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France: Les dirigeants d'une mosquée du Nord relaxés

Dans un climat d'islamophobie persistant en France, où les autorités multiplient les efforts pour fermer des associations, des mosquées et des établissements privés musulmans, le tribunal correctionnel de Lille a prononcé la relaxe, le vendredi 15 mars, de cinq responsables de la mosquée de Villeneuve-d'Ascq, dans le Nord.

La rédaction
16:42 - 22/03/2024 vendredi
AFP
Le Centre Islamique de Villeneuve d'Ascq, une des plus grandes mosquées de la région Hauts-de-France, le vendredi 19 mai 2023.
Crédit Photo : Centre Islamique de Villeneuve d'Ascq / Facebook
Le Centre Islamique de Villeneuve d'Ascq, une des plus grandes mosquées de la région Hauts-de-France, le vendredi 19 mai 2023.

Les responsables de la mosquée de Villeneuve-d'Ascq étaient poursuivis pour abus de confiance, notamment en lien avec des prêts consentis au lycée musulman Averroès, récemment rompu avec l'État.


Selon le président du tribunal,
"ce dossier était parti de suspicions de radicalisation, et le tribunal a estimé qu'il ne ressortait aucun élément de radicalisation"
concernant ces cinq individus, qui ont été relaxés de toutes les accusations portées à leur encontre.

Les proches des accusés, membres du Centre islamique de Villeneuve-d'Ascq (CIV), ont exprimé leur soulagement par des applaudissements et des embrassades à l'annonce de la décision.

En ce qui concerne les prêts accordés à l'établissement Averroès, le tribunal a jugé que
"les sommes recueillies n'ont pas été détournées de leur objet"
, considérant que le CIV et le lycée partageaient des objectifs similaires en tant que membres de la Ligue islamique du Nord.

Le parquet avait requis des peines de prison ferme allant de six à dix mois, avec des peines complémentaires de sursis, contre quatre des accusés, tandis que le cinquième prévenu devait se voir infliger une peine de sursis simple.

Le tribunal a également estimé que les faits de tentative d'escroquerie étaient
"insuffisamment caractérisés"
et que le détournement de fonds en espèces n'était
"pas établi".

Réagissant à cette décision, l'avocat d'un des accusés relaxés, a qualifié la décision de
"cinglante pour le parquet",
se réjouissant de la fin d'un
"cauchemar"
pour des hommes très impliqués dans la vie associative.

Cette affaire avait émergé après un signalement de la préfecture du Nord en 2022, pointant un manque de transparence dans les comptes du CIV. Le préfet avait alors évoqué la possibilité de
"faux prêts"
au lycée Averroès, afin de dissimuler des financements étrangers.

Suite à cela, l'État avait décidé de mettre fin au contrat qui le liait au lycée, évoquant des
"manquements graves aux principes fondamentaux de la République".

Lors de l'audience, le trésorier de la mosquée, Abdellah Ouafi, avait affirmé que des démarches étaient en cours pour recouvrer les fonds dus par le lycée Averroès, soulignant que certains prêts avaient déjà été remboursés. Il avait également fait remarquer que les fidèles soutenaient massivement ces démarches, démontrant ainsi la transparence et le soutien de la communauté à l'association gérant la mosquée.


Cette affaire intervient dans un contexte particulièrement islamophobe en France, où l'administration et le gouvernement français ont adopté plusieurs mesures controversées ces dernières années. La loi contre le séparatisme, adoptée en 2021, a été détournée de ses objectifs réel et permis la dissolution de nombreuses associations de défense des droits.

Parallèlement, les actes islamophobes ont augmenté, avec une hausse de 52 % signalée en 2019 et une augmentation de 35 % des menaces ou attaques contre des lieux de culte en 2020, selon le CCIF, ONG dissoute par le gouvernement.


En France, à l'heure du vingtième anniversaire de la loi islamophobe portant sur l'interdiction du voile à l'école, les débat sur la laïcité reflètent les préoccupations sur la place de l'islam en France et la volonté d'invisibiliser la communauté musulmane.


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il y a 1 mois