Le Niger demande à la Croix-Rouge internationale de quitter le pays

13:196/02/2025, jeudi
AFP
 Un membre de la Croix-Rouge du Niger se tient à côté de personnes après que le Comité international de la Croix-Rouge a distribué de la nourriture aux personnes évacuées des îles nigériennes du lac Tchad, à Bosso, le 25 mai 2015.
Crédit Photo : Issouf SANOGO / AFP Archive
Un membre de la Croix-Rouge du Niger se tient à côté de personnes après que le Comité international de la Croix-Rouge a distribué de la nourriture aux personnes évacuées des îles nigériennes du lac Tchad, à Bosso, le 25 mai 2015.

Une nouvelle organisation humanitaire est priée de plier bagage au Niger : le régime militaire au pouvoir a demandé au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de quitter le pays avec effet immédiat.

Selon une source proche du dossier, le régime militaire nigérien a
"dénoncé les accords"
avec le CICR et certains expatriés ont commencé à quitter le pays.

Le bureau de la délégation à Niamey a fermé depuis mardi, a-t-elle ajouté.


Le média nigérien 'Aïr Info' a confirmé que le gouvernement nigérien avait ordonné, dans une note verbale, la fermeture des bureaux et le départ immédiat du personnel expatrié.


Aucune raison n'a été dévoilée à ce stade pour cette décision.

Le régime militaire nigérien, arrivé au pouvoir en juillet 2023 par un putsch, a fait de la souveraineté nationale une de ses priorités.


Il a notamment chassé les soldats français et américains engagés dans la lutte contre le terrorisme de son sol, expulsé l'ambassadeur français puis celui de l'Union européenne, et s'est rapproché de nouveaux partenaires comme la Russie ou la Türkiye.


"Accointances"


Mais certaines organisations humanitaires sont aussi dans leur viseur.


Fin janvier, le ministre de l'Intérieur, le général Mohamed Toumba, cadre du régime militaire, avait affirmé prendre
"d'importantes mesures pour assurer le suivi et l'encadrement des ONG et des organisations de développement".

"Nos enquêtes ont permis de découvrir qu'il y a beaucoup d'ONG qui sont en accointances avec ces partenaires qui nous portent la guerre à travers des missions de subversion (...) à travers des soutiens qu'ils apportent souvent aux terroristes",
a-t-il précisé, expliquant prôner
"la souveraineté".

En novembre, les autorités avaient retiré l'autorisation d'exercer à l'ONG française Acted et à l'association nigérienne Action pour le bien-être (ABPE), sans préciser les motifs.

Le Niger continue toutefois de recevoir l'aide d'organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), qui a conclu en novembre un accord avec Niamey pour le décaissement de 43 millions de dollars.


Le CICR était présent au Niger depuis 1990. Ces dernières années, il venait en aide aux personnes touchées par les violences terroristes qui frappent le pays, notamment dans la zone du Liptako-Gourma (sud-ouest) et du bassin du lac Tchad (est).

Le pays est confronté depuis une dizaine d'années aux attaques de groupes affiliés à Daesh et Al-Qaïda.


Lundi, dix soldats ont été tués dans la région de Tillabéri, lors d'une
"embuscade",
selon l'armée.

Cette région est devenue l'épicentre des violences terroristes dans le pays. Deux opérations d'envergure de l'armée y sont déployées.


Elle est également le lieu de passage de milliers de camions de fret du Niger arrivant chaque mois du port de Lomé, au Togo, via le nord du Burkina Faso, sous escorte des armées des deux voisins.

Début décembre 2024, 21 civils qui rentraient d'une foire hebdomadaire à bord d'un véhicule ont été froidement assassinés par des terroristes présumés sur cet axe routier.


Avec ses deux voisins, le Burkina Faso et le Mali, eux aussi confrontés aux mêmes violences et gouvernés par des juntes, le Niger a annoncé la création prochaine d'une force commune de 5.000 hommes.

Les trois pays, qui ont formé une confédération, l'Alliance des États du Sahel (AES), ont quitté fin janvier la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).


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