
TotalEnergies est au cœur d’un nouveau scandale environnemental en Ouganda. Selon des documents confidentiels révélés par Mediapart, le géant pétrolier français bénéficie de "permis de détruire" rédigés par des cabinets d’audit environnemental qui lui sont inféodés.
Le projet Tilenga, mené par TotalEnergies, menace gravement la biodiversité du parc national Murchison Falls, une réserve naturelle d’exception. Depuis l’été 2023, TotalEnergies fore plus de 400 puits de pétrole à proximité du lac Albert, dont un tiers dans le parc national Murchison Falls, la plus grande réserve naturelle protégée d’Ouganda. Ce site abrite plus de 140 espèces de mammifères, notamment des éléphants, des lions et des hippopotames, dont certaines sont menacées de disparition.
Des cabinets d’audit sous influence
L’enquête de Mediapart révèle cependant que deux cabinets d’audit – le français Biotope et le britannique The Biodiversity Consultancy – ont rédigé des rapports confidentiels mettant en évidence l’insuffisance des mesures de préservation environnementale de TotalEnergies. Problème: ces bureaux d’études, censés être indépendants, sont en réalité sous l’influence directe de la multinationale, qui valide et édulcore leurs recommandations.
Ces révélations s’appuient sur des documents obtenus par l’ONG Climate Whistleblowers. TotalEnergies a refusé de commenter les faits.
Dans ce cadre, le groupe français a commandé une évaluation d’impact environnemental et social (ESIA) en 2019. Celle-ci repose sur la démarche ERC ("éviter, réduire, compenser"), censée limiter les dégâts écologiques. Mais selon *Mediapart*, les mesures mises en place restent largement insuffisantes et certaines décisions écologiques du projet Tilenga restent secrètes.
Alors que la controverse enfle, ce nouvel épisode met en lumière les stratégies des multinationales pour contourner les normes environnementales, au détriment d’écosystèmes uniques et fragiles.