Présidentielle au Cameroun: Le soutien des chefs traditionnels à la candidature du président suscite la controverse

La rédaction
16:015/02/2025, Çarşamba
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
À l’approche de la présidentielle de 2025, le soutien des chefs traditionnels à Paul Biya suscite des réactions au Cameroun.

À l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, le paysage politique camerounais est en pleine effervescence. Le 27 janvier 2025, à Yaoundé, le Conseil national des Chefs traditionnels du Cameroun a officiellement exprimé son soutien à la candidature du président Paul Biya, un soutien qualifié de "ferme et définitif". Cette annonce, bien que prévisible au regard de l’histoire politique du pays, suscite des réactions variées au sein de la société camerounaise.

Contexte de la réunion


La réunion qui a eu lieu au Palais des congrès de Yaoundé a rassemblé près d’une centaine de chefs traditionnels issus des dix régions du Cameroun. Présidée par le Ministre de l’Administration Territoriale, Atanga Nji Paul, cette rencontre a également été l’occasion de présenter le nouveau bureau exécutif du Conseil. Sa Majesté Royale Guy Tsala Ndzomo, premier vice-président du bureau exécutif, a salué le soutien du président Biya envers le Conseil et a mis en avant son engagement pour la promotion du patrimoine culturel.


Les chefs traditionnels ont souligné leur rôle crucial dans la promotion de l’unité nationale et du vivre ensemble.
Le ministre a également réaffirmé que leur existence facilitait les politiques de développement du gouvernement, positionnant les chefs comme des auxiliaires indispensables de l’administration.

Un soutien controversé


Le soutien des chefs traditionnels à Paul Biya n’est pas sans controverse.
À 92 ans, le président, qui a déjà passé 42 ans au pouvoir, est une figure divisée.
Bien que les chefs aient exprimé leur confiance en son expérience, de nombreux Camerounais remettent en question sa capacité à diriger le pays. Les critiques se concentrent sur l’âge du président et sur la situation socio-économique du Cameroun, qui a suscité des inquiétudes parmi les citoyens et des autorités religieuses, poussant certains évêques de l’église catholique, très influente dans le pays, à inviter le président à ne pas se représenter.

Réactions publiques


Des voix dissonantes se sont élevées contre cette prise de position.
Des observateurs politiques soulignent que les chefs traditionnels, en tant qu’auxiliaires de l’administration, ne peuvent pas véritablement représenter l’opinion publique.
Le père jésuite Ludovic Lado a exprimé son scepticisme sur Facebook, affirmant que le soutien des chefs ne représentait que leurs intérêts personnels et qu’ils risquaient d’être boycottés par la population.

Le politologue Moussa Njoya a également critiqué la présence d’imams lors de cette rencontre, soulevant des questions sur la pertinence de leur rôle dans le débat politique. Il a comparé la situation au Sénégal, au Mali et au Nigeria, où les débats politiques sont souvent menés par des figures religieuses, plutôt que par des chefs traditionnels.


Calixthe Beyala, écrivaine panafricaniste très réputée, a quant à elle exprimé son désenchantement face à la situation. Elle a décrit les chefs traditionnels comme des
"photocopies"
de leurs homologues, qui défendent leurs intérêts plutôt que ceux de la population.
Sa déclaration souligne un sentiment de rejet généralisé envers le soutien apporté à Biya, avec une préférence marquée pour un changement de leadership.

Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a également critiqué cette dynamique. Il a insisté sur le fait que la candidature d’un citoyen est une affaire individuelle et que les chefs traditionnels ne devraient pas se prononcer en faveur d’un candidat, soulignant ainsi la nécessité d’une séparation entre administration et politique.


Conclusion


Les mois qui précèdent l’élection seront cruciaux pour la mobilisation des électeurs et la formulation de nouvelles alliances politiques. Le soutien des chefs traditionnels à Paul Biya représente un tournant dans la préparation des élections présidentielles au Cameroun.


Alors que le pays se prépare à voter, cette dynamique met en lumière les défis auxquels est confrontée la société camerounaise. La question de la légitimité de ce soutien, ainsi que les préoccupations concernant l’âge et l’expérience du président, continueront sans aucun doute à alimenter le débat public dans les mois à venir.


Par
Franck Péraise Mballa

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