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La Slovaquie annonce l'arrêt des livraisons d'armes à l'Ukraine

Le nouveau Premier ministre slovaque, Robert Fico, a annoncé jeudi l'arrêt des livraisons d'armes à l'Ukraine, limitant le soutien à son voisin à l'"aide humanitaire et civile", un premier revirement de ce genre de la part des alliés occidentaux.

La rédaction
17:01 - 26/10/2023 jeudi
MAJ: 17:13 - 26/10/2023 jeudi
AFP
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico. Crédit photo: TOMAS BENEDIKOVIC / AFP
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico. Crédit photo: TOMAS BENEDIKOVIC / AFP
"Nous considérons l'aide à l'Ukraine uniquement comme une aide humanitaire et civile, nous ne fournirons plus d'armes à l'Ukraine"
, a déclaré Fico, au lendemain de sa nomination à la tête d'un gouvernement de coalition, comprenant un parti d'extrême droite pro-russe.

Interrogé par l'AFP, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a refusé de commenter l'annonce.

Jusqu'à présent, la Slovaquie, pays de 5,4 millions d'habitants, a apporté un fort soutien à l'Ukraine, lui livrant notamment des avions de combat - des MiG-29 de conception soviétique, des Manpads (systèmes portatifs de défense sol-air) et un système de défense antiaérienne, ainsi qu'en réparant les armements utilisés par les soldats ukrainiens.


Selon le Kiel Institute, la valeur totale d'aide annoncée, principalement militaire, s'élevait au 31 juillet à 680 millions d'euros (760 millions de dollars).

La Slovaquie compte parmi les pays qui ont effectué le plus gros effort rapporté à son PIB (0,65%), derrière la Norvège, les pays baltes, le Danemark et la Pologne.

Valeur symbolique


Mais le parti de Fico, Smer-SD, a remporté les élections législatives du mois dernier en promettant de mettre fin à l'aide militaire à l'Ukraine, ce qui a suscité des inquiétudes sur des fissures possibles dans le soutien occidental à Kiev. 


"Toute perte d'unité et de soutien a une signification symbolique"
, a déclaré à l'AFP Branislav Kovacik, politologue à l'université Matej Bel à Banska Bystrica.

Selon lui, le matériel que pourrait fournir la Slovaquie ne manquera pas à l'Ukraine
"mais cette position a une valeur symbolique importante"
, a-t-il ajouté.

Après la victoire aux législatives, Fico a déclaré que les Slovaques avaient
"des problèmes plus importants que l'Ukraine"
et appelé à des pourparlers de paix, car
"de nouvelles tueries n'aideront personne". 

40% des habitants de la Slovaquie considèrent que la Russie est responsable de la guerre, contre 85% en Pologne et 71% en République tchèque.

Jeudi, Fico a déclaré:


La guerre en Ukraine n'est pas la nôtre, nous n'avons rien à voir avec cette guerre.

Selon lui,
"l'arrêt immédiat des opérations militaires est la meilleure solution pour l'Ukraine. L'UE devrait passer du statut de fournisseur d'armes à celui d'artisan de la paix".

La Pologne, un autre partenaire important de l'Ukraine a annoncé, fin septembre, l'arrêt de fournitures des armes à Kiev, mais cette décision pourrait être révisée, suite à la défaite des populistes nationalistes aux législatives d'octobre. 


"Une politique étrangère souveraine"


Le Kremlin a réagi à l'annonce de Fico en minimisant son importance.


"La part de la Slovaquie dans les livraisons d'armes (à Kiev, ndlr) n'était en effet pas si grande, et c'est pourquoi cela ne va guère affecter tout le processus"
, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avant de souligner que les États-Unis alimente le conflit en aidant l'Ukraine.

Lors de ses déclarations devant les députés, Fico a aussi annoncé qu'il ne soutiendrait pas de nouvelles sanctions contre la Russie
"tant que nous n'aurons pas analysé leur impact sur la Slovaquie". 

"Si de telles sanctions doivent nous nuire, comme c'est le cas pour la plupart des sanctions, je ne vois aucune raison de les soutenir"
, a-t-il insisté.

La veille, nommé chef de gouvernement, Fico a annoncé
"une politique étrangère slovaque souveraine".

Sa formation Smer-SD est arrivée en tête des élections législatives de septembre lors desquelles il a déjà promis que la Slovaquie n'enverrait pas
"une seule pièce de munitions"
à l'Ukraine et appelé à de meilleures relations avec la Russie.

Pour former un gouvernement, Fico, qui a déjà occupé le poste du Premier ministre à deux reprises, s'est allié au parti d'extrême droite SNS et à un parti de gauche, Hlas.


Le SNS, dirigé par l'ancien président du Parlement Andrej Danko, partage la rhétorique antiréfugiés et pro-russe de Smer-SD.


La coalition disposera d'une majorité de 79 députés sur les 150 que compte le parlement.

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