
L’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a déclaré dimanche que la guerre menée contre la Bande de Gaza ne fait pas pression sur le Hamas, mais condamne au contraire les otages israéliens à une “mort certaine”.
Selon lui, cette guerre est avant tout destinée à maintenir Benjamin Netanyahu au pouvoir et à préserver la stabilité de sa coalition gouvernementale.
Dans un entretien accordé au radiodiffuseur public israélien (KAN), Barak, qui fut Premier ministre et ministre de la Défense entre 1999 et 2001, a estimé qu’Israël n’a qu’une seule voie: remplacer le Hamas par une autre autorité pour gouverner Gaza.
Toutefois, il accuse Netanyahu d’esquiver cette solution afin de prolonger son mandat.
Selon lui, une force arabe financée par Riyad et Abou Dhabi pourrait être déployée, et un gouvernement technocratique sans le Hamas pourrait être mis en place. Cependant, Netanyahu refuserait cette solution pour prolonger la guerre.
Barak accuse par ailleurs Netanyahu d’avoir “trompé” l’ancien président américain Donald Trump, en présentant un faux dilemme: soit capituler devant le Hamas, soit abandonner les otages. Barak assure pourtant qu’une troisième voie est possible.
Il qualifie la guerre actuelle de “conflit futile”, menée non pour la sécurité d’Israël mais pour celle de Netanyahu et de son gouvernement, et avertit qu’elle ne fera qu’entraîner davantage de pertes humaines parmi les soldats israéliens et nuire à l’image d’Israël à l’international.
Barak souligne également que cette guerre ne pousse pas le Hamas à libérer les otages et ne conduira pas à sa défaite. Au contraire, elle condamne les otages encore en vie à une mort certaine, imputable selon lui au gouvernement israélien.
L’ancien Premier ministre rappelle qu’une fois la guerre terminée, une commission d’enquête sur les échecs du gouvernement devra être créée, un scénario que Netanyahu cherche à éviter à tout prix.
À ce jour, Tel Aviv estime à 59 le nombre d’otages israéliens toujours détenus à Gaza, dont seulement 24 seraient encore vivants. Parallèlement, plus de 9 500 Palestiniens croupissent dans les prisons israéliennes, exposés à la torture, aux privations et à la négligence médicale, entraînant la mort de nombreux détenus, selon des sources médiatiques et des ONG israéliennes et palestiniennes.
La première phase de l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers, négociée avec la médiation de l’Égypte, du Qatar et le soutien des États-Unis, s’est achevée début mars 2025. Toutefois, Netanyahu a refusé d’entamer la deuxième phase et a relancé l’offensive contre Gaza le 18 mars pour satisfaire l’aile la plus radicale de sa coalition, d’après les médias locaux.
Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre contre Gaza avec l’appui total des États-Unis, causant la mort de 52 243 Palestiniens et blessant 117 639 autres, en majorité des femmes et des enfants.