
"Démotivés" et "frustrés", les militants de la cause environnementale en Allemagne, pays jadis à la pointe de la défense du climat, ont le moral en berne. Cette question est largement absente de la campagne électorale, à l'image du désintérêt croissant de l'opinion.
Les activistes ont organisé vendredi d'ultimes rassemblements pour tenter de mobiliser à un peu plus d'une semaine des législatives.
A l'appel du collectif Fridays for Future, des manifestants se sont rassemblés vendredi dans 150 villes du pays pour exiger du futur gouvernement une politique climatique ambitieuse, dont plusieurs centaines de personnes à Berlin, devant la mythique porte de Brandebourg.
Omniprésent lors du précédent scrutin de 2021, le sujet est à peine abordé cette fois dans la campagne, remplacé par les questions d'immigration et d'insécurité et la crise économique que traverse l'Allemagne.
Climat en "bas de page"
C'est que seulement 12% des électeurs considèrent aujourd'hui la protection du climat et de l'environnement comme une priorité, selon un sondage de la chaîne publique ARD. Ils étaient plus du double en 2021.
La tendance est perceptible dans toute l'Europe, où le "Pacte vert" de la Commission européenne pour encourager la transition climatique est de plus en plus contesté.
En Allemagne, le climat n'a pas eu voix au chapitre lors du premier débat télévisé entre le chancelier social-démocrate Olaf Scholz et son rival conservateur Friedrich Merz, favori des élections.
Malgré la popularité de Robert Habeck, les Verts plafonnent en quatrième position des sondages, autour de 14%, légèrement moins que leur record des dernières législatives.
En 2021, ils surfaient sur le succès des mobilisations mondiales de Fridays for Future, dont l'Allemagne était une place forte.
Verts impopulaires
Suite au scrutin de 2021, le parti écologiste avait retrouvé le pouvoir et décroché deux portefeuilles clés (Économie et Affaires étrangères), au sein d'une coalition avec les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les libéraux.
Entre une législation mal ficelée et très impopulaire sur la modernisation des chaudières et le développement de l'éolien, les Verts ont perdu beaucoup de plumes dans l'opinion. Leurs mesures sont dénoncées comme trop coûteuses par beaucoup de ménages et par l'opposition de droite.
Le gouvernement a aussi affronté une crise énergétique inédite provoquée par la guerre en Ukraine.
Après un ralentissement de la baisse des émissions l'an dernier, le pays manquera ses objectifs en 2030 s'il ne change pas de trajectoire, d'après un récent rapport d'experts du climat.