France : Mediapart accuse BFMTV d’avoir favorisé la communication de Nicolas Sarkozy dans l’affaire libyenne

La rédaction avec
12:1819/12/2025, vendredi
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L'ancien président français Nicolas Sarkozy (au centre), accompagné de son fils Louis Sarkozy (à droite), candidat à la mairie de Menton en 2026, salue ses partisans alors qu'il se promène dans les rues de Menton, dans le sud-est de la France, le 12 décembre 2025, avant une séance de dédicace à la Librairie de la Presse pour la sortie de son nouveau livre "Journal d'un prisonnier".
Crédit Photo : VALERY HACHE / AFP
L'ancien président français Nicolas Sarkozy (au centre), accompagné de son fils Louis Sarkozy (à droite), candidat à la mairie de Menton en 2026, salue ses partisans alors qu'il se promène dans les rues de Menton, dans le sud-est de la France, le 12 décembre 2025, avant une séance de dédicace à la Librairie de la Presse pour la sortie de son nouveau livre "Journal d'un prisonnier".

Le site d’investigation Mediapart a publié une enquête détaillant que la chaîne d’information BFMTV, l’une des principales chaînes d’information en continu en France, aurait entretenu des échanges étroits avec l’entourage de l’ancien président français Nicolas Sarkozy lors de sa mise en examen dans l’affaire du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007.

Selon Mediapart, des SMS saisis par la justice et versés au dossier d’instruction montrent des contacts réguliers, en octobre et novembre 2020, entre plusieurs responsables de BFMTV et Véronique Ouachet, conseillère en communication de Nicolas Sarkozy.


L’enquête précise qu’au lendemain de la révélation de la mise en examen de l’ancien chef de l’État pour
"association de malfaiteurs"
, une animatrice vedette de la chaîne aurait proposé à son entourage un espace d’expression privilégié à l’antenne. Des échanges similaires impliquant le directeur de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, sont également mentionnés.

Mediapart affirme par ailleurs que l’un de ses journalistes aurait été écarté de l’antenne après des plaintes de la communicante de Nicolas Sarkozy concernant ses interventions.


Interview "manipulée" de Takieddine


L’enquête revient aussi sur la diffusion, le 11 novembre 2020, d’une interview de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, qui revenait sur ses accusations contre l’ancien président. Mediapart indique que ce témoignage, présenté comme un scoop à l’époque, faisait partie d’une opération de communication, Takieddine ayant reconnu plus tard avoir été manipulé et rémunéré en échange de ses déclarations.


Quelques jours après, BFMTV diffusait une interview exclusive de Nicolas Sarkozy, où l’ancien président dénonçait un acharnement judiciaire et contestait l’existence de preuves matérielles contre lui.

Contactée par Mediapart, Véronique Ouachet a exprimé sa
"consternation"
face à la publication de ses messages privés. De son côté, Marc-Olivier Fogiel a défendu la chaîne, affirmant qu’elle avait travaillé
"en toute indépendance"
et de manière
"journalistiquement irréprochable"
.

L’affaire dite du financement libyen concerne des soupçons de versements occultes par le régime de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en faveur de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. L’ancien président français conteste l’ensemble de ces accusations.


Feuilletons judiciaires de Sarkozy


En mars 2018, Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue, puis mis en examen pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, avant que certaines qualifications ne soient réévaluées au fil de l’instruction.


Le 16 octobre 2020, il a été à nouveau mis en examen pour association de malfaiteurs dans ce dossier, tandis que plusieurs de ses proches sont également mis en cause.


Le 21 octobre 2025, Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé à Paris après sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans le cadre de cette affaire. Il est devenu le premier ancien président français de la Vᵉ République à être incarcéré.


Selon les autorités pénitentiaires, il a été placé à l’isolement pour garantir sa sécurité. Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel, procédure non suspensive en raison de l’exécution provisoire de la peine.


L’enquête judiciaire s’appuie sur des témoignages d’anciens dignitaires libyens, des notes de services de renseignement et des flux financiers suspects, ainsi que sur les déclarations de Ziad Takieddine, qui s’est rétracté avant de reconnaître avoir menti.


Mediapart, fondé en 2008 et dirigé par Edwy Plenel, est à l’origine de nombreuses révélations judiciaires et politiques en France, dont celles ayant conduit à l’ouverture de l’enquête sur le financement libyen présumé. BFMTV, quant à elle, rejette toute atteinte à son indépendance éditoriale.

La procédure judiciaire est toujours en cours et Nicolas Sarkozy, ainsi que les personnes mises en cause, bénéficient de la présomption d’innocence.


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