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Inde: un des principaux opposants entendu devant un tribunal

A moins d'un mois du début des élections en Inde, l'un des principaux opposants au Premier ministre Narendra Modi, a comparu vendredi devant un tribunal après son arrestation la veille dans le cadre d'une enquête pour corruption, qualifiée par ses partisans de "conspiration politique".

18:32 - 22/03/2024 vendredi
AFP
Des partisans du parti Aam Aadmi (AAP) protestent contre l'arrestation d'Arvind Kejriwal, leader de l'AAP et ministre en chef de Delhi, à New Delhi le 22 mars 2024.
Crédit Photo : Arun SANKAR / AFP
Des partisans du parti Aam Aadmi (AAP) protestent contre l'arrestation d'Arvind Kejriwal, leader de l'AAP et ministre en chef de Delhi, à New Delhi le 22 mars 2024.

Arvind Kejriwal, plus haut responsable politique de New Delhi, a été conduit dans la salle d'audience d'un tribunal de la capitale indienne, entouré d'officiers de l'Enforcement Directorate, pour demander sa mise en liberté sous caution.


Son équipe juridique voulait initialement contester la légalité de sa détention devant la Cour suprême, mais Shadan Farasat, un de ses avocats, a indiqué à l'AFP qu'elle le ferait plutôt devant un tribunal inférieur.


Ministre en chef de Delhi, M. Kejriwal, un des principaux dirigeants de l'alliance d'opposition qui va affronter M. Modi à partir du 19 avril aux prochaines élections, a été arrêté jeudi soir après plusieurs heures d'interrogatoire.

Des centaines de partisans de son parti Aam Aadmi (AAP) sont descendus dans la rue vendredi pour protester contre cette arrestation, la police dispersant une foule de manifestants qui tentaient de bloquer une intersection routière très fréquentée.


Plusieurs manifestants ont été arrêtés, dont la ministre de l'Education de l'Etat de Delhi, Atishi Marlena Singh, et son collègue de la Santé, Saurabh Bhardwaj, selon un journaliste de l'AFP sur place.


Mme Singh avait annoncé jeudi soir l'arrestation de M. Kejriwal, 55 ans, dénonçant une
"conspiration politique"
orchestrée par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) de M. Modi.
"Nous avons été clairs dès le début: si nécessaire, Arvind Kejriwal dirigera le gouvernement depuis sa prison"
, avait-elle déclaré à la presse.

D'autres petits rassemblement en soutien à M. Kejriwal ont eu lieu vendredi dans plusieurs villes indiennes. Le gouvernement de M. Kejriwal, qui fait lui-même campagne contre la corruption, a été accusé de corruption dans l'attribution de licences privées de vente d'alcool.

Il a introduit dans l'Etat de Delhi une politique controversée de libéralisation de la vente d'alcool en 2021, invitant des acteurs privés à ouvrir des magasins et mettant fin au monopole de l'Etat.


Cette politique de libéralisation a été interrompue en 2022 et l'enquête qui a suivi sur la corruption présumée dans l'attribution des licences a déjà abouti à l'emprisonnement de deux membres importants de l'AAP de M. Kejriwal.

Déclin de la démocratie


M. Kejriwal, 55 ans, qui a été ministre en chef de Delhi pendant près d'une décennie et a d'abord pris ses fonctions en tant que fervent défenseur de la lutte contre la corruption, avait résisté à plusieurs convocations de la Direction de l'application des lois pour être interrogé dans le cadre de l'enquête.


Il fait partie des principaux dirigeants de l'opposition à faire l'objet d'enquêtes criminelles dont les partisans affirment qu'elles sont motivées par des considérations politiques.

Selon le ministre en chef de l'Etat du Tamil Nadu (sud-est), M.K. Staline, membre du bloc d'opposition, l'arrestation de M. Kejriwal
"ressemble à une chasse aux sorcières désespérée
".
"Pas un seul dirigeant du BJP ne fait l'objet d'un examen minutieux ou d'une arrestation, ce qui témoigne de ses abus de pouvoir et du déclin de la démocratie"
, a-t-il ajouté.

Les opposants politiques de M. Modi et les groupes de défense des droits internationaux tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme sur le rétrécissement de l'espace démocratique en Inde.


Le groupe de réflexion américain sur la démocratie Freedom House a estimé cette année que le BJP avait
"de plus en plus instrumentalisé les institutions gouvernementales pour cibler ses opposants politiques".

Rahul Gandhi, membre du Congrès, principal parti d'opposition et descendant d'une dynastie qui a dominé la politique indienne pendant des décennies, a été reconnu coupable de diffamation l'année dernière à la suite d'une plainte déposée par un membre du parti de M. Modi.

Il a été condamné à deux ans de prison, mais le verdict a été suspendu en appel. L'AAP, le Congrès et plusieurs autres partis ont formé une coalition d'opposition en vue du scrutin qui se déroulera entre avril et juin.


Rares sont ceux qui s'attendent à ce que le bloc fasse une percée contre Narendra Modi, qui reste très populaire une décennie après son entrée en fonction.


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