
Le scandale lié aux accusations de violences et de violences sexuelles qui visent l'établissement privé catholique Notre-Dame de Bétharram, situé sur la commune de Lestelle-Bétharram, à proximité de Pau, ne cesse d'agiter la sphère politique française.
Et pour cause, le Premier ministre François Bayrou, actuel maire de Pau, et dont les enfants ont été scolarisés au sein de ce groupe scolaire, est accusé d'avoir eu connaissance des faits, sans jamais les avoir dénoncés, y compris à l'époque où il était ministre de l'Education Nationale, dans les années 90.
S'il a affirmé mardi face à l'Assemblée nationale, n'avoir jamais rien su de la gravité des accusations dirigées contre Notre-Dame de Bétharram, de nombreuses preuves publiées notamment par Mediapart, sont venues contredire ses déclarations, mettant à mal sa défense dans cette épineuse affaire qui embarrasse jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.
Au sein de cet établissement catholique réputé pour son extrême rigueur, de nombreux élèves ont vécu un véritable calvaire, et décrivent des scènes de viols, d'humiliations et de violences qu'ils ont subis de la part de surveillants et de prêtres.
Si pendant des années, l'omerta a régné, permettant à la direction de l'établissement de cacher ces terribles faits, une première plainte a été déposée en 1996, par les parents d'un élève, pour une gifle après que leur fils a été mis dehors en petite tenue sous des températures glaciales au milieu de la nuit, en guise de punition.
Très vite, d'autres familles se signalent mais un rapport académique diligenté dans la foulée conclut à l'absence de faits répréhensibles.
Mais ses explications peinent à convaincre, et les révélations publiées dans la presse, dont le témoignage du juge Mirande, et un courrier qui lui a été adressé courant 2024 par l'une des victimes à la mairie de Pau, tendent à prouver que le chef du gouvernement en savait peut-être plus que ce qu'il admet aujourd'hui.
Samedi dernier, dans les locaux de l'Hôtel de Ville palois, François Bayrou, acculé par la polémique qui enfle et la multiplication des appels à sa démission, a reçu l'association des victimes de Bétharram, présidée par Alain Lesquerre.
Au terme de plus de trois heures d'échanges, le locataire de Matignon a maintenu sa ligne de défense en affirmant avoir fait le nécessaire durant son passage au ministère de l'Education nationale.
Et de conclure:
Notre société toute entière ne peut pas accepter que ces violences demeurent ignorées (…). Les coupables ne peuvent pas rester à l'abri.
Mais dès dimanche soir, TF1 mettait à nouveau à mal la position de François Bayrou qui affirmait notamment ne pas savoir qui était le Père Carricart, accusé de multiples viols sur mineurs à Bétharram avant de suicider en 2000, en diffusant le témoignage d'un ancien gendarme en charge de l'enquête, qui indique que l'actuel Premier ministre s'était informé sur l'avancée de l'affaire durant l'enquête auprès du tribunal de Pau.
Le groupe LFI à l'Assemblée nationale qui exige la démission de François Bayrou, a effectué un signalement au parquet, et réclame l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire.
Face à la pression, le ministère de l'Education nationale, dirigé par Elisabeth Borne, a annoncé vendredi, qu'il déclenchait une inspection à Bétharram afin qu'un rapport circonstancié puisse permettre d'établir un état des lieux complet de la situation du groupe scolaire catholique.
L'Assemblée nationale décidera, mercredi, de l'ouverture d'une commission d'enquête. Dans l'attente, les victimes espèrent que l'enquête en cours permettra d'établir les responsabilités de chacun, et de sanctionner lourdement les faits qui ne sont pas encore prescrits.