
Le président Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé que la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Somalie constituait une priorité absolue pour la Türkiye, qualifiant d’"illégitime et inacceptable" la décision d’Israël de reconnaître le Somaliland.
Ces déclarations ont été faites mardi lors d’une conférence de presse conjointe tenue au bureau de Dolmabahce, à l’issue d’entretiens bilatéraux et de réunions entre délégations, en présence du président somalien Hassan Cheikh Mohamud.
Se disant honoré d’accueillir son homologue à Istanbul, le chef de l’État turc a souligné que les relations entre la Türkiye et la Somalie, en constante progression dans tous les domaines, reposaient sur des liens historiques, humains et culturels profonds. Il a rappelé que l’année 2026 marquera le 60ᵉ anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, affirmant la volonté commune de renforcer davantage cette coopération et de continuer à soutenir la sécurité et la stabilité de la Somalie.
Evoquant sa visite en Somalie en 2011, alors qu’il occupait le poste de Premier ministre, à la suite d’une grave sécheresse, Erdogan a rappelé le lancement d’une vaste campagne d’aide humanitaire. Il a souligné que, à une période où la communauté internationale avait largement perdu espoir pour la Somalie, l’engagement de la Türkiye avait contribué à renforcer les liens de fraternité entre les deux peuples. Depuis lors, a-t-il noté, le pays a enregistré des avancées notables, notamment sur le plan sécuritaire, malgré les tentatives de déstabilisation de certains acteurs opposés à son redressement.
Le président turc a insisté sur le soutien global apporté par Ankara à la lutte antiterroriste menée par la Somalie, rappelant que la formation et l’équipement fournis à l’armée nationale somalienne au centre militaire TÜRKSOM témoignaient de l’engagement constant de la Türkiye face à la menace terroriste. Il s’est également félicité des récents succès des forces somaliennes, estimant que l’amélioration du climat sécuritaire avait favorisé des réformes politiques importantes.
Il a notamment salué l’organisation d’élections locales le 25 décembre dans la région administrative de Benadir, incluant Mogadiscio, une première depuis de nombreuses années, rendue possible grâce aux efforts du président Hassan Cheikh Mohamud, exprimant l’espoir que ces scrutins profitent au peuple somalien.
Abordant la coopération énergétique, Erdogan a indiqué que celle-ci se renforçait progressivement. Il a précisé que le navire de recherche sismique Oruç Reis avait mené pendant neuf mois des opérations d’exploration dans les eaux somaliennes sur une superficie de 4 465 kilomètres carrés, une première dans l’histoire du pays. Des activités de forage sont prévues à partir de 2026, lesquelles devraient contribuer significativement au développement économique de la Somalie. Il a également annoncé l’intégration de deux nouveaux navires de forage en haute mer à la flotte turque, baptisés Cagrı Bey et Yildirim, qui seront déployés respectivement au large de la Somalie et en mer Noire, portant ainsi la Türkiye au rang de quatrième plus grande flotte mondiale dans ce domaine.
Le président turc a par ailleurs indiqué que l’accord signé avec la Somalie dans le secteur de la pêche avait permis de hisser la coopération bilatérale à un niveau supérieur. Dans ce cadre, Ankara soutiendra le renforcement des capacités techniques somaliennes et contribuera à la lutte contre la pêche illégale.
Il a également fait état d’une coopération qualifiée d’historique dans le domaine spatial, annonçant la construction d’un port spatial en Somalie. La première phase du projet, composée de trois étapes, a déjà été conçue et lancée sous la supervision de l’Agence spatiale turque. L’objectif est de mettre en place une infrastructure stratégique dédiée aux lancements spatiaux et aux technologies satellitaires. En parallèle, la Türkiye poursuivra son soutien humanitaire et institutionnel à la Somalie à travers le Croissant-Rouge turc, la TIKA et l’AFAD.
Revenant sur la question du Somaliland, Erdogan a dénoncé la décision israélienne, accusant le gouvernement Netanyahu, qu’il a tenu pour responsable de lourdes pertes civiles palestiniennes et de multiples opérations militaires régionales, de chercher désormais à déstabiliser la Corne de l’Afrique. Il a salué les prises de position de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, des pays de la région, de l’Union européenne, de l’Organisation de la coopération islamique et de la Ligue arabe rejetant cette reconnaissance, ainsi que la réaction du président américain Donald Trump, qu’il a jugée révélatrice d’une volonté de paix mondiale.
En conclusion, Erdogan a souligné que la position de la Türkiye reposait sur des principes clairs, estimant que toute initiative ne servant pas une solution inclusive ne ferait qu’aggraver la situation. Il a insisté sur le fait que les décisions concernant l’avenir de la République fédérale de Somalie et du Somaliland devaient refléter la volonté de l’ensemble du peuple somalien. Il a réaffirmé le soutien indéfectible de la Türkiye à l’intégrité territoriale et à l’unité politique de la Somalie, se disant convaincu que les Somaliens sauront agir dans un esprit d’unité, de solidarité et de consensus national.









