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Niger: Les rails "abandonnés" de Bolloré

A l’entrée Est de la capitale nigérienne Niamey, sur la voie menant de l’aéroport international Diori Hamani au centre-ville, ce qui devrait servir de principale gare ferroviaire ressemble aujourd’hui à un endroit totalement abandonné.

13:19 - 3/07/2023 Pazartesi
MAJ: 09:23 - 4/07/2023 Salı
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Crédit photo: DELPHINE BOUSQUET / AFP
Crédit photo: DELPHINE BOUSQUET / AFP
Seul un train composé de deux wagons est visible dans ce grand espace appelé "Blue zone"
.

Au fait, depuis l’inauguration de la voie ferrée le 29 janvier 2016, le train n’a jamais circulé entre Niamey et Dosso.


D’une longueur de 140 kilomètres, cette voie fait partie de la boucle ferroviaire devant relier le Bénin, le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, sur environ 2700 kilomètres.


Les travaux de sa construction ont été confiés à l’entrepreneur français Bolloré en 2013.


Selon le site d’investigation AFRICA XXI, Bolloré a obtenu le contrat grâce à l’appui du gouvernement français, alors même que les quatre Etats concernés par la boucle ferroviaire ont déjà signé un accord de partenariat avec un autre opérateur, en l’occurrence la société Africarail créée en 2002.


"Lors de sa constitution, Africarail SA a été formellement dotée par ces quatre États des droits à construire et opérer le chemin de fer dans le cadre d’un bail emphytéotique de 99 ans"
, a rapporté le site.

Protestant contre l’octroi du contrat à Bolloré, Africarail a saisi en novembre 2015 la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale.


Un autre opérateur, Petrolin, détenu par un ressortissant béninois et engagé dans les travaux de construction de la boucle ferroviaire, a aussi saisi la justice béninoise.


C’est cette dernière qui a ordonné l’arrêt de l’exécution des travaux par l’entrepreneur Bolloré. Dans un message à la Nation à l’occasion du neuvième anniversaire de son accession au pouvoir, l’ancien Président nigérien Mahamadou Issoufou a regretté l’arrêt des travaux de la boucle ferroviaire.


"Nous avions démarré avec beaucoup d’enthousiasme la construction du chemin de fer Niamey Cotonou, tronçon important de la boucle ferroviaire Cotonou Abidjan via Niamey et Ouagadougou. À notre grand désespoir, ce projet, conduit par un investisseur privé, a été arrêté, juste après la construction du tronçon Niamey-Dosso long de 140 km, suite à un litige au niveau du Bénin"
, a-t-il déploré.

"La non- réalisation de ce chemin de fer au cours de cette période constitue un de mes plus grands regrets"
, a insisté Mahamadou Issoufou.

Bolloré jette l’éponge


Suite à la décision de la justice béninoise ordonnant l’arrêt de l’exécution des travaux, le groupe Bolloré a exigé du Bénin et du Niger une indemnisation.


Des discussions ont alors été engagées entre le groupe et les deux Etats.


Le vendredi 22 juillet 2022, un accord a finalement été trouvé entre les deux parties, suite à une rencontre organisée à Niamey.


"Le Président du groupe Bolloré a rendu compte de l'accord que nous avons pu avoir ce matin même avec le groupe et les deux États, le Niger et le Bénin pour résoudre la situation de la filiale du groupe Bolloré qui était pendante depuis quelques temps entre le Bénin et le Niger"
, a déclaré le Ministre d’Etat Béninois a l’issue des échanges avec le Chef de l’Etat, avait expliqué le Ministre béninois chargé du développement, Abdoulaye Bio Tchané, à l’issue d’une audience avec le Président nigérien Mohamed Bazoum.

"C’est une solution satisfaisante que nous avons eue"
, a-t-il ajouté, sans toutefois dévoiler le contenu de l’accord conclu avec le groupe Bolloré. Toujours est-il que ce dernier a fini par jeter l’éponge dans son ambition de réaliser la boucle ferroviaire Bénin-Niger-Burkina-Côte d’Ivoire.

Quel sort pour les rails déposés entre Niamey et Dosso ?


Au Niger, nombreux sont les citoyens qui s’interrogent sur le sort réservé à la voie ferrée reliant Niamey à la ville de Dosso.


A certains endroits, les populations ont mis de la latérite pour construire des passages sur cette voie.


A d’autres endroits, ce sont les eaux de ruissellement qui ont sérieusement dégradé la voie faisant sortir les rails du tracé normal.


"Notre inquiétude est qu’aujourd’hui qu'il n’y a aucun élément qui autorise à espérer une reprise des travaux de la boucle ferroviaire. Or, tant que cette boucle n’est pas réalisée, ce chemin de fer entre Niamey et Dosso ne servira à rien. Et Dieu seul sait les préjudices qu’il a causés à notre environnement"
, s’indigne Ibrahim Abdoulaye, mmebre de l’Organisation non gouvernement
"Environnement-Education-Paix-Développement"
dans un entretien à Anadolu.

"Le Niger est face à deux situations face à ces rails de Bolloré. D’abord, si la boucle ferroviaire devait être réalisée un jour, il va falloir nécessairement reprendre les travaux sur une bonne partie du tracé où les rails sont soit enfouis sous la terre ou déplacés par les eaux de ruissellement. Ensuite, au cas où il n’y a aucun espoir que la boucle se réalise, il va falloir penser à enlever les rails posés et cela nécessitera un contrat et beaucoup d’argent avec un opérateur ayant l’expertise"
, a analysé Ousmane Boubacar, ingénieur en Génie civil, un expert des travaux publics dans un entretien accordé à Anadolu.

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