En Allemagne, la cause climatique inaudible avant les élections législatives

14:5215/02/2025, Cumartesi
MAJ: 15/02/2025, Cumartesi
AFP
Des participants défilent lors d'une manifestation « Vendredi pour l'avenir » dans le cadre d'une protestation nationale pour l'action climatique à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 14 février 2025.
Crédit Photo : Kirill KUDRYAVTSEV / AFP
Des participants défilent lors d'une manifestation « Vendredi pour l'avenir » dans le cadre d'une protestation nationale pour l'action climatique à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 14 février 2025.

"Démotivés" et "frustrés", les militants de la cause environnementale en Allemagne, pays jadis à la pointe de la défense du climat, ont le moral en berne. Cette question est largement absente de la campagne électorale, à l'image du désintérêt croissant de l'opinion.

Les activistes ont organisé vendredi d'ultimes rassemblements pour tenter de mobiliser à un peu plus d'une semaine des législatives.


A l'appel du collectif Fridays for Future, des manifestants se sont rassemblés vendredi dans 150 villes du pays pour exiger du futur gouvernement une politique climatique ambitieuse, dont plusieurs centaines de personnes à Berlin, devant la mythique porte de Brandebourg.


"Je crois que les gens n'ont peut-être plus la flamme pour la question climatique, et le sujet est aussi sorti du champ politique"
, constate amèrement Marie Wenger, étudiante de 26 ans.

Omniprésent lors du précédent scrutin de 2021, le sujet est à peine abordé cette fois dans la campagne, remplacé par les questions d'immigration et d'insécurité et la crise économique que traverse l'Allemagne.


Climat en "bas de page"


C'est que seulement 12% des électeurs considèrent aujourd'hui la protection du climat et de l'environnement comme une priorité, selon un sondage de la chaîne publique ARD. Ils étaient plus du double en 2021.


La tendance est perceptible dans toute l'Europe, où le "Pacte vert" de la Commission européenne pour encourager la transition climatique est de plus en plus contesté.


En Allemagne, le climat n'a pas eu voix au chapitre lors du premier débat télévisé entre le chancelier social-démocrate Olaf Scholz et son rival conservateur Friedrich Merz, favori des élections.


Pendant 90 minutes, les deux prétendants à la chancellerie se sont écharpés sur le droit d'asile, le soutien à l'industrie ou la guerre en Ukraine.

"Il manquait quelque chose dans le duel entre le chancelier Olaf Scholz et Friedrich Merz. C'est l'avenir"
, a taclé mardi le ministre de l’Économie et du Climat Robert Habeck, chef de file des Verts.

Le climat n'est
"qu'une note de bas de page pour les partis, cela nous inquiète grandement"
, déplore Stefanie Langkamp, présidente de l'Alliance pour le climat, composée de 150 organisations de la société civile.

"Jusqu'à récemment, même les Verts eux-mêmes n'ont pas mis le sujet au centre. Parce que politiquement, il n'y a rien à gagner avec ce sujet en ce moment"
, a observé l'hebdomadaire Der Spiegel cette semaine.

Malgré la popularité de Robert Habeck, les Verts plafonnent en quatrième position des sondages, autour de 14%, légèrement moins que leur record des dernières législatives.


En 2021, ils surfaient sur le succès des mobilisations mondiales de Fridays for Future, dont l'Allemagne était une place forte.


"A l'époque, nous étions déjà dans la rue et les gens étaient plus enthousiastes"
, se remémore Fabian Pensel, 41 ans, à la manifestation berlinoise.
"Aujourd'hui, on sent plutôt une frustration, une déception vis-à-vis du gouvernement"
, ajoute cet employé dans une salle d'escalade.

Verts impopulaires


Suite au scrutin de 2021, le parti écologiste avait retrouvé le pouvoir et décroché deux portefeuilles clés (Économie et Affaires étrangères), au sein d'une coalition avec les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les libéraux.


Entre une législation mal ficelée et très impopulaire sur la modernisation des chaudières et le développement de l'éolien, les Verts ont perdu beaucoup de plumes dans l'opinion. Leurs mesures sont dénoncées comme trop coûteuses par beaucoup de ménages et par l'opposition de droite.


Le gouvernement a aussi affronté une crise énergétique inédite provoquée par la guerre en Ukraine.


L'Allemagne s'est engagée à réduire de 65% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, pour atteindre la neutralité carbone en 2045.

Après un ralentissement de la baisse des émissions l'an dernier, le pays manquera ses objectifs en 2030 s'il ne change pas de trajectoire, d'après un récent rapport d'experts du climat.


Sans remettre en cause l'objectif de neutralité climatique, les conservateurs veulent freiner l'installation de chauffages renouvelables et repousser l'interdiction européenne des moteurs thermiques neufs, prévue en 2035.

Deuxième dans les sondages, le parti d'extrême droite AfD nie lui le réchauffement climatique et veut éradiquer les éoliennes,
"moulins à vent de la honte".

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