Allemagne: se relancer en débloquant le "frein" de la dette ?

20:4716/02/2025, Pazar
MAJ: 16/02/2025, Pazar
AFP
Le chancelier allemand Olaf Scholz, principal candidat à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, sourit alors qu'il s'adresse à des invités lors d'un événement de campagne électorale à la Loewenbraeukeller, une cave à bière bavaroise à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 15 février 2025, une semaine avant les élections législatives du 23 février.
Crédit Photo : Michaela STACHE / AFP
Le chancelier allemand Olaf Scholz, principal candidat à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, sourit alors qu'il s'adresse à des invités lors d'un événement de campagne électorale à la Loewenbraeukeller, une cave à bière bavaroise à Munich, dans le sud de l'Allemagne, le 15 février 2025, une semaine avant les élections législatives du 23 février.

Le gouvernement d'Olaf Scholz s'est disloqué fin 2024 en raison d'un désaccord sur le déficit budgétaire. Le prochain pourrait briser un tabou national en assouplissant les règles très strictes en matière d'endettement.

Car de la défense, suite aux menaces de désengagement des Etats-Unis de Donald Trump, à la récession économique, il y a urgence à investir dans le pays.


Débat national


Dans la dernière ligne droite avant les élections législatives du 23 février, le débat est vif sur le besoin de réformer le
"frein à la dette"
publique, au moment où l'Allemagne est menacée en 2025 d'une troisième année de récession d'affilée, du jamais vu depuis 1945.

Ce mécanisme a contribué à la rigueur budgétaire allemande, mais est aussi critiqué pour limiter les investissements publics alors que les besoins sont énormes.


Sur le plan intérieur, il faut réparer des milliers de ponts, résorber les retards chroniques des trains, moderniser les écoles, améliorer la couverture internet et décarboner l'économie en subventionnant les technologies vertes.

Menace russe


Suite à l'invasion russe de l'Ukraine, l'Allemagne doit en outre réinvestir dans sa défense militaire après des décennies où elle a pu se reposer sur le
"parapluie"
américain.
L'équipe du président Donald Trump a clairement fait savoir que cette ère était achevée.  

De plus en plus de voix, y compris l'orthodoxe Banque fédérale (Bundesbank), plaident pour une réforme de la règle inscrite dans la constitution et qui limite le déficit public de l'Etat à 0,35 % du Produit intérieur brut (PIB).


Ce dispositif,
"le Schuldenbremse",
a été introduit par Angela Merkel et son parti conservateur après la crise financière mondiale pour s'assurer que l'Allemagne resterait vertueuse.

Il ne peut être suspendu qu'en cas de crise économique grave ou de situation exceptionnelle, comme la pandémie de Covid-19.

Favori pour la chancellerie, le conservateur Friedrich Merz (CDU) se dit lui aussi ouvert à en discuter, mais
"pas au début"
de son mandat. Il privilégie économies et réaffectations budgétaires, et son programme prévoit de maintenir le frein à la dette.

Modernisation des infrastructures


Sans réforme de ce carcan institutionnel, l'argent nécessaire pour investir devra être pris sur les retraites, la santé ou la modernisation économique, a averti son adversaire, le chancelier social-démocrate sortant Olaf Scholz, candidat à sa réélection.


Le ministre sortant de l'Économie, Robert Habeck (Verts), veut aussi desserrer l'étau budgétaire pour relancer la croissance.


Mais pour l'ex-ministre libéral des Finances, Christian Lindner, ce frein demeure un totem, garant d'une gouvernance responsable. 


Il était au cœur de la querelle budgétaire qui a fait chuter la coalition avec les Verts et sociaux-démocrates suite à un arrêt retentissant de la Cour constitutionnelle en 2023, supprimant 60 milliards d'euros de crédits.

Marges budgétaires


Il est
"pratiquement certain (que le pays) contractera à l'avenir davantage de dettes pour les infrastructures publiques et la défense",
dit Klaus Baader, chef économiste chez Société Générale.

L'Otan pourrait devoir augmenter son objectif de dépenses de 2 % à 3 % du PIB, sous la pression des États-Unis, impliquant un surplus budgétaire proche de 30 milliards par an pour l'Allemagne à compter de 2028.

Selon le think tank berlinois Dezernat Zukunft, la première économie européenne devra en tout investir 782 milliards d'euros (Etat, régions, communes) d'ici 2030 pour relever les défis géopolitiques, démographiques, climatiques et économiques.


"Il est peu probable que ces dépenses soient compensées par des coupes ailleurs ou des hausses d'impôts",
prévient M. Baader. 

Avec une dette publique autour de 60% du PIB – contre plus de 100% dans la plupart des pays du G7 – l'Allemagne
"a une marge pour des déficits temporairement plus élevés",
ajoute l'économiste.

Lever cet obstacle nécessiterait cependant une majorité des deux tiers au Parlement pour modifier la Constitution. 
"Si cela devait arriver, ce ne serait pas avant fin 2025 ou 2026",
pense M. Baader. 

L'alternative pour contourner le frein passerait par un fonds hors budget comme après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Mais cela
"exigerait aussi une majorité des deux tiers"
et ferait donc face aux
"mêmes obstacles politiques".

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