Violences en RDC: Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu lance une enquête

10:428/02/2025, samedi
MAJ: 8/02/2025, samedi
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Des soldats du M23 sont vus au Stade de l'Unité à Goma le 6 février 2025 pour un rassemblement public convoqué par le groupe armé. Le M23, soutenu par le Rwanda, a déclaré jeudi qu'il voulait "libérer tout le Congo" lors de son premier rassemblement public depuis qu'il s'est emparé de la ville de Goma, dans l'est du pays, à l'issue d'affrontements meurtriers, alors que ses combattants progressent vers une autre capitale régionale. Après avoir pris Goma, la principale ville de la province du Nord-Kivu, la semaine dernière, le M23 et les troupes rwandaises ont lancé une nouvelle offensive mercredi dans une province voisine.
Crédit Photo : Alexis Huguet / AFP
Des soldats du M23 sont vus au Stade de l'Unité à Goma le 6 février 2025 pour un rassemblement public convoqué par le groupe armé. Le M23, soutenu par le Rwanda, a déclaré jeudi qu'il voulait "libérer tout le Congo" lors de son premier rassemblement public depuis qu'il s'est emparé de la ville de Goma, dans l'est du pays, à l'issue d'affrontements meurtriers, alors que ses combattants progressent vers une autre capitale régionale. Après avoir pris Goma, la principale ville de la province du Nord-Kivu, la semaine dernière, le M23 et les troupes rwandaises ont lancé une nouvelle offensive mercredi dans une province voisine.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a approuvé ce vendredi 7 février l'ouverture d'une enquête sur les violences commises dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une offensive éclair du groupe rebelle M23 (Mouvement du 23 Mars).

"Aujourd'hui le monde tient à ce que la situation dans l'est de la RDC puisse se terminer rapidement. C'est aussi le signe que le monde veut que les bourreaux puissent être connus et punis",
a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, depuis Genève.

Le projet de résolution présenté par la RDC a été adopté sans vote par les 47 États membres du Conseil, à l'issue d'une session extraordinaire,
rapportent des médias français.

"Si rien n'est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l'est, mais aussi au-delà de la RDC",
a mis en garde le chef des droits de l'homme de l'Onu, Volker Türk, cité par France 24. Le responsable onusien a souligné que le risque d'escalade de la violence dans la région ''n'a jamais été aussi élevé''.

Kinshasa avait demandé cette réunion après que le M23 a pris le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, région riche en ressources minières.
La RDC et plusieurs pays occidentaux accusent le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23, une accusation sans cesse rejetée par Kigali.

La résolution demande au M23 et au Rwanda
"de mettre immédiatement fin aux violations des droits de l'homme et atteintes à ces droits ainsi qu'aux violations du droit international humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu''.

"Nous nous opposons catégoriquement aux tentatives de la RDC de présenter le Rwanda comme responsable de son instabilité dans l'est de la RDC'',
a déclaré de son côté James Ngango, ambassadeur du Rwanda auprès des Nations unies à Genève.

L'enquête sera menée en deux étapes :
"Une mission d'établissement des faits''
doit rapidement être mise en place par Volker Türk. Elle devra présenter un rapport complet dès septembre. Cette mission sera chargée notamment de
"recueillir, rassembler et analyser les preuves'
' des violations et
"identifier, dans la mesure du possible, les personnes et les entités responsables'',
détaille la résolution.

Une
"commission d'enquête indépendante'',
le plus haut niveau d'enquête du Conseil, prendra ensuite le relais.

"Mon équipe est en train de vérifier de multiples allégations de viol, de viol collectif, et d'esclavage sexuel à travers les zones de combat'',
a expliqué Volker Türk, se disant
"très préoccupé par la prolifération d'armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcé d'enfants''.

La capitale de la province du Sud-Kivu, Bukavu, risquait ce vendredi d'être attaquée par le M23.


"Aujourd'hui la communauté internationale regrette de ne pas être intervenue en 1994 pour stopper le génocide (rwandais, ndlr). La RDC voudrait interpeller cette communauté internationale pour dire, attention, le même président Kagame, dont le peuple a été victime d'un génocide, est en train de faire la même chose'',
a déclaré Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre du Commerce extérieur, lors d'un point avec la presse tenu jeudi à Genève.

Plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis début janvier en raison des combats.

"Faites taire les armes, arrêtez l'escalade'',
a exhorté jeudi le patron de l'Onu Antonio Guterres.

Les rebelles du M23 ont pris le contrôle, mercredi 5 février, de la cité de Nyabibwe dans le territoire de Kalehe, province du Sud-Kivu, après d'intenses combats avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ont rapporté des médias locaux.
Une information confirmée à Anadolu par la société civile locale.

La rébellion a pourtant décrété un cessez-le-feu unilatéral pour des raisons humanitaires le 3 février, affirmant qu'elle n'avait pas l'intention de prendre la ville de Bukavu ou d'autres localités.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a réagi en affirmant que le cessez-le-feu unilatéral qui a été décrété par le M23 était comme d'habitude un
"leurre".

La semaine dernière, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, après des combats intenses avec les FARDC.


Le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l'armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO.
Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s'emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l'Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région.
Ces accusations sont étayées par des rapports d'agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe
"terroriste''
et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s'étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.


Pour Kigali,
"la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda''.
"La RDC, à cause de l'assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)'",
avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.

Ces alliances, selon Nduhungirehe, s'inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.

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