Crédit Photo : Denis CHARLET / AFP
Un journaliste tient un micro de la plateforme britannique de streaming sportif et de divertissement DAZN, qui diffuse la Ligue 1, le 1er septembre 2024.
Le bras de fer entre la LFP et DAZN sur le paiement des droits TV de la Ligue 1 reflète des tensions financières et des difficultés liées au piratage et à la coopération des clubs.
Un bras de fer oppose deux partenaires. La Ligue de football professionnel (LFP) a assigné en référé DAZN, détenteur des droits TV de la Ligue 1, devant le tribunal de commerce de Paris pour s'assurer du paiement par la plateforme britannique d'une échéance financière due en février, qu'elle menace de ne pas honorer.
C'est ce que Vincent Labrune, le président de la Ligue, a exposé mercredi en fin d'après-midi aux membres du conseil d'administration de l'instance, convoqués en urgence la veille pour évoquer la question des droits TV et
"une situation malheureusement urgente".
Face à la grande inquiétude des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, confrontés à une grave crise financière liée notamment à une baisse des revenus générés par les droits télé et soucieux de percevoir leur quote-part en février, la Ligue a engagé ce recours en référé d'heure à heure, une procédure accélérée qui permet d’assigner quelqu'un à comparaître dans un délai très bref.
Le tribunal de commerce de Paris doit statuer sur le litige vendredi, soit le jour où DAZN est censé payer à la Ligue la quatrième échéance prévue dans le contrat qu'elle a conclu cet été avec la LFP. Il doit rendre sa décision dans le courant de la semaine prochaine.
"Nous poursuivons les discussions avec notre partenaire DAZN afin de trouver une issue rapide à cette situation que nous subissons"
, a déclaré Vincent Labrune à la fin du conseil d’administration.
"Nous vivons depuis 2019 une situation compliquée avec nos diffuseurs. Je constate que depuis que nous avons fait ce choix de Mediapro et de nous séparer du groupe Canal+, nos différents partenaires ont rencontré diverses difficultés. Là, le paiement aux clubs est prévu pour mi-février, et nous sommes le 12... Nous verrons à l'audience."
Si DAZN menace de ne pas payer les 35 millions qui lui restent à honorer en février, sur les 70 millions qu’elle doit, c'est que la plateforme évoque des conditions d'exploitation difficiles, en partie liées au piratage et au manque de coopération de certains clubs pour mettre en valeur le "produit Ligue 1" qu'elle vend à ses abonnés.
"Mi-décembre, nous sommes allés voir la LFP avec un plan d'action pour mieux protéger notre exclusivité, lutter contre le piratage, et bénéficier d'un meilleur soutien des clubs pour rendre le produit Ligue 1 beaucoup plus attractif"
, confie Brice Daumin, le patron de DAZN en France.
"Mais la LFP n'est jamais revenue vers nous. Alors, le 5 février, nous avons payé la moitié du montant dû, soit 35 millions, et mis les 35 millions restants sous séquestre en attendant une réponse de la Ligue. Pour créer un électrochoc".
Malgré ce référé, les deux parties continuent de discuter du litige qui les oppose, selon plusieurs sources proches du dossier.
Dans un entretien au quotidien Le Parisien le 19 décembre dernier, Vincent Labrune assurait souhaiter
"le succès de DAZN à tout prix"
, tout en reconnaissant que le diffuseur avait
"peut-être fait une erreur en tapant un peu fort au départ sur les tarifs".
Selon plusieurs sources, DAZN compterait autour de 500 000 abonnés, bien loin des 1,5 million d'abonnés qu'elle espérait séduire en début de saison.
Un chiffre que ne commente pas Brice Daumin, qui reconnaît néanmoins une
"situation qui n'est pas satisfaisante".
Si elle n'atteignait pas ce nombre d'abonnés en décembre 2025, la plateforme de streaming sportif dispose d'une clause pour dénoncer son contrat avec la LFP, qui court normalement jusqu'en 2029.
La Ligue a également le droit de rompre le contrat qui la lie à DAZN au même moment.
"Nous n'avons aucune intention de partir",
affirme encore Brice Daumin.
"Nous sommes là pour le long terme, comme dans chaque pays où nous possédons des droits. On ne veut pas activer cette clause, ce serait un désastre pour tout le monde."
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