
Une audience sans précédent s'est ouverte à la Cour africaine des droits de l'homme entre la RDC et le Rwanda pour des violations des droits humains liées au conflit en Kivu oriental.
L'audience d'une affaire sans précédent introduite par la République Démocratique du Congo contre le Rwanda pour des violations présumées des droits de l'homme a commencé mercredi, dans le contexte du conflit en cours dans la province du Nord-Kivu, à l'est de la RDC.
La RDC a déposé la requête devant la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples en Tanzanie en 2023, alléguant des violations des droits de l'homme par le Rwanda, notamment la traite des êtres humains, la torture, ainsi que des traitements ou peines cruels ou dégradants dans l'est du Congo, près de la frontière rwandaise.
Kinshasa affirme que le groupe rebelle M23 et les forces rwandaises sont engagés dans un conflit armé dans la région du Kivu oriental depuis 2021, entraînant la destruction d'infrastructures, des milliers de personnes déplacées, des meurtres et d'autres violations des droits de l'homme.
Jusqu'à présent, l'institution s'était principalement penchée sur des affaires impliquant des individus ou des ONG contre des États pour violations des droits de l'homme.
L'audience se déroule dans un contexte de violence exacerbée, alimentée par l'offensive des rebelles du M23 dans l'est de la République Démocratique du Congo. Ces derniers revendiquent désormais le contrôle de Goma et ont instauré leur propre administration dans la ville, exacerbant ainsi les tensions déjà vives dans la région.
Au moins 20 Casques bleus, dont 14 d'Afrique du Sud, ont été tués lors des affrontements entre les rebelles du M23 et les forces congolaises. Les restes des soldats sud-africains devraient être rapatriés jeudi.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 et d'envoyer ses forces dans l'est du Congo, tandis que le Rwanda a fermement rejeté ces accusations de soutien aux rebelles.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d'agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s'étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s'inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.