À Madrid, l'extrême droite et les populistes en quête d'un "Trump européen"

12:499/02/2025, Pazar
MAJ: 9/02/2025, Pazar
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Afroditi Latinopoulou, femme politique grecque, fondatrice et dirigeante du parti d'extrême droite Voice of Reason, Viktor Orban, Premier ministre hongrois, Santiago Abascal, dirigeant du parti d'extrême droite espagnol Vox et président de Patriots for Europe, président du groupe parlementaire français d'extrême droite Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, le président du Parti pour la liberté (PVV) Geert Wilders et le chef du parti d'extrême droite Chega Andre Ventura se rassemblent sur scène à la fin d'une réunion des Patriotes pour l'Europe, le plus grand bloc d'extrême droite du Parlement européen, dans un hôtel de Madrid, le 8 février 2025. Avec Viktor Orban et Marine Le Pen comme têtes d'affiche, et sous le slogan "Make Europe Great Again" -inspiré du "Make America Great Again" de l'ancien président américain Donald Trump, qui appelle à restaurer la grandeur de l'Amérique- de nombreux dirigeants d'extrême droite européens se sont réunis à Madrid aujourd'hui pour plaider en faveur d'un "changement à 180 degrés" dans l'Union européenne, en tirant parti de l'élan trumpiste.
Crédit Photo : Thomas COEX / AFP
Afroditi Latinopoulou, femme politique grecque, fondatrice et dirigeante du parti d'extrême droite Voice of Reason, Viktor Orban, Premier ministre hongrois, Santiago Abascal, dirigeant du parti d'extrême droite espagnol Vox et président de Patriots for Europe, président du groupe parlementaire français d'extrême droite Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, le président du Parti pour la liberté (PVV) Geert Wilders et le chef du parti d'extrême droite Chega Andre Ventura se rassemblent sur scène à la fin d'une réunion des Patriotes pour l'Europe, le plus grand bloc d'extrême droite du Parlement européen, dans un hôtel de Madrid, le 8 février 2025. Avec Viktor Orban et Marine Le Pen comme têtes d'affiche, et sous le slogan "Make Europe Great Again" -inspiré du "Make America Great Again" de l'ancien président américain Donald Trump, qui appelle à restaurer la grandeur de l'Amérique- de nombreux dirigeants d'extrême droite européens se sont réunis à Madrid aujourd'hui pour plaider en faveur d'un "changement à 180 degrés" dans l'Union européenne, en tirant parti de l'élan trumpiste.

Les leaders de l'extrême droite européenne et des populistes se sont donné rendez-vous à Madrid, samedi 8 février, sous la bannière des "Patriotes pour l'Europe", troisième force du Parlement européen. Inspirés par la victoire de Donald Trump aux États-Unis, ils ont scandé un slogan évocateur : "Make Europe Great Again", affichant ainsi leur volonté d'imposer une rupture avec les institutions européennes actuelles.

Parmi les figures de proue de ce rassemblement, Viktor Orban, Premier ministre hongrois et chef de file des conservateurs, s'est posé en pionnier de la vague trumpiste en Europe.
"Le triomphe de Trump a changé le monde",
a-t-il martelé devant une audience conquise. Orban a également dénoncé ce qu'il qualifie de
"remplacement de population en Europe",
un discours dans la droite ligne des thèmes portés par plusieurs intervenants.


Du côté de l'extrême droite, Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté (PVV) et vainqueur des élections législatives aux Pays-Bas, a lancé un appel à la mobilisation
:
"Sommes-nous prêts à faire la même chose en Europe ?"
Son parti hostile à l'immigration et islamophobe cherche désormais à traduire son succès électoral en une présence gouvernementale durable.


Marine Le Pen sur un fil entre prudence et radicalité


Marine Le Pen, bien que présente à Madrid, s'est démarquée du ton général.
"Le réveil du Vieux Continent doit accompagner ce grand mouvement de régénération qui s'annonce, mais il ne faut pas l'interpréter comme un appel à l'alignement",
a-t-elle déclaré.
Une manière de garder ses distances avec le trumpisme, tout en capitalisant sur l'essor des mouvements qui se présentent comme souverainistes, en Europe.

En coulisses, la présidente des députés du Rassemblement national (RN) semble soucieuse de ne pas apparaître comme une simple disciple de Trump, alors que certaines positions du président américain – notamment sur la hausse des droits de douane ou sa menace d'annexion du Groenland – peuvent être perçues comme hostiles aux intérêts européens.
"Aimer le patriotisme de Donald Trump, ça ne veut pas dire être le vassal des États-Unis",
a récemment insisté Jordan Bardella, président du RN.


Cette posture prudente contraste avec l'enthousiasme débridé de Santiago Abascal, chef du parti espagnol Vox, qui a qualifié Donald Trump de
"frère d'armes".
Matteo Salvini, leader de la Ligue en Italie et ministre du gouvernement Meloni, a quant à lui plaidé pour un
"virage à 180 degrés"
en Europe, notamment sur les questions migratoires et environnementales.

Le soutien de Musk à l'AfD, un facteur de fracture


Si le sommet de Madrid a démontré la montée en puissance des "Patriotes pour l'Europe", il a aussi mis en évidence les fractures internes du mouvement.
L'AfD allemande, bien qu'idéologiquement proche, était absente de la réunion.
Officiellement, cela s'explique par son appartenance à un autre groupe politique au Parlement européen.
En réalité, la formation d'extrême droite allemande est en conflit avec Marine Le Pen, qui avait préféré l'écarter de son groupe en raison de sa ligne trop radicale sur l'immigration et des polémiques liées à son programme de
"remigration".

Malgré cela, l'AfD bénéficie d'un soutien de poids : Elon Musk. Le milliardaire américain, propriétaire de X (ex-Twitter), récemment devenu Directeur du Département de l'Efficacité gouvernementale des États-Unis, n'a cessé d'apporter son soutien indirect au parti allemand, partageant des publications favorables à sa ligne et critiquant ouvertement les politiques migratoires de l'Union européenne. Cette proximité entre un des hommes les plus influents du monde et une formation d'extrême droite ne passe pas inaperçue et inquiète une partie de l'establishment européen.


Une dynamique réelle mais fragile


Avec 86 eurodéputés sur 720, les Patriotes pour l'Europe représentent une force montante mais encore minoritaire au sein du Parlement européen. Ils doivent faire face à la concurrence de deux autres groupes souverainistes : les Conservateurs et Réformistes européens (80 élus), dominés par Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, et l'Europe des Nations Souveraines (26 élus), où figure l'AfD.


Dans ce contexte, l'enjeu pour les forces réunies à Madrid est de se structurer tout en maintenant une cohésion idéologique.
Or, si Trump apparaît comme un modèle, l'hétérogénéité des trajectoires nationales complique l'émergence d'un leader incontesté capable d'incarner cette mouvance à l'échelle européenne.

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