"C’est un passage rocheux de 700 mètres de long sur 200 mètres de large sur une superficie de plus de 3 hectares"
dans lequel se faufile le fleuve saisonnier le Mayo Louti, "cours d'eau" en peul du Cameroun, explique Moussa, guide touriste installé à l’entrée du site.
"Les Gorges de Kola ont des roches taillées par les courants d’eau, dont certaines peuvent atteindre une profondeur de 20 mètres. Ces roches sont en outre réputées pour leurs formes évocatrices, à l’instar de la roche en forme d’Afrique, de Madagascar, de cœur, ou encore de la Vierge Marie"
, a souligné Aboubakar Diallo, guide d’Anadolu à travers les gorges de Kola.
Ce site touristique est situé sur une route poussiéreuse à 5,2 kilomètres du goudron qui mène à la ville de Guider, chef-lieu du département du Mayo Louti dans la région du Nord. Pour parcourir cette distance de 5,2 kilomètres, la motocyclette est le principal moyen de déplacement. Certains touristes y arrivent avec leurs véhicules qu'ils garent juste à l’entrée du site touristique.
A votre arrivée à l’entrée des gorges, vous êtes accueilli par une barrière de la mairie et plusieurs jeunes guides touristiques en attente des visiteurs. Sur cette barrière, chaque touriste doit se faire enregistrer dans un registre et payer un montant de 1000 FCFA ( 1,5 euros) qui sont reversés dans les caisses de la mairie de Guider.
Après avoir rempli cette formalité communale, le touriste ou visiteur fait son choix parmi les nombreux jeunes guides en attente pour descendre dans les gorges. Le jeune guide Aboubakar Diallo est un étudiant mais exerce aussi comme guide quand il n’est pas en cours. Notre guide nous conduit dans les rochers et nous explique en français et en fulfulde (langue locale) les merveilles de ce site.
"C’est un site touristique au panorama impressionnant, qui a bénéficié du génie artistique de la nature arpenté les lieux pour devenir un lieu particulier aux yeux de ses visiteurs",
a expliqué Anadolu, Olive Heufané, l’une des touristes qui visitait les lieux. Après avoir parcouru toutes ces roches en les grimpant et en traversant ses eaux à pieds, l’on arrive dans un lieu dit sacré surnommé "l’appartement du diable".
En effet, il se dit ici que le Diable possède une chambre dans une des cavernes sculptées par les eaux en saison des pluies. De nombreux rites peuls y ont régulièrement lieu pour le faire déguerpir, et certaines personnes disent même souvent sentir la présence du "diable".
Selon le maire de Guider, Younoussa Bouba,
"le nom Gorges de Kola vient des premiers habitants de ces lieux qui s'appelaient les Kola. Les riverains du village Kola pratiquent la pêche quand la saison le permet, dont en saison des pluies entre mai et octobre, et ils s’improvisent guide touristique quand des étrangers surviennent entre octobre et mai donc en saison sèche"
.
D’après cette autorité municipale, plusieurs jeunes de la localité s’auto-emploient grâce à l’activité touristique de Kola.
"Ce site est une source des revenues non seulement pour les familles mais aussi pour la Mairie qui bénéficie des taxes payés par les visiteurs"
, a-t-il souligné. Selon le gouverneur de la région du Nord, Jean Abaté Edi’i, les touristes qui visitent le site sont pour la plupart des nationaux.
"L’insécurité à l’Extrême-nord avec les attaques de Boko Haram a eu un impact sur l’activité touristique dans la région en général et sur les Gorges de Kola en particulier. Les touristes étrangers qui visitaient le Nord et l’Extrême-Nord ont été mis en garde par leurs chancelleries respectives et ils ont eu peur. Très peu de visiteurs étrangers sillonnent la région depuis un certain temps"
, a expliqué le gouverneur du Nord.
