RDC: de nouveaux affrontements mettent fin à l'accalmie dans l'est

11:0312/02/2025, mercredi
AFP
Des soldats du M23 sont vus à l'intérieur d'un poste de police à Goma le 6 février 2025 lors d'une campagne de recrutement organisée par le groupe armé.
Crédit Photo : Michel Lunanga / AFP
Des soldats du M23 sont vus à l'intérieur d'un poste de police à Goma le 6 février 2025 lors d'une campagne de recrutement organisée par le groupe armé.

Des affrontements entre l'armée congolaise et le M23, allié à des troupes rwandaises, ont éclaté mardi dans l'est de la RDC, mettant ainsi fin à une courte accalmie qui avait suivi un appel au cessez-le-feu de dirigeants africains.

Les combattants du groupe armé antigouvernemental M23 ("Mouvement du 23 mars") et les soldats rwandais ont attaqué à l'aube des positions des forces armées congolaises (FARDC) près d'Ihusi, selon des sources sécuritaires et locales. Cette localité est située à environ 70 km de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, et à quelque 40 km de l'aéroport provincial situé à Kavumu.


Plusieurs sources locales jointes par téléphone par l'AFP ont fait état de
"détonations d'armes lourdes".

Réunis samedi en sommet en Tanzanie, les dirigeants d'Afrique australe et de l'Est avaient appelé leurs états-majors à proposer un plan d'application d'un cessez-le-feu
"inconditionnel"
d'ici jeudi.

Le président rwandais Paul Kagame était présent à Dar es Salaam, tandis que son homologue congolais Félix Tshisekedi participait en visioconférence.


Selon des sources sécuritaires mardi, le M23 et ses alliés rwandais ont toutefois tenté ces derniers jours de prendre le contrôle des hauts-plateaux surplombant la route principale menant à Bukavu et ainsi couper les voies d'approvisionnement de l'armée congolaise.


Ce mouvement a été contenu par les militaires burundais déployés dans le secteur, selon des sources sécuritaires.


Environ 10.000 soldats burundais sont déployés au Sud-Kivu en appui de l'armée congolaise, et Bujumbura a envoyé vendredi au moins un bataillon supplémentaire dans la zone, toujours selon une source sécuritaire.

Parallèlement, en Ituri, province frontalière de l'Ouganda, où les violences communautaires sont récurrentes,
au moins 51 personnes ont été tuées lundi par des hommes armés affiliés à la milice Codéco
, selon des sources humanitaires et locales mardi.

Cette milice prétend défendre les intérêts de la communauté Lendu, principalement composée d'agriculteurs, face à la communauté Hema, majoritairement pastorale.


Aéroport fermé


Après s'être emparés, au terme d'une offensive éclair fin janvier, de la grande ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans le Sud-Kivu, également frontalier du Rwanda.


La peur d'une prochaine attaque s'est déjà emparée de Bukavu, cité d'un million d'habitants. Les écoles ont fermé vendredi. Mardi, les banques sont restées closes.


Près de 300 soldats congolais sont actuellement jugés devant un tribunal militaire de la ville, notamment pour viols, meurtres et pillages.

La prise de Bukavu, qui était déjà tombée aux mains de soldats dissidents de l'armée congolaise en 2004, donnerait le contrôle total du lac Kivu au M23 et aux troupes rwandaises.


Mais avant Bukavu, la menace pèse sur l'aéroport de Kavumu, point stratégique utilisé par l'armée congolaise pour acheminer hommes et matériel dans la région. Sa principale base militaire est située non loin.


À Goma, la situation humanitaire s'aggrave. L'aéroport est toujours fermé malgré l'appel de l'ONU la semaine dernière à permettre le transport de blessés et de l'aide humanitaire.

L'eau courante est coupée dans une partie de la ville. Sans autre solution, des habitants s'approvisionnent dans l'eau du lac Kivu, où des corps ont été repêchés après les combats.


Selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), une augmentation de cas de choléra a été observée dans la région, notamment parmi les populations déplacées par les violences.


La crise dans l'est de la RDC doit être abordée lors d'une réunion de l'Union africaine à Addis-Abeba vendredi.


Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont multipliés, avec la crainte que le conflit ne dégénère en guerre régionale.


Jusqu'à présent, les initiatives diplomatiques pour régler le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, n'ont rien donné. Kinshasa réclame des
"sanctions ciblées"
contre le Rwanda.

Dans l'est de la RDC, les conflits et les rébellions s'enchaînent depuis plus de trente ans. Kinshasa accuse Kigali de vouloir y piller les nombreuses richesses naturelles, dont le tantale et l'étain utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, ou l'or.

Le Rwanda dément et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés de la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d'anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda.


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