Ouganda: TotalEnergies accusé de saccager un parc naturel avec la complicité de cabinets d'audit

La rédaction
21:1717/02/2025, Pazartesi
MAJ: 18/02/2025, Salı
Yeni Şafak
Entrée de la plateforme de bioraffinerie de La Mède, à Châteauneuf-les-Martigues, dans le sud de la France, le 28 janvier 2025.
Crédit Photo : MIGUEL MEDINA / AFP
Entrée de la plateforme de bioraffinerie de La Mède, à Châteauneuf-les-Martigues, dans le sud de la France, le 28 janvier 2025.

TotalEnergies est au cœur d’un nouveau scandale environnemental en Ouganda. Selon des documents confidentiels révélés par Mediapart, le géant pétrolier français bénéficie de "permis de détruire" rédigés par des cabinets d’audit environnemental qui lui sont inféodés.

Le projet Tilenga, mené par TotalEnergies, menace gravement la biodiversité du parc national Murchison Falls, une réserve naturelle d’exception. Depuis l’été 2023, TotalEnergies fore plus de 400 puits de pétrole à proximité du lac Albert, dont un tiers dans le parc national Murchison Falls, la plus grande réserve naturelle protégée d’Ouganda. Ce site abrite plus de 140 espèces de mammifères, notamment des éléphants, des lions et des hippopotames, dont certaines sont menacées de disparition.


Malgré l’ampleur des travaux, TotalEnergies assure que l’extraction quotidienne de 200 000 barils de pétrole ne nuira pas à l’environnement. L’entreprise, soutenue discrètement par le président français Emmanuel Macron, affirme même que son projet aura un
"impact positif net sur la biodiversité".

Des cabinets d’audit sous influence


L’enquête de Mediapart révèle cependant que deux cabinets d’audit – le français Biotope et le britannique The Biodiversity Consultancy – ont rédigé des rapports confidentiels mettant en évidence l’insuffisance des mesures de préservation environnementale de TotalEnergies. Problème: ces bureaux d’études, censés être indépendants, sont en réalité sous l’influence directe de la multinationale, qui valide et édulcore leurs recommandations.


Ces révélations s’appuient sur des documents obtenus par l’ONG Climate Whistleblowers. TotalEnergies a refusé de commenter les faits.


Pour justifier son projet, TotalEnergies met en avant son respect des normes internationales, notamment la norme controversée "PS6" de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale. Cette norme impose une
"absence de perte nette"
de biodiversité et même un
"gain net"
pour les habitats critiques.

Dans ce cadre, le groupe français a commandé une évaluation d’impact environnemental et social (ESIA) en 2019. Celle-ci repose sur la démarche ERC ("éviter, réduire, compenser"), censée limiter les dégâts écologiques. Mais selon *Mediapart*, les mesures mises en place restent largement insuffisantes et certaines décisions écologiques du projet Tilenga restent secrètes.


Alors que la controverse enfle, ce nouvel épisode met en lumière les stratégies des multinationales pour contourner les normes environnementales, au détriment d’écosystèmes uniques et fragiles.


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