La mort du chef d’état-major libyen Haddad dans un accident d’avion est profondément attristante. À Ankara, ceux qui le connaissaient disent qu’" il était un patriote libyen et un ami de la Türkiye" . Il se rendait fréquemment en Türkiye. C’est une perte majeure pour la Libye. La région est sous tension. L’amitié que la Türkiye a nouée avec la Libye bouleverse les équilibres de la coalition anti-turque en Méditerranée orientale. C’est pourquoi cet accident a suscité une sensibilité particulière.
La mort du chef d’état-major libyen Haddad dans un accident d’avion est profondément attristante. À Ankara, ceux qui le connaissaient disent qu’"
il était un patriote libyen et un ami de la Türkiye"
. Il se rendait fréquemment en Türkiye. C’est une perte majeure pour la Libye.
La région est sous tension. L’amitié que la Türkiye a nouée avec la Libye bouleverse les équilibres de la coalition anti-turque en Méditerranée orientale. C’est pourquoi cet accident a suscité une sensibilité particulière. La question
a immédiatement été posée. Le fait que l’avion se soit écrasé par le nez, qu’un message d’urgence ait été transmis et que les échanges entre le pilote et la tour de contrôle soient connus réduit fortement la probabilité d’un sabotage. Aucun indice ne laisse penser à une explosion en vol. Cependant… le
"nouvel ennemi de la région"
est particulièrement insidieux. C’est pourquoi l’incident est examiné sous tous ses angles.
Ceux qui perdent du terrain provoquent
Dans la région, ceux qui attisent les conflits, au premier rang desquels Israël, perdent du terrain. Pour conserver leurs acquis, ils recourent à la provocation. On le voit par exemple en Ukraine : d’un côté, des tentatives de négociation, de l’autre, des efforts pour approfondir les affrontements. Tandis que Trump et Poutine gagnent, certains pays européens perdent. Dans ce contexte, nous suivons un processus où des navires sont ciblés par des véhicules maritimes sans pilote, où le conflit s’étend à la mer Noire et va même au-delà, jusqu’à la Méditerranée. Un drone kamikaze lancé depuis l’Ukraine a ainsi visé un navire russe au large de la Libye.
Les drones non identifiés qui pénètrent dans l’espace aérien turc s’inscrivent dans ce cadre. Le premier a été abattu par des F-16. Le deuxième a été retrouvé à İzmit, le troisième à Balıkesir. Comment ces drones arrivent-ils ? On explique qu’une guerre électronique d’une intensité extrême se déroule en mer Noire, avec de puissants brouilleurs. Soit. Mais d’autres détails interpellent. D’après une source, les caméras du drone retrouvé à Manyas avaient été retirées. Comment ce drone a-t-il pu parvenir jusqu’à Balıkesir sans
A-t-il été amené là ? Ces drones ont-ils été lancés depuis l’Ukraine, depuis la Russie ou depuis un navire en mer Noire ? Les Russes évoquent la possibilité d’une provocation. Il faut envisager toutes les hypothèses.
Tel Aviv attise la tension
Une véritable guerre des nerfs est en cours entre la Türkiye et Israël. Tel Aviv fait monter la pression. La perte de positions régionales d’Israël et les évolutions attendues en Syrie expliquent en partie cette attitude. Mais il y a plus. Selon la presse israélienne, le 29 décembre, Trump formulera des exigences claires à Netanyahu concernant Gaza et la Syrie. La participation de la Türkiye à une Force internationale de stabilisation déployée à Gaza devrait dominer l’agenda. Toujours selon ces médias, Netanyahu, qui ne souhaite pas dire non à Trump, posera des conditions. Il demandera notamment
"un adoucissement du ton de la Türkiye à l’égard d’Israël".
Or, en ciblant régulièrement Ankara, Netanyahu pousse précisément la Türkiye à durcir son discours. Le message du président Erdoğan,
"nous ne tomberons pas dans le piège, nous ne céderons pas aux provocations"
, doit être lu à la lumière de cette analyse.
Les tentatives de constitution d’une coalition anti-turque en Méditerranée orientale ne sont pas nouvelles. Par le passé, des pays du Golfe, l’Égypte, Israël, l’administration chypriote grecque, la Grèce et la France s’étaient rassemblés. La Türkiye avait alors brisé cette alliance en affirmant sa présence militaire sur le terrain et en réparant ses relations avec certains acteurs. Aujourd’hui, Ankara fait face à un axe Israël-Grèce-administration chypriote grecque, plus faible que le précédent. Israël traverse la période la plus solitaire de son histoire. La Grèce et l’administration chypriote grecque ne sont que des pions de cet axe. Ils lancent des avertissements du type
"ne testez pas notre détermination"
. Dans ce contexte, il est significatif que le président Erdoğan ait rencontré le président libanais et déclaré que
"la Türkiye est prête à prendre part aux mécanismes internationaux qui soutiendront la stabilité du Liban".
Ce geste doit être interprété à l’aune de Gaza et de la Méditerranée orientale.
Lorsque les événements de Soueïda ont éclaté, Israël avait pris Damas pour cible. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Şeybani, s’était alors rendu d’abord à Ankara, puis à Moscou. Après ces visites, nous avions avancé que
"la Russie pourrait reprendre des patrouilles militaires dans le sud de la Syrie"
. La présence russe dans cette région est une exigence israélienne :
"plutôt que la Türkiye, que les Russes arrivent".
D’après des informations qui ont filtré, les Américains approuvent également cette option. Le fait que Şeybani se rende à nouveau à Moscou, juste après la visite de la délégation turque à Damas cette semaine, est significatif.
Il apparaît que le dossier Israël-Syrie entre dans une nouvelle phase. Mais les Forces démocratiques syriennes persistent dans leur revendication fédéraliste. Point crucial : le ministre Fidan et son homologue syrien Şeybani ont déclaré à Damas que ces forces ne manifestaient pas de volonté réelle et adoptaient une stratégie de temporisation. Cette mise en garde est intervenue après la lecture d’un texte exposant la position finale des FDS. Le fait que l’organisation terroriste ait attaqué Alep au moment où la délégation turque quittait Damas a confirmé ces avertissements. Que va-t-il se passer ?
Pour la première fois, mes sources restent silencieuses sur ce point. Sommes-nous arrivés au point où les mots ne suffisent plus ? Continuons d’observer.
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