (21H00 GMT). Les premiers résultats sont attendus vers 20 heures locales (00H00 GMT).


A surveiller notamment, le vote de la diaspora, majoritairement installée aux Etats-Unis. Elle représente 11% des votants et ses transferts de fonds vers la mère patrie pèsent pour 9,1% du PIB en 2022, selon la Banque mondiale.

La campagne s'est achevée jeudi sans événement majeur. 


Luis Abinader, par exemple, a organisé une
"grande fête"
télévisée au cours de laquelle il a joué de la musique, été interviewé par des enfants et s'est adressé à ses partisans par appel vidéo.

Un poulet, une voix


Le président sortant a réitéré sa promesse de continuer à lutter contre la corruption et à
"défendre"
la souveraineté de son pays, sans citer Haïti.

Mais une vidéo montrant des images des belles plages du pays et de la zone frontalière a été diffusée pendant l'émission, le présentateur commentant:
"nous sommes les meilleurs hôtes du monde, nos portes sont ouvertes. Mais si nous détectons le moindre risque, nous avons le droit de les fermer, c'est pourquoi la frontière (avec Haïti)  ne sera plus jamais la même".

Environ 70% des Dominicains approuvent la gestion de M. Abinader, et notamment sa politique de fermeté à l'égard d'Haïti. 


Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, il a multiplié les opérations anti-immigration et les expulsions, construit un mur sur une partie de la frontière avec Haïti, en proie à une crise politique et humanitaire chronique, aggravée par la violence des gangs qui contrôlent une grande partie de son territoire.


M. Abinader se targue aussi de résultats économiques positifs, évoquant une croissance
"élevée",
une inflation
"dans la fourchette"
et un faible taux de chômage. La Banque mondiale prévoit une hausse de 5% du PIB d'ici la fin de l'année, tout comme le FMI, qui souligne le
"potentiel"
du pays à
"devenir une économie avancée"
dans les prochaines décennies.

Son principal rival, Leonel Fernández, dénonce cependant une manipulation des chiffres et promet d'améliorer les performances économiques du pays.


M. Fernández, qui se veut aussi ferme sur le sujet haïtien, a également dénoncé l'augmentation des dépenses publiques consacrées à la campagne électorale et a mis en garde contre le risque d'achat de votes.

"Nous devons être vigilants"
, a-t-il déclaré aux journalistes vendredi après avoir rencontré la mission de l'Organisation des Etats Américains (OEA), qui fait partie des 400 observateurs internationaux qui accompagneront le processus.

"C'est une pratique qui a été massivement utilisée par le gouvernement en février et nous ne voulons pas qu'elle se répète cette fois-ci",
a insisté M. Fernández.

Pour de nombreux Dominicains, il s'agit d'une vieille pratique: 500 pesos (8 dollars) ou une "pica pollo" (une assiette de poulet et de frites) suffisent pour acheter une voix.


"J'espère qu'il n'y aura pas de (...) magouilles",
dit José Cordero, un mototaxi de 49 ans. Et
"que celui qui gagnera aura gagné sans tricher". 

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