
Depuis les premiers jours de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump s’est illustré dans une diplomatie économique coercitive d’ampleur. Entre sanctions économiques sur ses voisins et menaces sur la Chine, le Président américain restaure sa guerre économique qui secoue la géopolitique mondiale. Même l’Afrique qui croyait être son dernier souci n’est pas épargnée et les pays africains devront désormais faire face à un partenaire américain imprévisible qui a d’ores et déjà décidé de suspendre l’aide au développement.
On savait les Américains friands de sanctions économiques mais Donald Trump a le don de dépasser toutes les prévisions. De retour à la Maison Blanche après son premier mandat entre 2016 et 2020, le républicain a marqué son territoire dès les premiers jours de son nouveau mandat. Il a implémenté des sanctions contre le Canada et le Mexique -qu’il accuse de ne pas lutter suffisamment contre la drogue et l’émigration vers les Etats-Unis- avant de se rétracter.
En plus des menaces sur le Panama pour la gestion du Canal de Panama, le président américain cible aussi l’Europe. En ligne de mire, les cotisations au sein de l’OTAN et le pétrole américain qu’il veut forcer les Européens à acheter davantage. Si ces cibles ne surprennent personne, Trump a aussi cette fois-ci l’Afrique dans son collimateur.
L’aide suspendue
Dans la foulée, toujours sous l’influence de Musk (nommé à la tête du nouveau département américain de l'Efficacité gouvernementale (DOGE)), le Président américain s’en est pris à l’Afrique du Sud, qu’il accuse d’avoir passé une réforme agraire, discriminatoire selon lui, puisqu’elle est en défaveur, semble-t-il de la population blanche sud-africaine. Cette loi vise notamment à réparer les torts de l’apartheid en réattribuant certaines terres sans compensation, qui sont inutilisées ou laissées à l’abandon.
Etats-Unis, un partenaire désormais imprévisible
L’aide américaine couvre en Afrique plusieurs secteurs d’aide, de l’énergie à la faim, en passant par la santé, l’eau, l’éducation, les catastrophes naturelles ou encore les programmes pour la lutte contre le VIH Sida, notamment chers à l’Afrique du Sud. Même si on ne parle actuellement que d’une suspension, les conséquences pourraient être déjà désastreuses avec son lot de projets stoppés.
Quelles leçons ?
Comme il l’a fait concernant le Panama contraint désormais de revoir sa coopération avec la Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie, Donald Trump ne manquerait pas d’outils pour contraindre certains pays africains à revoir leurs relations avec Pékin si la rivalité sur le continent gagne davantage d’importance à ses yeux.
La diversification des partenaires, la coopération Sud-Sud et la coopération intra-africaine surtout dans le contexte de la ZLECAF, peuvent être des moyens de s’affranchir davantage de l’unilatéralisme et de l’imprévisibilité de Donald Trump dans ce contexte.
Les alternatives à Washington ?
Peu importe comment ces puissances émergentes se positionnent désormais face à l’unilatéralisme américain, c’est aux Etats africains de comprendre les enjeux géopolitiques du moment et de se préparer à un monde ou les leviers et les dépendances économiques seront de plus en plus militarisées à des fins politiques. Donald Trump pourrait bien donner des idées à d’autres puissances en perte de vitesse sur le continent…