Israël détruit son propre avenir

10:5530/12/2025, Salı
MAJ: 30/12/2025, Salı
İhsan Aktaş

Le sentiment d’être au sommet est souvent le signe avant-coureur du déclin. Par le massacre et le génocide qu’il mène à Gaza, Israël a montré au monde entier qu’il ne déclarait pas seulement la guerre au peuple palestinien, mais à l’idée même d’humanité. Il ne cache plus son mépris du droit, l’abandon de toute limite morale et l’absence totale de miséricorde. Supposons que les responsables de cette oppression ne soient qu’un groupe restreint de dirigeants déchaînés. La véritable question est ailleurs

Le sentiment d’être au sommet est souvent le signe avant-coureur du déclin. Par le massacre et le génocide qu’il mène à Gaza, Israël a montré au monde entier qu’il ne déclarait pas seulement la guerre au peuple palestinien, mais à l’idée même d’humanité. Il ne cache plus son mépris du droit, l’abandon de toute limite morale et l’absence totale de miséricorde.


Supposons que les responsables de cette oppression ne soient qu’un groupe restreint de dirigeants déchaînés.
La véritable question est ailleurs : comment presque toute une société a-t-elle pu être entraînée à ce point ?
Il s’agit là d’un phénomène qui dépasse la seule politique et qui appelle une lecture sociologique approfondie.

Depuis 75 ans, Israël occupe pas à pas les terres palestiniennes.
Avec le 7 octobre, cette occupation, ces violences et ces crimes ont, pour la première fois à cette échelle, été placés au cœur du débat de l’opinion publique mondiale. Après la Seconde Guerre mondiale, le discours de victimisation construit autour du massacre des Juifs par Hitler s’est progressivement transformé en un monopole sioniste. Ce monopole a renforcé son influence dans les médias, la finance et la politique, jusqu’à devenir une force capable d’orienter des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

Israël ne s’est pas contenté de massacrer à Gaza. Sous prétexte du Hamas, son agressivité s’est muée en un régime de terreur systématique en Cisjordanie, y compris dans des zones où le Hamas est absent, sans distinction entre musulmans et chrétiens.
Il ne s’agit pas d’une dérive ponctuelle, mais d’une continuité inscrite dans une pratique étatique vieille de 75 ans.

Dans le même temps, Israël a mené des attaques contre le Liban, ciblé l’Iran et, dès qu’une possibilité de reconstruction étatique est apparue en Syrie, il a cherché à saboter ce processus en occupant une partie du territoire syrien. Israël sait pertinemment qu’une Syrie forte et souveraine ne tolérera pas, dans dix ans, ses violations arbitraires de l’espace aérien et son agressivité permanente.


Tout en cherchant à se sécuriser par des initiatives comme les accords d’Abraham avec certains pays arabes, Israël n’a pas hésité à remettre sur la table des scénarios irrationnels visant à expulser les Palestiniens vers des terres arabes.
Les attaques visant le Qatar, pourtant proche allié des États-Unis et engagé à investir des milliers de milliards de dollars à Washington, illustrent clairement jusqu’où est allée cette absence totale de limites.

La Türkiye et l’équation de la sécurité régionale


La Türkiye, pour des raisons liées à sa doctrine de sécurité, considère la reconstruction étatique de la Syrie comme une nécessité stratégique. Sa thèse centrale est simple : si la Türkiye doit être en sécurité, ses voisins doivent l’être aussi. Cette approche constitue l’ossature de la politique régionale d’Ankara. C’est précisément pour cette raison qu’Israël s’oppose à l’établissement d’un ordre stable en Syrie, en s’appuyant sur des reliquats du régime Assad et divers groupes armés.


Les déclarations récentes de responsables israéliens visant ouvertement la Türkiye sont une autre manifestation de ce réflexe étatique aux accents mafieux.
Habituée à bombarder des pays affaiblis, cette structure se retrouve pour la première fois confrontée à une puissance dissuasive.

Plus encore, Israël fait désormais l’objet d’une remise en question sérieuse au sein de l’opinion publique américaine. Dans un pays où des millions de personnes sont sans-abri et où les systèmes de santé et d’éducation sont en ruine, une question est de plus en plus posée à voix haute :
"Pourquoi aidons-nous un pays de 9 millions d’habitants à hauteur de milliards de dollars, et sommes-nous obligés de le faire ?"
Cette interrogation ne se limite plus aux médias ou aux militants. Des membres du Congrès s’y associent également. Même si des cessez-le-feu temporaires sont évoqués à Gaza, le cessez-le-feu entre l’opinion publique américaine et Israël est, lui, déjà rompu.

Une légitimité en voie d’épuisement


Au cours des vingt dernières années, la Türkiye a démontré qu’elle était devenue une puissance régionale, grâce à son industrie de défense, à la solidité de son armée et à ses infrastructures stratégiques.
Sous la direction du président Recep Tayyip Erdoğan, cette puissance produit également un impact global sur le plan diplomatique.

L’ascension des nations ne s’explique pas uniquement par l’économie, l’armée ou la géopolitique. Parfois, cette ascension devient un destin. Ce peuple qui, il y a mille ans, est parti d’Asie centrale pour fonder des dizaines d’empires et transformer l’Empire ottoman en civilisation, se prépare aujourd’hui à une nouvelle et longue marche.


Les tentatives d’Israël visant à encercler la Türkiye à travers le Somaliland, Chypre-Nord et la Grèce s’inscrivent dans cette volonté d’entraver cette ascension. Affaibli dans ses relations avec les États-Unis, Israël cherche à combler ce vide par l’intermédiaire de la Grèce.

En définitive, à chaque pas qu’il franchit, Israël épuise sa propre légitimité, tant auprès des pays de la région que de l’opinion publique mondiale. Le jour où le peuple américain verra clairement le véritable visage de cette structure tentaculaire, Israël n’aura d’autre choix que de se tourner vers le miroir.

#Israël
#Palestine
#Gaza
#génocide
#Cisjordanie
#Türkiye
#Syrie
#États-Unis
#opinion publique
#légitimité internationale
#Turquie