Au milieu de femmes aux longs voiles bariolés et de leurs enfants dans son village d'Oum Echer, qui borde Khartoum au sud, Wissal Abdelghani étale avec une petite planche de bois son épais mélange sur une plaque de fer posée à même un feu de bois.
On réunit nos soeurs et nos amies et on le fait ensemble avant de le partager entre nous.
Car le doux-amer demande du temps. Plusieurs semaines avant le ramadan, il faut planter puis récolter du maïs, le faire sécher au soleil, puis le moudre avant de le mélanger à des épices comme du fenugrec, du cumin ou même de l'hibiscus l'autre boisson emblématique du Soudan.
Le mélange macère ensuite plusieurs jours avec du sucre et de l'eau avant de passer par l'épreuve du feu.
Sur la plaque de Wissal, la fine pellicule désormais couleur cuir est prête: la mère de famille aux traits fins la décolle comme une grande crêpe carrée avant de la plier plusieurs fois.
Apaiser sa soif et se rafraîchir est une gageure au Soudan, l'un des pays les plus chauds au monde à la fin du siècle, selon l'ONU, Khartoum figurera parmi les cinq villes africaines où la chaleur sera la plus mortelle.
Avec photos à l'appui de diplomates maniant la spatule en bois et la plaque en fer sur les braises ou sirotant le produit final.