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Le "cinéma de résistance" vu par le réalisateur palestinien Rashid Masharawi

Le réalisateur palestinien Rashid Masharawi veut "exporter une image différente" de Gaza, à l'occasion de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, en Égypte, qui a pour thème cette année "le cinéma de résistance".

La rédaction
10:35 - 24/04/2024 mercredi
AFP
Le réalisateur palestinien, Rashid Masharawi.
Crédit Photo : KHALED DESOUKI / AFP
Le réalisateur palestinien, Rashid Masharawi.

Le festival d'Assouan, dans le sud de l'Égypte, a décidé de présenter six courts-métrages palestiniens.


Président d'un des jurys, M. Masharawi est connu internationalement pour avoir été le premier réalisateur à porter les couleurs palestiniennes à Cannes avec son film "Haïfa", présenté à la sélection officielle du festival en 1996. 

Né à Gaza de parents réfugiés originaires de Jaffa, l'homme de 62 ans qui réside désormais à Ramallah, en Palestine occupée, affirme à l'AFP 
"ne pas considérer l'art et le cinéma comme relevant uniquement du divertissement".  

Il s'interroge:


Si les festivals de cinéma ne jouent pas leur rôle quand des désastres d'ampleur surviennent, à l'image de ce qu'il se passe actuellement en Palestine, alors pourquoi existent-ils?

Parmi les six films palestiniens présentés au festival entre le 20 et 25 avril figure le documentaire de 14 minutes "Fils de soie" de la réalisatrice Wala Saadah, tuée le mois dernier à Gaza. Le film se penche sur les significations des broderies qui ornent les robes traditionnelles palestiniennes.


Sera aussi projeté le court-métrage de cinq minutes "Je suis de Palestine" de la réalisatrice Imane al-Dhawahari qui raconte l'histoire d'une Palestinienne-Américaine aux États-Unis, choquée de voir son pays absent des cartes qui lui sont présentées à l'école.


Le film documentaire de 16 minutes "A Cut Off Future" de la réalisatrice Alia Ardoghli raconte le quotidien sous occupation israélienne de 27 jeunes filles.


"Légitime défense?"


Dans son prochain film, un documentaire en cours de réalisation, M. Masharawi dit œuvrer pour déconstruire ce qu'il appelle
"le mensonge de la légitime défense"
d'Israël.

"L'occupation (en référence à Israël) a fait exploser le studio d'un artiste à Gaza avec des peintures et des statues"
. Et de poursuivre:

Où est la légitime défense quand on tue des artistes et des intellectuels en les traitant de terroristes?

Deux mois après le début de la guerre à Gaza, M. Masharawi s'est consacré à un nouveau projet: la création d'un fonds de soutien pour le cinéma dans le territoire assiégé.

Par l'initiative "Films from distance zero", il aide des réalisateurs gazaouis, qui, rappelle-t-il, vivent
"sous les bombardements"
de l'armée israélienne d'occupation, pour produire leur film.

Les réalisatrices sont actives dans le projet, M. Masharawi déclarant:


Toujours dans les moments les plus difficiles, nous trouvons la femme palestinienne en première ligne.

"Faire prévaloir la vérité"


Pour M. Masharawi, maintenant plus que jamais, il faut soutenir le cinéma et donner une image différente de Gaza pour, notamment,
"faire prévaloir la vérité face aux mensonges de l'occupation israélienne".

Au coeur de son travail: l'identité. Et d'expliquer:


Il est difficile (pour Israël) d'occuper nos mémoires, nos identités, notre musique, notre histoire et notre culture.

Israël
"gâche un temps fou pour un projet voué par avance à l'échec et qui tuera beaucoup d'entre nous",
s'indigne-t-il en référence à la guerre en cours à Gaza.

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