Le Rwanda suspend la coopération au développement avec la Belgique

12:5619/02/2025, mercredi
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Le président rwandais, Paul Kagame.
Crédit Photo : @UrugwiroVillage / X
Le président rwandais, Paul Kagame.

Le Rwanda a annoncé mardi la suspension de la coopération au développement avec la Belgique, dénonçant "une campagne agressive" menée par Bruxelles contre Kigali, sur fond du conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Alors que la communauté internationale est appelée à soutenir le processus de médiation mandaté par l'Union africaine et le Sommet conjoint EAC-SADC pour résoudre la crise dans l'Est de la République démocratique du Congo, la Belgique a mené une campagne agressive, aux côtés de la RDC, visant à saboter l'accès du Rwanda au financement du développement, y compris auprès des institutions multilatérales"
, a indiqué le ministère rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, dans un communiqué publié sur sa page officielle et consulté par Anadolu.

"Ces actions démontrent qu'il n'existe plus de base solide pour une coopération au développement avec la Belgique. En conséquence, le Rwanda suspend le reste du programme d'aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique",
poursuit le ministère.

Évoquant le conflit dans l'est de la RDC voisine, le MAE rwandais estime que
"la Belgique a pris une décision politique en choisissant un camp dans ce conflit, ce qui est son droit"
, notant toutefois que
"politiser le développement est fondamentalement inacceptable".

"Aucun pays de la région ne devrait voir son financement au développement compromis à des fins de pression politique. Des mesures punitives et unilatérales ne peuvent être perçues que comme une ingérence extérieure injustifiée, qui affaiblit le processus de médiation dirigé par l'Afrique",
souligne encore le Rwanda, affirmant qu'il
"ne se laissera ni intimider ni faire chanter au détriment de sa sécurité nationale"
.

Plus tard mardi, la Belgique, ancienne puissance coloniale à la fois de la RDC (ex-Zaïre) et du Rwanda, a réagi via son ministre des Affaires étrangères.
"Nous prenons acte de la décision du Rwanda de suspendre le programme de coopération bilatérale avec la Belgique"
, a déclaré Maxime Prévot, relayé par la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF).


Et d'ajouter :
"Suite à la violation de l'intégrité territoriale de la RDC et de la Charte des Nations Unies par le Rwanda, la Belgique s'est exprimée clairement pour une approche plus ferme à l'égard de Kigali. Elle était en train de faire la revue de l'ensemble de son programme bilatéral, comme je l'avais annoncé à plusieurs reprises. Ceci aurait débouché sur des mesures relatives à notre coopération que le Rwanda anticipe à présent".

Prévot a dit souhaiter que
"le processus de suspension se déroule de façon la plus professionnelle possible pour préserver les acquis de notre coopération de longue date au bénéfice de la population rwandaise qui n'a pas à pâtir de cette suspension".

L'est de la RDC s'est embrasé depuis fin janvier dernier après la prise par les rebelles du M23 de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Suite à cette victoire, les rebelles ont poursuivi leur avancée dans la province voisine du Sud-Kivu où ils ont notamment conquis la ville de Bukavu.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l'armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s'emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l'Ouganda.


Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d'agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe
"terroriste"
et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s'étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.


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