Cameroun: quand la société civile répond à la montée des violences basées sur le genre

La rédaction
15:479/12/2025, Salı
Yeni Şafak

Au Cameroun, les violences basées sur le genre sont en hausse constante. Et depuis trois ans, les ONG locales tirent la sonnette d’alarme. À Yaoundé, l’association Butterfly, en collaboration avec YOHEDA, a organisé le 29 novembre 2025 l’atelier Blossom Butterfly. Un espace d’apprentissage et d’échanges qui combine sensibilisation, témoignages et self-défense, pour offrir des outils concrets aux victimes et à leurs proches.

Daniella, la trentaine, l’une des participantes à l’atelier, tient à bout de bras une arme de poing ; un pistolet de calibre 9 factice, utilisé pour les exercices de Yacinthe Abada, le coach de l’atelier d’autodéfense.


Il réalise devant la petite assemblée une démonstration précise:
"Regardez un peu. On va doucement, il y a un geste qu’elle n’a pas respecté. Maintenant, je peux simplement faire ça…"
, paroles qu’il accompagne d’un mouvement net qui désarme aussitôt Daniella.

Une démonstration qui impressionne clairement les participants, attentifs à ses enseignements.


Parmi eux, Mme Moussa Asma, traductrice et survivante de violences psychologiques, prend la parole. Dix ans d’emprise silencieuse qu’elle a décidé de partager devant le groupe:


"Je suis venue prendre part à cet atelier en tant que survivante de violences basées sur le genre, parce que c’est un sujet qui me tient vraiment à cœur. En tant que victime, nous n’avons pas toujours les bons outils pour nous défendre, que ce soit face aux violences physiques ou face aux violences psychologiques. Et j’insiste beaucoup sur les violences psychologiques, parce que ce sont des violences qu’on oublie parfois, alors que ce sont des violences qui touchent beaucoup et qui sont très souvent meurtrières, parce qu’elles tuent en silence."

Un témoignage fort qui ouvre les échanges. Chacun se rappelle alors la raison de sa présence dans cette salle. Pour M. Ngui Louis Christian, dirigeant d’entreprise, l’enjeu est autant personnel que collectif:


"C’est un problème domestique qui, malheureusement, n’est pas toujours traité de manière experte, rationnelle ou intelligente. Alors, venir aujourd’hui rencontrer les experts et tous ceux qui œuvrent au quotidien pour régler cette problématique va naturellement renforcer la culture de résolution du problème des violences basées sur le genre."

Au fil des exercices et des discussions, les participants prennent des notes, posent des questions, reviennent sur leurs expériences. Une curiosité collective qui permet à Adrienne Kenmegne, psychologue, psychothérapeute et membre active de Butterfly’s, de faire un constat clair:


"Nous aussi, on a déjà eu à commettre de la violence sur quelqu’un et nous tous, nous avons également subi de la violence. Mais maintenant, il y a l’intensité. À quel moment est-ce que je dis stop ? À quel moment est-ce que je dis : je n’en peux plus ?"

Elle insiste d’ailleurs sur la reconnaissance des signes précoces et la nécessité d’outils concrets. Et pour elle:


"La violence, c’est une question de ressenti. Il faut un accompagnement psychologique. Une fois qu’on a compris cela, il est temps de passer à l’action, physiquement ou psychologiquement. On ne peut pas toujours rester dans la sensibilisation sans un vrai passage à l’action. Il faut prévenir au lieu de réparer. Trouver les moyens pour sortir d’une situation qu’on aurait pu éviter."

Et parmi la trentaine de personnes présentes à cet atelier, une certitude s’impose à tous: la violence avance quand on l’ignore, mais recule dès qu’on décide de lui opposer des limites.


Par
Franck Péraise Mballa

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