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L'Azerbaïdjan promet une "réintégration pacifique" du Karabagh après sa victoire éclair

L'Azerbaïdjan a assuré vouloir une "réintégration pacifique" du Nagorny-Karabagh après sa victoire éclair contre les séparatistes arméniens de ce territoire, disputé depuis des décennies, qui ont déposé les armes mercredi et accepté des pourparlers.

La rédaction
20:03 - 20/09/2023 mercredi
AFP
Le chef du département des relations extérieures de l'administration présidentielle de la République d'Azerbaïdjan, Hikmet Hajiyev. Crédit photo: AA
Le chef du département des relations extérieures de l'administration présidentielle de la République d'Azerbaïdjan, Hikmet Hajiyev. Crédit photo: AA
Vaincus en 24 heures, les séparatistes ont annoncé dans un communiqué la signature d'
"un accord sur une cessation complète des hostilités à 13H00 (09H00 GMT) avec la médiation du commandement des forces de paix russes"
.

Déployé dans la région depuis la fin du dernier conflit en 2020, ce contingent russe de maintien de la paix a affirmé dans la soirée qu'
"aucune violation du cessez-le-feu"
n'avait été
"enregistrée"
.

Deux soldats de ces troupes russes ont cependant été tués mercredi lorsque leur voiture a été visée par des tirs, a annoncé le ministère russe de la Défense, sans dire quel camp en avait été responsable.

Dans le détail, l'accord de cessez-le-feu, confirmé par Bakou, prévoit
"le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l'Arménie"
et
"la dissolution et le désarmement complet des formations de l'Armée de défense du Nagorny-Karabagh"

Les séparatistes ont en outre accepté d'avoir jeudi, dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, de premiers pourparlers sur
"la réintégration"
à l'Azerbaïdjan de ce territoire.

A la veille de ces discussions, Hikmet Hajiyev
,
un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, a assuré que l'Azerbaïdjan avait
"pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabagh"
et une
"normalisation"
des relations avec l'Arménie. 

Il a également promis
"un passage en toute sécurité"
aux forces séparatistes arméniennes, assurant que
"toutes les actions"
menées
"sur le terrain"
étaient coordonnées avec le contingent de maintien de la paix russe.

Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit toutefois les craintes d'un départ massif des 120.000 habitants du Nagorny-Karabagh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l'aéroport, contrôlé par les Russes, de Stepanakert, la capitale des séparatistes.


Plus de 3.100 personnes ont d'ores et déjà été évacuées par les forces russes et un nombre inconnu par les séparatistes arméniens.


Pachinian sous pression, Aliev renforcé


Le président du Conseil européen Charles Michel a, à cet égard, appelé mercredi l'Azerbaïdjan à
"garantir les droits et la sécurité"
des Arméniens du Nagorny-Karabagh.

Paris a de son côté affiché sa prudence.
"Un cessez-le-feu semble avoir été établi. Nous verrons si c'est bien le cas"
, a déclaré la cheffe de la diplomatie Catherine Colonna, aux Nations unies.

Cette capitulation des séparatistes a fait monter encore un peu plus la pression sur le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, critiqué pour ne pas avoir envoyé d'aide au Nagorny-Karabagh.


Au lendemain de heurts devant le siège du gouvernement, des manifestants y étaient de nouveau rassemblés, par milliers, mercredi vers 16H00 GMT. Pachinian
"doit partir, il ne peut pas diriger le pays"
, a déclaré l'un d'eux, Sarguis Hayats, un musicien de 20 ans. 


Usant la manne pétrolière pour renforcer son armée, Ilham Aliev est quant à lui en passe de réussir son pari de reprendre le contrôle de cette région, qui a été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6.500 morts).


Cette victoire
"va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev"
, au pouvoir depuis vingt ans, mais celui-ci va désormais devoir
"tenir sa promesse d'assurer les droits des Arméniens du Karabagh
", a souligné Chahin Hajiev, un expert azerbaïdjanais indépendant.

A Bakou, la population saluait dans la rue ce succès.
"Je pense que c'est une bonne chose pour l'Azerbaïdjan"
, a déclaré à l'AFP Elbrus Sahverdiev, un chef d'entreprise de 37 ans.
"Cela marque la fin de l'Arménie"
, a-t-il lancé, signe de la haine tenace vis-à-vis de cet Etat voisin.

Poutine espère un "règlement pacifique"


Totalement absorbée par la guerre en Ukraine depuis plus d'un an et demi, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, ont affirmé les séparatistes et Bakou. Mais Moscou, qui juge que la crise au Karabagh est une
"affaire intérieure"
de l'Azerbaïdjan, n'a jusqu'ici rien dit de l'accord.


Dans des propos diffusés par la télévision d'Etat, le président russe Vladimir Poutine a déclaré espérer un
"règlement pacifique"
de ce conflit, sans mentionner le cessez-le-feu. 

Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux et la Russie avaient appelé à un arrêt immédiat des combats, dès mardi. Des appels ignorés par le président azerbaïdjanais - soutenu par son allié historique turc -, qui a affirmé dans la matinée que l'assaut de son armée ne prendrait fin que si les séparatistes arméniens
"déposaient les armes"
.

Son conseiller Hikmet Hajiev a pour sa part jugé que la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU réclamée par la France n'était
"pas nécessaire"
, après la capitulation rapide des séparatistes arméniens et qu'elle serait même
"inefficace et préjudiciable"
.

Les autorités azerbaïdjanaises avaient déclenché la veille une opération antiterroriste au Nagorny-Karabakh, à la suite de la mort de six personnes dans l'explosion de mines posées par des
"saboteurs"
arméniens.

Considéré comme une région centrale à son histoire par l'Arménie, le Nagorny-Karabagh avait proclamé son indépendance de l'Azerbaïdjan avec le soutien d'Erevan au moment de la dislocation de l'URSS, en 1991. 


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