Depuis dimanche matin, lorsque le cessez-le-feu est entré en vigueur, je regarde des vidéos de personnes retournant à Gaza. Un groupe de jeunes hommes marchait en faisant la louange de la grandeur d’Allah (takbir). Ils se sont arrêtés. Ils se sont prosternés ensemble. Ils regardent fièrement les décombres. "Nous voici à Gaza, grâce à Dieu…"
Vous avez vu des gens chercher leur maison, n'est-ce pas ? Ils priaient pour que les maisons qu'ils avaient abandonnées pour sauver leur vie soient à nouveau habitables. "Mon Dieu, que s'est-il passé, notre maison n'est pas là", dit une jeune fille.
Dans l'autre vidéo, un jeune homme prépare du thé dans une théière noircie au milieu des ruines. Il était seul, il n'y avait personne autour de lui. Il regardait le feu qui s'élevait des broussailles qu'il avait enflammées, la tête baissée. Il était de dos.
Les Gazaouis retournent dans leurs villes avec la force d'âme de tuer la mort "au bout de 471 jours…"
Un homme était assis sur les ruines et observait son environnement. Il était sur le toit de sa maison en ruine. Lorsque la caméra s'est approchée, je me suis rendu compte qu'il était distrait. Il ne voyait manifestement pas la grisaille qui régnait partout où ses yeux pouvaient se poser, ni les ruines qui sentaient les décombres. Il a plissé les yeux pendant un moment. Il a baissé la tête vers le sol. Qui sait de quoi il se souvenait ? De son enfance ou de ses enfants ? Il s'est levé. Il agita les mains comme s'il lançait ce qui lui passait par la tête. Il avait dénoué une des boucles. Il s'est levé, a attendu un moment. Il avait réussi à se mettre debout et marchait maintenant.
Une femme avait retrouvé sa cuisine, où les bombes n'avaient pas lavé les plans de travail, et elle portait des casseroles et des poêles. Elle regardait autour d'elle. Son regard s'est posé sur quelque chose. Elle s'est penchée et l'a ramassé. C'était une louche en fer. Elle était intacte. Il ne manquait plus qu'une casserole, et si elle la trouvait, elle allait cuisiner. Avec quoi et sur quoi ? est-ce une question maintenant ? Elle était mère, elle avait déjà commencé la guerre pour la vie et la survie.
Que restait-il de Gaza pour qu'elle puisse y trouver une cuisinière. Pendant que je pensais à cela, la femme de Gaza a commencé à chercher la marmite, comme pour dire "d'accord". Je ne sais pas si elle l'a trouvée, car le caméraman était concentré sur la recherche dans d'autres décombres. On espérait que la marmite qui sortirait des décombres bouillirait sur le feu à allumer sur les pierres.
J'avais l'impression de voir une page du roman de Radva Ashur, La femme de Tantura :
"La guerre vous apprend à emporter la chose la plus importante quand vous devez quitter votre maison, une bouteille d'eau par exemple (...) Il est certain qu'il y a une quatrième, une cinquième, une sixième chose que la guerre vous apprend (...). Mais que l'on apprenne avant ou après, ce que l'on apprend toujours, c'est l'endurance. On attend et on endure..."
Je suis ensuite tombé sur une autre vidéo, celle du journaliste Jihad Shamalah, récitant une fois de plus l'appel à la prière dans la ville détruite de Jibaliya, dans un bâtiment sans murs qui avait survécu au milieu des ruines:
Shamalah réalisait le reportage en direct le plus important de sa vie de journaliste, annonçant la victoire de Gaza:
"Dieu est le plus grand,
Il n'y a pas d'autre dieu qu'Allah."
Israël, l'Amérique, les pays occidentaux et la pensée sioniste ont été vaincus par cette foi, cette croyance, ce courage et le rêve de réciter l'appel à la prière.
Les vidéos que j'ai regardées morceau par morceau ne dépassaient pas 4-5 minutes au total. Je ne sais pas combien de fois j'ai rembobiné certaines d'entre elles. Gaza était apparemment détruite, mais les nobles habitants de cette ville se tenaient debout. Gaza a été lourdement blessée, mais ses habitants héroïques n'ont pas baissé les bras. Les fils, les mères, les pères, les amis, les frères et les sœurs sont revenus. Sans compter le nombre de ceux qui leur manquaient, ils étaient réunis à Gaza, où ils étaient mille de plus.
Et nous... Qu'allons-nous faire pour ce peuple qui a vaincu le génocide sous nos yeux ? Quels sont nos devoirs ? Le cessez-le-feu nous fera-t-il oublier le génocide ? Notre lutte de boycott pour couper les vivres à ceux qui soutiennent financièrement les assassins va-t-elle s'affaiblir ?
Nous enfouissions notre douleur dans nos cœurs en disant: "Nous avons tellement mal, nous ne pouvons rien faire, nous pourrions au moins les nourrir, nous pourrions au moins leur fournir une tente et les réchauffer, mais l'aide ne part pas". Ces portes se sont ouvertes. Après 471 jours, nos frères et sœurs peuvent manger à leur faim. Ne devons-nous pas être ceux qui les réchauffent pendant qu'ils dorment sans entendre le bruit des bombes, n'est-ce pas ?
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