Dans les tréfonds de la roche finlandaise, les phares de lourdes machines projettent des ombres dans des tunnels angoissants et scintillants de gouttes d'eau, dans ce qui va bientôt devenir un cimetière potentiellement à haut risque.
Sur l'île verdoyante d'Olkiluoto dans le golfe de Botnie, au large de la côte ouest de la Finlande -où se trouve déjà le plus grand réacteur nucléaire d'Europe-, le projet censé résoudre l'épineux casse-tête du sort des déchets nucléaires touche à sa fin.
Peu carboné, le nucléaire représente une source d'énergie propre utile pour aider à contenir le réchauffement climatique.
Le stockage à long terme plombe les projets nucléaires dans le monde.
Selon la solution retenue par Posiva, l'exploitant d'Onkalo, conjointement avec les autorités suédoises, l'uranium usé sera enfermé dans d'épais étuis en cuivre et enfoui dans la roche, avant que le tunnel ne soit obturé avec un immense bouchon cunéiforme en acier renforcé.
Les travaux à Onkalo ("creux" en finnois) ont démarré en 2004 et les ultimes essais auront lieu début 2024. Mme Hansen précise:
Une fois qu'on sera sûr d'être prêt, on pourra passer à la phase opérationnelle au milieu des années 2020.
Radiations durables
Les délais considérables - quelque 250.000 ans pour les déchets les plus toxiques - nécessaires pour que les radiations retombent à des niveaux sûrs posent des défis de taille.
À titre de comparaison, l'Europe, il y a 250.000 ans, était dans une période glaciaire et occupée par des Néandertaliens et des mammouths, l'Homo sapiens ayant tout juste émergé en Afrique.
Dans les prochains millénaires, Olkiluoto pourrait devenir part du continent puisque le littoral finlandais s'étend. Ou bien être submergée du fait de l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique, selon Posiva.
Mais, insiste l'exploitant, les étuis sont conçus pour résister à des changements considérables.
Certains experts restent cependant dubitatifs.
Des chercheurs de l'École polytechnique (KTH) suédoise ont régulièrement mis en doute la sûreté du dispositif, invoquant les risques de corrosion du cuivre qui pourraient entraîner une fuite.
Des peurs balayées par les porteurs du projet. Pour l'Autorité de sûreté nucléaire finlandaise, Onkalo est conforme aux exigences.
D'autres projets dans les tuyaux
Des sites pour d'autres installations potentielles d'enfouissement ont été sélectionnés en Suède, en France et en Suisse. Une décision est aussi attendue sous peu au Canada. Mme Macfarlane estime que:
C'est la solution qui fait l'unanimité dans le monde pour le problème des déchets nucléaires.
Mais de nombreux projets se heurtent à des oppositions, comme Cigéo à Bure dans l'est de la France.
Le vent a néanmoins tourné en Finlande, selon Mme Hansen.
Le même mois, un sondage publié par l'association commerciale Finnish Énergy a mis en lumière un soutien record pour l'énergie nucléaire dans le pays, avec 68% d'avis favorables.