
Acculée dans la guerre à l'Est contre les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), soutenus - selon des rapports d'agences onusiennes - par le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC), détentrice de vastes réserves de cobalt, de lithium et d'autres minerais rares essentiels aux technologies avancées, a proposé aux États-Unis un accès privilégié à ses ressources en échange de garanties sécuritaires et de stabilité régionale.
Cette idée d'un accord minier – d'abord proposé par le président congolais Félix Tshisekedi, dans une interview accordée au New York Times le 22 février – a de nouveau été évoquée par des sources proches de la présidence congolaise et du ministère des Mines début mars, à l'image de l'accord envisagé avec l'Ukraine, où un soutien sécuritaire de Washington est discuté en contrepartie d'un accès aux terres rares.
Pour Kinshasa, l'appui des États-Unis pourrait dissuader la poursuite de l'offensive des rebelles du M23, qui contrôlent déjà des territoires importants dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, notamment les villes stratégiques de Goma et Bukavu et leurs régions alentour, expliquent des observateurs.
Le deal de Kinshasa comprend également une participation à un projet de port en eau profonde sur la côte atlantique et la mise en place d'un stock stratégique commun de minéraux. En contrepartie, Washington va dispenser une formation et fournir du matériel aux forces armées congolaises, ainsi qu'une assistance directe en matière de sécurité.
Le président congolais Félix Tshisekedi a réitéré jeudi 20 mars sur Fox News, son intention de négocier un accord minier avec Washington en échange de garanties sécuritaires, évoquant un partenariat "gagnant-gagnant" et la mise en avant de l'accord minier revu avec la Chine l'année dernière. L'objectif, c'est la création d'une chaine de valeur ajoutée avec la transformation des minerais ici en RDC, a-t-il expliqué.
Pour rappel, les autorités congolaises accusaient le Rwanda de soutenir le mouvement rebelle M23, pour accéder aux richesses minières situées dans la région orientale du pays.
Ces accusations sont étayées par des rapports d'agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s'étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour résoudre ce conflit, plusieurs initiatives régionales ont essayé de rapprocher les deux parties, en vain.
La dernière de ces initiatives a été annoncée par l'Angola et devait réunir pour la première fois les autorités congolaises avec des représentants de la rébellion, le 18 mars courant à Luanda. Cette réunion n'a pas eu lieu suite à un désistement de la partie rebelle.