
En exclusivité pour Nouvelle Aube, la militante contre l'antisémitisme Nadia Meziane dénonce le traitement judiciaire différencié entre les actes islamophobes et les accusations visant les militants pro-palestiniens. L'activiste met en lumière l'impunité relative dont bénéficie l'extrême-droite violente en France.
Est-il possible de poser une grenade devant une mosquée et de s’en sortir sans aucune inculpation pour infraction à caractère terroriste, et une condamnation à du sursis ?
Si cette affaire était isolée, la peur ne serait pas aussi grande chez les musulmans de France. Malheureusement, elle semble au contraire exemplaire de la relégation de la violence islamophobe et du suprémacisme raciste armé au rayon fait divers et ce dans le contexte de la criminalisation accrue des militants antifascistes musulmans.
On peut le constater dans des affaires beaucoup plus graves: par exemple celle du groupe des Barjols qui menaçait de commettre des attentats de manière imminente et dont les membrés ont été arrêtés lorsque parmi leurs projets, l’un s’est avéré concerner non seulement des musulmans mais Emmanuel Macron.
Des militants emblématiques pour la Palestine comme Elias d’Imzalene sont trainés au tribunal pour avoir simplement osé prononcer le mot "intifada" lors d’un rassemblement pacifique, et accusés d’inciter à la violence contre les Juifs dans toute la presse Bolloré et sur les principales chaînes d’information française.
Une jeune femme comme Amira Zaiter, mère de famille et aide-soignante a passé deux mois en prison pour de simples tweets. En revanche, l’homme qui a sorti une arme et violenté des manifestantes en filmant ses agressions dans une manifestation parisienne pour Gaza a été laissé libre jusqu’à son procès au printemps prochain.
S’il ne s’agit pas de nier tout antisémitisme chez des personnes musulmanes, le fait est qu’il est le plus souvent supposé d’emblée, et en tout cas puni avec une extrême sévérité. A Paris dès novembre 2023, le préfet Laurent Nunez indiquait avoir mobilisé six enquêteurs uniquement sur une affaire, celle des étoiles bleues peintes sur des murs, qui se sont avérées être une entreprise de déstabilisation étrangère et n’avoir aucun lien avec la mobilisation pour la Palestine.