Palestine occupée: Témoignage de l'historienne Ludivine Bantigny

La rédaction
15:5514/03/2025, Cuma
Yeni Şafak
L'universitaire française Ludivine Bantigny, le 9 mars 2019
Crédit Photo : Didier CTP / Archive
L'universitaire française Ludivine Bantigny, le 9 mars 2019

A l'heure où l'ancien Premier ministre Gabriel Attal se rend en Israël pour en faire les louanges, l’historienne Ludivine Bantigny témoigne des conditions de vie insoutenables en Palestine occupée. Entre violences quotidiennes, restrictions de mouvement et annexion rampante, elle alerte sur une situation de plus en plus critique.

De retour de Palestine occupée, l'historienne Ludivine Bantigny livre un témoignage accablant sur la situation des Palestiniens
. "La vie y est sans cesse plus insoutenable : personnes sans armes tuées sans sommation, enfants abattus sous les yeux de leurs parents, habitants empêchés de circuler dans leur propre ville, parfois sous peine de mort",
écrit-elle.


Elle décrit une colonisation qui progresse à un rythme effréné, rendant certains quartiers et terres totalement inaccessibles aux Palestiniens.
"Toute personne qui s'approche de ces terres colonisées risque une atteinte grave à son intégrité physique, voire à sa vie. D'immenses territoires sont interdits aux Palestiniens sous peine d’être abattus sans sommation"
, dénonce-t-elle.

Des restrictions de mouvement drastiques


Les routes principales sont de plus en plus interdites aux Palestiniens, réservées exclusivement aux colons israéliens.
"Les Palestiniens doivent faire des détours considérables pour aller d'un village à l'autre, ce qui complique dramatiquement leur quotidien"
, explique Ludivine Bantigny.

Elle rapporte également un épisode dramatique vécu par une famille d’Hébron. En deuil, ses membres ont été empêchés d’assister aux funérailles d’un proche en raison des barrages militaires israéliens
. "Malgré leur fervent souhait d’y aller, ils en ont été privés car c’était en pratique impossible: des barrages menaçants de l'armée d'occupation bloquaient les routes."

Une existence marquée par la peur et les violences


Les intimidations violentes et les meurtres arbitraires se multiplient, aggravant une situation déjà désastreuse.
"On ne sait jamais si on va pouvoir circuler sur sa propre terre, si l’on pourra parcourir quelques kilomètres sans être arrêté ou menacé"
, décrit-elle.

Les meurtres d’enfants sont particulièrement choquants.
"La mort est infligée comme si elle était banale, y compris à des enfants de 13 ans, comme cela a été le cas récemment dans le nord de la Palestine occupée"
, s’indigne-t-elle.

Le gouvernement israélien semble accélérer ses politiques d’expulsion, notamment dans les camps dits de 1948, où vivent des familles palestiniennes depuis des décennies.
"Il s’agit bel et bien et rien de moins que d’expulser les Palestiniens de leur propre terre"
, insiste Ludivine Bantigny.

Elle évoque l’exemple d’une femme abattue alors qu’elle tentait simplement de rentrer chez elle après une expulsion brutale à Jénine.
"C’est l’horreur absolue, chaque jour."

L’historienne met aussi en garde contre les intentions de Netanyahou d’annexer la zone C, soit plus de 60 % de la Palestine occupée.
"Cela signifierait que, bien que les Palestiniens puissent encore habiter leurs maisons, ils seraient totalement spoliés de leurs terres agricoles."

Une vie économique paralysée par l’occupation


L’occupation militaire impacte lourdement l’économie palestinienne.
"Quand vous êtes bloqué plusieurs jours dans une ville parce que l'armée ferme les routes, ce que vous fabriquez ou récoltez ne peut être vendu ou distribué"
, rappelle-t-elle.

Le tourisme, qui soutenait autrefois l’économie locale, est également en chute libre.
"Bethléem est vide, Jéricho privée de ses visiteurs habituels. Les Palestiniens se retrouvent dans une détresse encore plus profonde."

Ludivine Bantigny conclut son témoignage en appelant à une mobilisation accrue.
"Les Palestiniens sont plus isolés que jamais. Il est crucial de leur apporter un soutien actif, que ce soit via des réseaux de solidarité comme l'Association France Palestine Solidarité ou en se rendant sur place pour témoigner et aider."

Elle insiste sur l'importance d’une prise de conscience collective :
"Ce que vit le peuple palestinien est une catastrophe humanitaire et politique. Il est urgent d’agir."

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