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Birmanie: la junte interdit aux hommes de postuler pour travailler à l'étranger

La junte birmane a décidé de suspendre la délivrance aux hommes d'autorisations leur permettant de travailler à l'étranger, en pleine vague de départs pour fuir le service militaire annoncé en février.

10:46 - 3/05/2024 vendredi
AFP
En pleine vague de départs pour échapper au service militaire annoncé en février, la junte birmane a décidé de suspendre la délivrance aux hommes d'autorisations leur permettant de travailler à l'étranger.
Crédit Photo : X /
En pleine vague de départs pour échapper au service militaire annoncé en février, la junte birmane a décidé de suspendre la délivrance aux hommes d'autorisations leur permettant de travailler à l'étranger.
Les autorités ont
"temporairement suspendu"
l'acceptation des demandes d'hommes souhaitant travailler hors des frontières de la Birmanie, a annoncé le ministère du Travail dans un communiqué publié jeudi soir.

La mesure a été prise pour pouvoir
"prendre plus de temps afin de vérifier les procédures de départ, et en lien avec d'autres questions"
, est-il écrit, sans autre précision.

Des milliers de Birmans ont tenté de partir, après que la junte a indiqué en février vouloir imposer un service militaire d'au moins deux ans aux hommes de 18 à 35 ans et femmes de 18 à 27 ans.

Durant les jours suivant l'annonce, des longues files d'attente se sont créées devant des ambassades étrangères à Rangoun, et d'autres personnes ont essayé de traverser la frontière pour rejoindre la Thaïlande, ont rapporté des médias.


Plus de 13 millions de personnes sont concernées par l'appel au drapeau, d'après un porte-parole de la junte, bien que l'armée n'a la capacité d'en former que 50.000 par an.

La loi de service militaire a été conçue par une précédente junte en 2010, mais n'avait jamais été appliquée jusque-là.


Le texte est
"essentiel face à la situation que connaît notre pays"
, a justifié un porte-parole de la junte. Il prévoit un allongement du service militaire jusqu'à cinq ans en cas d'état d'urgence. Ceux qui ignorent leur convocation risquent une peine de prison de la même durée.

Un premier groupe de plusieurs milliers de recrues a déjà commencé l'entraînement, selon des comptes Telegram pro-junte.

Décrété par les généraux à leur prise de pouvoir en 2021, l'état d'urgence est renouvelé tous les six mois, dans un contexte de dégradation de la situation sécuritaire.


La persistance de l'état d'urgence repousse également les nouvelles élections nationales, promises par l'armée lorsque celle-ci a renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi.


Le putsch a déclenché une reprise du conflit avec des combattants appartenant à des minorités ethniques actifs depuis plusieurs décennies, et a donné naissance à des dizaines de nouvelles
"Forces de défense du peuple"
qui, selon les analystes, ont surpris l'armée par leur efficacité.

L'offensive coordonnée de trois groupes ethniques minoritaires près de la frontière chinoise, fin octobre, a marqué un tournant majeur en faveur des adversaires du pouvoir, qui ont pris le contrôle de certaines villes et routes stratégiques, selon des observateurs.

Plus de quatre millions de Birmans travaillaient à l'étranger en 2020, selon une estimation de l'Organisation internationale du Travail, citant des données du gouvernement.


Beaucoup d'autres sont employés au noir loin de chez eux, ont prévenu des experts.


Plus de 4.900 personnes ont été tuées dans la répression de grande envergure menée contre toute voix dissidente depuis le coup, et plus de 26.000 autres ont été arrêtées, selon le décompte d'un groupe local de surveillance.


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