Je vous écris aujourd’hui avec la solennité d’un citoyen qui vient de tomber sur vos propos mêlant islam, intelligence artificielle, Frères musulmans et sûrement bientôt… les extra-terrestres. Si la bêtise était un virus, vous seriez positive depuis longtemps — sans symptômes visibles de guérison.
Commençons par le début : l’Islam est une religion, universelle, riche, pratiquée par plus d’un milliard de personnes. Parler d’
au pluriel pour désigner des idées, des contenus, voire des technologies est non seulement un contresens linguistique, mais une faute politique grave. C’est comme si l’on qualifiait les contenus catholiques de
"catholicistes extrémistes"
à chaque fois qu’un prêtre publie une homélie sur Internet. Ce serait absurde, non ? Eh bien c’est exactement ce que vous faites, en pire.
Vous parlez
sur les réseaux sociaux comme s’il s’agissait d’une espèce en voie de prolifération numérique, à surveiller avec des drones et des hashtags. Mais au fait, c’est quoi un
"contenu islamiste radical"
? Une vidéo de Coran en audio 8D ? Un tutoriel de tajine trop engagé ? Ou un musulman qui ose dire qu’il existe sans s’excuser ?
Et là, c’est le pompon: vous dégainez l’intelligence artificielle.
Apparemment, pour vous, un algorithme peut avoir la barbe, le chapelet et un plan pour infiltrer la République. Faut prévenir ChatGPT qu’il est soupçonné de radicalisme. Peut-être même qu’il planifie une hijra numérique.
Vous évoquez maintenant un soi-disant lien entre l’intelligence artificielle et les
. À ce stade, ce n’est plus de la sécurité nationale, c’est de la science-fiction paranoïaque.
L’IA est un outil, comme l’électricité ou l’imprimerie. Si demain un groupuscule utilise un traitement de texte, allez-vous aussi accuser Microsoft Word d’être une plateforme islamiste ?
Vous parlez d’
entre IA et Frères musulmans comme d’autres parlent de pactes entre Voldemort et Elon Musk. On est où là ? Dans un thriller géopolitique ou dans une pièce de théâtre comique jouée sans répétition ?
Mais le vrai danger, Madame Goulet, ce n’est pas un tweet en arabe. C’est ce que vous faites avec votre ignorance habillée en costume sénatorial: vous fabriquez du soupçon, vous distribuez des étiquettes, et vous vendez de la peur comme d’autres vendent des kebabs à minuit.
Ce que vous appelez
, c’est surtout un manque criant de culture, d’ouverture, et d’humour, surtout quand on vous écoute parler d’Islam comme d’un logiciel malveillant.
Bref, en matière d’analyse, vous mélangez l’agneau et le loup, la data et le Coran, l’ennemi imaginaire et le citoyen paisible. Et au final, vous ne protégez personne. Vous faites juste rire jaune.
Pensez à consulter un dictionnaire avant votre prochain tweet. Ou mieux: un imam, un prof d’informatique et un psy.
Vos dernières déclarations sur l’
, l’intelligence artificielle et les Frères musulmans révèlent une chose: non seulement vous mélangez tout, mais vous semblez prendre un plaisir particulier à entretenir la confusion pour attiser les peurs et vous faire passer pour une rempart de la République, quand vous en piétinez les principes fondamentaux.
Mais derrière votre confusion volontaire se cache une stratégie: lier l’islam à la menace, toujours. Vous êtes de ceux qui, sous couvert de lutte contre le
jettent l’opprobre sur des millions de citoyens français, honnêtes, croyants, et profondément attachés à la paix.
Ce n’est pas de la vigilance. C’est de l’obsession idéologique, qui frôle l’islamophobie institutionnelle. Et ça, c’est dangereux. Car en alimentant la peur et le rejet, vous contribuez à la fracture sociale, à la stigmatisation, et à la perte de confiance dans les institutions.
La République n’a pas besoin de délires numériques, ni de fantasmes sur des
. Elle a besoin d’intelligence — la vraie — et d’équité. Deux choses dont vos propos sont cruellement dépourvus.
Si la honte pouvait être convertie en énergie, vos discours éclaireraient tout l’hémicycle.
En espérant que ces lignes déclenchent en vous, au minimum, une remise en question.
Sans haine, mais sans crainte,
Un esprit radicalement libre